Ban Ki-moon se rend pour la première fois dans la région
Les réfugiés sahraouis dans l’attente d’une solution
La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a célébré, il y a quelques jours, son 40e anniversaire de proclamation. Alors qu’aucune solution n’est encore avancée pour le règlement du conflit l’opposant à l’occupant marocain, le Secrétaire général des Nations unies se rendra dans les camps, pour la première fois.
La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a célébré, il y a quelques jours, son 40e anniversaire de proclamation. Alors qu’aucune solution n’est encore avancée pour le règlement du conflit l’opposant à l’occupant marocain, le Secrétaire général des Nations unies se rendra dans les camps, pour la première fois. Jamais auparavant un SG de l’ONU ne s’est rendu dans les camps où se trouvent les institutions, en exil, de l’Etat sahraoui. La Rasd a marqué l’événement en organisant des festivités et un marathon international. Etaient présents à cette cérémonie des délégations de plusieurs pays, dont l’Algérie. La délégation sportive algérienne, ayant pris part au «Sahara Marathon» était la plus importante avec 120 participants. Plus de 500 participants ont pris part à cette 16e édition, venus d’une vingtaine de pays des cinq continents. Cet événement sportif a été organisé, pour la première fois, coïncidant avec la célébration du 40e anniversaire de la proclamation de la Rasd. L’occasion pour les autorités sahraouies de montrer à la communauté internationale, mais aussi, à l’occupant marocain que le Sahara occidental a atteint sa maturité. Les acquis de cette République en exil, loin de ses terres natales, sont incontestables, comme nous avons pu le constater de visu dans les camps. Ces derniers se démarquent des autres camps de réfugiés du monde par leur organisation et manière dont ils sont gérés. La vie dans les camps est organisée de manière impressionnante. La Rasd dispose, aujourd’hui, d’institutions tant sur le plan politique que diplomatique.
A Dakhla, qui est le camp le plus éloigné, à environs 200 kilomètres des autres camps, les rafales puissantes du vent transportant une quantité de sable importante dans leur foulée, n’a pas empêché le déroulement des festivités. Au programme, des défilés militaires de différentes unités de l’armée de libération du peuple sahraoui. Hommes et femmes qui ont rejoint cette armée ont défilé, ce qui a impressionné plus d’un, y compris les étrangères venues en grand nombre partager et vivre avec le peuple sahraoui la célébration de cet anniversaire. La délégation algérienne était conduite par le ministre des Moudjahidine, en plus des représentants du Parlement algérien, de partis politiques et représentants de la société civile algérienne. En dépit des conditions de vie très difficile dans les différents camps de réfugiés, les Sahraouis sont venus en grand nombre, y compris des territoires occupés. La délégation de sahraouis, venue des territoires occupés, était composée de plus d’une centaine de personnes. Ces dernières ont défié l’occupant marocain en se rendant dans les camps et pris un risque considérable, tel que nous l’avons compris. «Je ne pouvais rater cet anniversaire», nous confie un des Sahraouis venu de la ville occupée de Laâyoune, ajoutant que «peu importe les conséquences, nous ne baissons pas les bras».
S’agissant de l’aide humanitaire en souffrance depuis cette dernière année, la situation et le besoin sont les mêmes pour l’ensemble des cinq camps. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 90 000 réfugiés sahraouis vivent dans les camps. Ce chiffre serait plus important, en réalité, notamment du fait que beaucoup de Sahraouis ont fuit la répression marocaine dans les territoires occupés.
Sur l’attitude du Maroc qui bloque tout processus de discussions et de dialogue, Mohamed Abdelaziz a estimé que «le Roi du Maroc cherche aujourd’hui à imposer la logique de l’expansion, l’agressivité, l’arrogance, le mépris et le fait accompli à l’ensemble de la communauté internationale». Pour Mohamed Abdelaziz, il n’y plus lieu de se concerter et réfléchir pour savoir ce que le peuple sahraoui veut désormais. «Il n’y a pas d’avenir pour les Sahraouis en dehors de leur patrie libre, indépendante et souveraine sur l’ensemble du territoire national», a-t-il déclaré. Le message est clair. La direction du Front Polisario, qui a opté durant les 25 dernières années pour un combat diplomatique en allant vers les négociations, après le cessez-le-feu décrété en 1991, sait aujourd’hui qu’il ne peut plus poursuivre dans cette logique. Et pour cause, la jeunesse sahraouie porte un regard nouveau. Et dernièrement, l’option du retour aux armes comme solution pour recouvrer à l’indépendance du Sahara occidental, face à l’échec des négociations, est un sujet qui revient souvent chez les Sahraouis, plus particulièrement les jeunes.
Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon arrive dans les camps de réfugiés, pour la première fois, en début de semaine prochaine. Dans les camps, l’ambiance à l’annonce de la venue du SG onusien, telle que nous l’avons noté sur les lieux, est festive. «Ils nous ont dit que Ban Ki-moon arrive le 6 mars dans les camps», nous a confirmé notre hôte, chez qui nous étions hébergés. «Je prie Dieu que sa visite fera enfin bouger les choses», nous a confié Mohamed Salem, qui est soldat dans le 2e Régiment de l’armée de libération du peuple sahraoui. A ce propos, le chef de la délégation sahraouie aux négociations, Khatri Addouh avait dit : «Nous espérons que cette visite puisse aider à soutenir les efforts onusiens et de la communauté internationale pour accélérer un règlement conforme à la légalité internationale de la question du Sahara occident.» Il a, aussi, fait montre de la volonté de la Rasd d’aller de l’avant, en expliquant que si le référendum est organisé, «nous pouvons même tourner la page une bonne fois pour toute avec nos frères marocains pour établir de bonnes relations bilatérales sur plusieurs plans».
Pour l’Algérie, et il n’est un secret pour personne, la question du Sahara occidental est sacrée. L’Algérie a toujours défendu le droit du peuple sahraoui à son auto-détermination, sous l’égide des Nations unies. En fin d’année dernière, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu à rappeler, à qui en douterait, le soutien indéfectible de l’Algérie à la cause sahraouie, et ce, en recevant à Alger le Président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz. Le message ne pouvait être plus clair ; le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie ne peut être remis en question.
La Tribune, 02/03/2016