A Rabat, l’échéance d’avril est devenue un cauchemar. A chaque fois que la date de la réunion du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental approche, le mercure du thermomètre du Makhzen monte. La fièvre regagne les coulisses de la DGED, la seule institution au Maroc qui tire les ficelles dans la question du Sahara Occidental.
La réaction commence par l’annonce du démantèlement d’une cellule terroriste. Cette année, le mot « dangeureuse cellule » a été ajoutée par les journaux de Sdi Yassine. Ensuite, viennent les opérations de pure chantage : des africains sont lâchés pour faire l’assaut des murailles qui entourent les deux villes espagnoles de Ceuta et Melilla. C’est un message dirigé au pays toujours considéré par la communauté internationale comme la puissante administrante du Sahara Occidental. Message dirigé aussi aux pays européens pour leur rappeler que le Maroc joue un rôle protecteur pour l’Europe.
Cette année, la visite du Secrétaire Général de l’ONU constitue un tournant dans ce conflit et fait au Maroc l’effet de l’huile versée sur le fait. De ce fait, et suite aux résultats médiocres que la promotion de Mbarka Bouaida a apportés, Nasser Bourita a été nommé Ministre et vite dépêché en Espagne pour quémander leur soutien face à l’offensive de l’ONU en vue de résoudre le contentieux qui traîne dans ses annales depuis 40 ans.
Au même temps, Salaheddine Mezouar s’entretient avec John Kerry à Washington dont l’ambassadrice à Alger vient de visiter les camps des réfugiés habillée du manteau traditionnel des femmes sahraouies.
Au niveau interne, les néo-makhzéniens qui se font passer par des démocrates, genre Ali Anouzla, sont instrumentalisés pour donner l’image d’un Makhzen intraitable dans l’affaire du Sahara Occidental. Cette année, on a ajouté un autre ingrédient dans la mise en scène, : la chaîne 2M a été condamnée à payer 1 dirham symbolique pour avoir publié une carte du Maroc sans le Sahara.
Finalement, le Makhzen s’est rendu compte que la nomination de celui qui était considéré l’as de la corruption et le Superman qui allait soumettre les collaborateurs de Ban Ki-moon à sa volonté, l’ambassadeur Omar Hilale, s’est avéré un mythomane qui ne faisait que gonfler ses rapports avec des exagérations plus qu’évidentes. Un fait qui a été corroboré par les déclarations du suédois Anders Kompass au journal The Guardian.