L’ancien président de la France, Nicolas Sarkozy, comme ses habitudes et ses positions lorsqu’il était à l’Elysée, se refuse à ce que le peuple sahraoui parvienne à se libérer de l’occupation marocaine qui dure depuis plus de quatre décennies. Il vient de la confirmer à partir des Emirats Arabes Unis où il participait à une conférence internationale où dans son intervention il a rejeté l’idée de la création d’un nouvel Etat au Sahara occidental.
« La France a toujours soutenu la marocanité du Sahara. Ma première visite à Laâyoune ne date pas d’hier, elle remonte à 1991 et on aurait du mal à me convaincre de la nécessité d’une république sahraouie dans une région du monde minée par le terrorisme « , a-t-il insisté. Une attitude qui rejoint les thèses d’autonomie de son ami le roi Mohamed VI et en totale violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’apporter à ce problème une solution juste et définitive en conformité avec les principes des Nations-Unies. C’est dire que la droite française qu’elle soit au pouvoir ou non est l’allié sûr d’un Maroc occupant qui viole le droit international, le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple du Sahara occidental. Ainsi, Sarkozy soutien un autre projet, qui évite de parler du » peuple du Sahara « . Finalement, sous l’influence de son esprit colonial, il pointe une fois de plus l’Algérie à l’image de ce que fait le Makhzen pour l’impliquer dans ce conflit. Nicolas Sarkozy persiste et signe : » Je ne dirais rien de l’Algérie que j’aime beaucoup. Dès qu’on dit un mot, ça devient une polémique et pourtant ce pays, si riche de ses potentialités et d’une population extraordinaire, la question de son développement et de sa modernisation est posée « . Sarkozy en choisissant son camp, celui de l’occupant marocain oublie une chose : au même titre que la lutte pour la liberté et la souveraineté des peuples, l’Algérie mène un autre combat sur le front diplomatique pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, une donnée importante dans la bataille pour la légitimité au niveau international de ce problème. Et loin d’être séparées, la lutte armée des peuples et l’action politique sont étroitement associées et se conjuguent d’une manière dialectique pour conduire, avec le temps, à la solution recherchée.
Cette indispensable articulation s’est révélée très efficace dans les grands conflits de décolonisation durant ce demi-siècle. Et elle s’appliquera tôt ou tard au conflit du Sahara occidental quelles que soient les gesticulations de Nicolas Sarkozy ou les illusions du Makhzen. La Preuve depuis longtemps déjà, devant les grandes instances internationales, notamment l’ONU, l’Union africaine et le Mouvement des non-alignés, le problème sahraoui revient périodiquement pour être traité dans sa nature de territoire à décoloniser.
Toutes les résolutions onusiennes confirment que l’extension de l’occupation armée par le Maroc du Sahara occidental précédemment administré par l’Espagne est un obstacle pour ce peuple d’exercer son droit d’autodétermination et qu’il n’y avait eu aucun transfert de souveraineté de ce territoire. En conséquence, elles appuyaient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance invitant les parties concernées à savoir le Maroc et le Front Polisario à faire dans des négociations, afin de déterminer les applications véritables du peuple du Sahara et de lui assurer le libre exercice de son droit à l’autodétermination. Et pour l’histoire en 1982, le PS français au pouvoir avait affiché la position du gouvernement concernant le problème du Sahara à savoir demander l’application du principe d’autodétermination et à appuyer tout ce qui favorise cette solution. En ce sens l’une des propositions de François Mitterrand candidat à l’élection présidentielle, prévoyait explicitement le » soutien au droit à l’autodétermination du Sahara occidental. Par ailleurs, dans une interview à RFI, le 17 mai 1982, Mitterrand réaffirme nettement que la France souhaitait que le peuple du Sahara occidental puisse exercer son droit à l’autodétermination d’une manière libre et impartiale, dans le cadre des frontières issues de la colonisation. Aujourd’hui, pour porter des résultats réels, cette attitude lucide, qui contribue à renforcer le rôle et le crédit de la France, parmi les peuples de l’hémisphère Sud, a besoin de se concrétiser dans les décisions pratiques s’inspirant des principes de la Charte des Nations-Unies.
Parmi les cas où cette attitude peut se manifester, il y a le cas Sarkozy qui s’est constitué en protagoniste pour s’aligner de plus en plus sur les thèses d’autonomie hissées par le Makhzen. Pour corriger cette déviation préjudiciable à l’image de la France à la fois au Maghreb, au Proche-Orient et à l’ensemble de l’Afrique, le président François Hollande devrait s’engager dans la voie menant le peuple sahraoui à son indépendance, sans attendre des circonstances dramatiques pour le faire, car le duo Sarkozy-Mohamed VI n’est pas prêt de dire son dernier mot. Il y a risque et danger. La France socialiste ne saurait se désintéresser de cet épineux problème, ni même tant qu’elle au pouvoir de se contenter de belles paroles non suivies d’effets. La France officielle a beaucoup à se faire pardonner dans cette affaire et qu’elle n’est pas définitivement à l’abri des erreurs désastreuses commises par la droite et à sa tête Nicolas Sarkozy.
Le conflit saharien qui dure depuis plus de quatre décennies et qui peut continuer encore pendant de nombreuses années, est un véritable cancer dans le nord-est de l’Afrique et ronge lentement la monarchie marocaine. Tant qu’il ne sera pas réglé, il n’y aura ni paix ni stabilité dans cette région de l’Afrique, et la France ne pourra conduire la politique cohérente dont elle a besoin pour la lutte contre le terrorisme dans une région apaisée, ni développer la coopération active attendue par les peuples des deux côtés de la Méditerranée dans leur intérêt respectif.
François Hollande qui semble se préoccuper beaucoup de l’Afrique, notamment à travers ses différents déplacements ici et là pourrait saisir l’occasion d’éclairer et de convaincre les pays africains francophones, qui restent souvent marqués par l’ancienne diplomatie de Nicolas Sarkozy, pour les amener à soutenir fermement une solution négociée de ce conflit, ce qui serait de l’intérêt de toute l’Afrique et contribuerait à restaurer le crédit et l’efficacité de l’Union africaine, plus que jamais nécessaire. Avec l’aide de ces pays, la France devrait aussi pousser le Maroc à accepter légalement de négocier avec le Front Polisario en vue d’aboutir à la tenue d’un référendum d’autodétermination libre et impartial, sous contrôle international. Enfin, comme le problème du Sahara est toujours inscrit dans la liste des » territoires non autonomes » de l’ONU.
Ammar Zitouni
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