La désignation de Jean-Marc Ayrault aux Affaires étrangères fausse les calculs du Makhzen

Dans une lettre adressée par l’actuel ministre des Affaires étrangères français, à l’association des amis du Sahara Occidental, Jean-Marc Ayrault, alors président du groupe du PS à l’Assemblée, assurait que «les socialistes dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés». 
Le nouveau ministre des Affaires étrangères confirme ainsi, dans son courrier officiel, que le Sahara Occidental est un territoire illégalement occupé par le Maroc. L’ancien Premier ministre précisait dans sa réponse à l’association de soutien à la cause sahraouie, que «tout doit être fait pour permettre aux Sahraouis d’exprimer librement leur volonté sous le contrôle des organisations internationales». Cette position bat en brèche les déclarations de certains responsables politiques français proches de Rabat, qui ont tenté, en vain, de «vendre» à l’opinion publique française et occidentale le «plan d’autonomie» proposé par le Makhzen. 
«Le PS soutient les efforts accomplis par le secrétariat général de l’ONU pour organiser un référendum d’autodétermination dans les conditions qui en garantissent la validité», avait encore souligné l’ancien président du groupe parlementaire du Parti socialiste, dans sa missive datée du 31 mars 2011. Connu pour sa rigueur et sa cohérence, le nouveau chef de la diplomatie française soulignait qu’«il ne saurait être question de s’écarter de ce plan». «Seul un règlement juste et conforme au droit international peut ouvrir la voie à la paix», a-t-il soutenu. Jean-Marc Ayrault se référait, dans sa lettre frappée du sceau de l’Assemblée française, à une déclaration des Nations unies datée du 16 octobre 1991. Il avait appelé, en outre, à la réinstauration de la «dynamique du dialogue» entre le Maroc et le Front Polisario, un dialogue jugé «nécessaire», parallèlement à la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies «qui s’imposent aux deux parties en conflit», en faisant référence à une déclaration de l’ONU datée du 14 juin 2005. 
Jean-Marc Ayrault balaie d’un revers de la main, à travers cette déclaration, les tentatives infructueuses de Rabat d’impliquer l’Algérie dans ce conflit qui l’oppose au peuple sahraoui souverain. La position de Jean-Marc Ayrault, qui présidait le groupe socialiste au sein de l’influent Parlement français, ne souffre aucune ambiguïté. Pour lui et son parti, «ce différend international concerne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes». Il est donc question de décolonisation. «A ce double titre, il nécessite un suivi attentif de la part de la représentation nationale française et une disponibilité», a conclu Jean-Marc Ayrault qui ne manquera pas de persévérer dans cette voie impartiale, contrastant avec les positions de certains de ses collègues suppôts du Makhzen qui a réussi à introduire un de ses sujets au cœur même du pouvoir français. Mais les hués réservés par des spectateurs, hier à Paris, à l’endroit de la nouvelle ministre de la Culture en disent long sur la suite qui sera réservée à cette nomination extrapolitique de François Hollande.
Karim Bouali
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