Torture au Maroc : Amnesty présente son rapport

Amnesty International publie un document intitulé «L’ombre de l’impunité : la torture au Maroc et au Sahara occidental».La présentation du document par l’organisation internationale des droits de l’Homme, le mardi 19 mai à Paris, se fera en présence de deux ressortissants marocains victimes de torture alors que la sœur d’un des torturés sera au téléphone. Ce document constitue en fait le rapport d’Amnesty International sur «le recours à la torture et autres mauvais traitements utilisés par les forces de police marocaines, en particulier lors des gardes à vue et des interrogatoires ». 
 
Il confirme des informations qui ont déjà circulé. Récemment, la présidente du centre Robert F. Kennedy des droits de l’Homme (RFK), Mme Kerry Kennedy, en avait fait état et avait affirmé que «les rapports sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental par le Maroc sont indéniables». Le document d’Amnesty rappelle que «n’importe quel citoyen peut être torturé : des manifestants aux militants politiques ou étudiants comme les personnes suspectées de terrorisme ou de crimes de droit commun». 
 
Mardi 19 mai, à Paris, il y aura dans la salle, pour témoigner, Mustapha Adib, capitaine de l’armée de l’air marocaine. Selon le rapport d’Amnesty, «il a été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir dénoncé dans le journal Le Monde la corruption qui régnait au sein de son unité. Détenu arbitrairement pendant 30 mois, Mustapha Adib a finalement été relâché en mai 2002 grâce à une importante mobilisation internationale». Il y aura également, Zakaria Moumni, un ancien champion du monde de boxe thaï. «Arrêté en 2010 au Maroc et torturé plusieurs jours, il est ensuite emprisonné pendant 18 mois. Il a porté plainte pour torture en avril 2014 contre le chef de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi». Le troisième témoin interviendra par téléphone, il s’agit de Souad Redaouia, «la sœur d’Abdelaziz Redaoui, franco-algérien, arrêté et torturé au Maroc en décembre 2013 alors qu’il y était en vacances avec des amis. Forcé à signer des aveux qu’il n’a pas pu lire, Abdelaziz a été condamné à une peine de 2 ans pour trafic de stupéfiants, il est toujours en prison». Amnesty International a établi son rapport sur la base de 173 cas de torture commise entre 2010 et 2014. On sait que le mandat de la Minurso n’a pas été élargi à la surveillance des droits de l’Homme malgré la demande d’un grand nombre d’organismes internationaux. Le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies et le Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture avaient appelé «à un mécanisme indépendant de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental». 
 
Le Conseil de sécurité de l’ONU ne les a pas suivis, ignorant également tous les rapports sur la torture que subissent les détenus sahraouis dans les prisons marocaines et les violences commises par l’occupant marocain contre le peuple sahraoui. Le refus d’élargir le mandat de la Minurso est de nature à encourager les violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. Il ne faut pas s’attendre à ce que les autorités marocaines elles-mêmes enquêtent sur les témoignages de cas de torture et sanctionnent les responsables. La population sahraouie qui manifeste, pacifiquement, pour son droit à l’autodétermination est violemment réprimée. 
 
La pratique de la torture et des traitements inhumains se poursuit contre les militants sahraouis arrêtés arbitrairement et condamnés dans des procès injustes. On comprend que l’accord de coopération judiciaire avec le Maroc que le Parlement français compte approuver préoccupe Amnesty International en France qui y voit le risque que les responsables de graves violations des droits humains soient garantis de l’impunité. C’est ce que redoutent également cinq ONG de défense des droits de l’Homme – Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, la Ligue des droits de l’Homme, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture et Human Rights Watch – qui s’opposent à l’entraide judiciaire entre la France et le Maroc. 
 
La presse française rapporte les critiques émises par le Syndicat de la magistrature (gauche) qui dénonce «l’abandon des intérêts des victimes à la raison d’Etat d’un pays ami de la France».
M. B. 
 
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