Un groupe d’académiciens et de militants ont exhorté, à Alger, l’ONU et son Secrétaire général à l’application effective des décisions onusiennes sur le Sahara occidental, en vue de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.
Invités du forum «Echaab», organisé au siège du quotidien, les participants, dont des académiciens, des enseignants et des militants pour la cause sahraouie ont mis l’ONU devant ses responsabilités pour faire avancer le processus de règlement du conflit et de mettre fin aux graves violations perpétrées par l’occupation marocaine à l’encontre des Sahraouis dans leurs propres territoires, allant jusqu’à les qualifier de «crimes contre l’humanité».
Intervenant à l’occasion de la commémoration du 40e anniversaire de la proclamation de la RASD, une date phare dans l’histoire du Sahara occidental, l’universitaire sahraoui Baba Mustapha Sayed est revenu sur l’aspect militant de l’évè- nement qui a permis de «faire entendre la voix d’un peuple opprimé, victime des pires injustices de la part d’un voisin qui aurait dû lui apporter soutien et réconfort pour lutter contre l’occupation espagnole».
«La question sahraouie est la cause de toutes les esprits épris de liberté et de justice, et des défenseurs de la légalité internationale», mettant en garde contre la gravité de la poursuite des atermoiements pour son règlement à travers l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination libre et transparent. Il a, d’autre part, averti contre les répercussions de la poursuite de la situation actuelle sur «la stabilité et la sécurité au double plan régional et international». «La célébration par les Sahraouis de cet anniversaire intervient pour mettre en avant la ferme détermination de ces hommes qui a forcé le respect de la communauté internationale et mis les forces occidentales dans une situation inconfortable», a-t-il soutenu.
Le militant sahraoui a fustigé la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie, dénonçant une «complaisance avec le Maroc». «La France est derrière tous les entraves à la cause sahraouie au Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. Ban Ki-moon dans la région pour constater le mur de la honte des réfugiés M. Baba Mustapha a souhaité que la visite du Secrétaire général de l’ONU dans les territoires sahraouis y compris occupés, aboutisse à l’application effective des résolutions et décisions de l’instance onusienne sur le Sahara occidental. Il a exhorté la communauté internationale «à assumer dans la transparence l’organisation d’un réfé- rendum sur l’autodétermination où le dernier mot reviendra au peuple sahraoui pour le choix de son avenir». «Nous comptons sur l’ONU pour l’application de la légalité internationale», a-t-il insisté, soulignant que Ban Ki-moon aura lors de sa prochaine visite à constater le mur marocain de la honte et la souffrance des réfugiés sahraouis.
L’universitaire Makhlouf Sahel, enseignant des relations internationales, a axé son intervention sur la problématique des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés et le pillage systémique des richesses du peuple sahraoui par les autorités d’occupation. Pour cet expert, il s’agit d’un conflit international inscrit au titre de la décolonisation et concerné par la résolution 1514 de l’Assemblée géné- rale des Nations unies sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Il a rappelé l’avis consultatif de la Cour internationale de justice en 1975 qui réfute tout lien historique ou social entre le Maroc, en tant que force occupante et les territoires sahraouis occupés. Pourtant, a-t-il soutenu, nous assistons à des violations flagrantes des dispositions du droit humanitaire international, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 et la Convention des nations unies sur les droits politiques et civils de 1966 ou encore la Convention onusienne sur les droits socio-économiques et culturels de la même année (1966).
La pratique de la torture contre les Sahraouis, notamment détenus dans les geôles marocaines et les conditions inhumaines d’incarcération illustrent les violations des dispositions de la légalité internationale, particulièrement la Convention de Genève (1949) sur la protection des prisonniers de guerre. Le conférencier est revenu sur l’interdiction faite aux militants sahraouis de quitter les territoires occupés pour plaider leur cause, ainsi que les procès injustes intentés aux prisonniers de Gdeim Izik. Hatem B./APS
Le Jour d’Algérie, 02/03/2016