Rabat suffoque

Par Karim Bouali 
La visite de Ban Ki-moon est vécue dans la douleur par les voisins marocains qui n’ont pas lésiné sur les moyens de lobbying et de pression pour pousser le secrétaire général de l’ONU à la renvoyer aux calendes grecques. Ils suffoquent à l’idée de l’énorme pied de nez qu’il leur fera en se rendant à Bir Lahlou, territoire sahraoui libéré derrière le mur de défense érigé par l’occupant marocain. 
Ils considèrent ce déplacement à Bir Lahlou comme une provocation de la part de Ban Ki-moon qui se «venge» du refus du Maroc de le recevoir à Rabat et à Laâyoune. Il convient de rappeler qu’en pleines agapes royales dans cette ville sahraouie occupée – l’anniversaire de la marche verte auquel ont pris part le roi Mohammed VI et sa suite –, le secrétaire général des Nations unies avait rendu public, le 5 novembre 2015, un communiqué officiel dans lequel il rappelait que le statut définitif des territoires sahraouis n’était toujours pas tranché. 
Ce statut, avait précisé Ban Ki-moon, continue de faire l’objet d’un processus de négociations sous l’égide des Nations unies, en martelant l’exigence d’une solution qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui pour être conforme à la légalité internationale. Cette position a été réaffirmée avec force par l’hôte des Sahraouis, ce samedi, à partir des camps des réfugiés. 
En fait, le Maroc et les puissances qui le soutiennent savent très bien que quelle que soit la solution politique sur laquelle déboucheraient les pourparlers – dans le cas où Rabat daignait s’asseoir à nouveau à la table des négociations –, elle (la solution) doit impérativement répondre à une question fondamentale : quelle forme donner à l’autodétermination qui est un paramètre incontournable sous peine de violation du droit international ? 
En rappelant la souffrance indicible du peuple sahraoui et sa cause oubliée par la communauté internationale et son engagement à accroître l’aide humanitaire en direction de réfugiés sahraouis, Ban Ki-moon enfonce deux gros clous supplémentaires dans le cercueil de la thèse marocaine de l’autonomie.
K. B.

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