Sahara occidental : la pomme de discorde ?

Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, a entamé une importante visite de travail en France, au cours de laquelle il aura des entretiens avec les responsables français sur le développement des relations bilatérales et les grandes questions de l’actualité internationale. Le chef de la diplomatie algérienne doit s’entretenir, dès ce mardi, avec son homologue français, Laurent Fabius, au Quai d’Orsay. Selon le porte-parole du MAE français, les deux chefs de diplomatie aborderont «tous les aspects des relations bilatérales, et évoqueront également les questions régionales, notamment la sécurité dans le Sahel». 
Même si le porte-parole du Quai d’Orsay n’en a soufflé mot, il est évident que Lamamra et Fabius discuteront de la question du Sahara occidental, à quelques jours de l’examen par le Conseil de sécurité de cette question, et du prolongement du Mandat de la Minurso qui pourrait être assorti de conditions contraignantes pour le Maroc, et notamment pour ce qui est de l’extension de la surveillance des Droits de l’homme à la Minurso. 
Les responsables sahraouis n’ont cessé de reprocher à Paris son alignement sur les thèses de colonisation marocaines. Un appui qui retarde l’organisation par l’ONU du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, la France allant même jusqu’à appuyer, selon la propagande marocaine, la solution inacceptable pour les Sahraouis de l’arlésienne qu’est «l’autonomie», qui est, on l’oublie souvent à Rabat et a Paris, une des trois options du référendum avec l’indépendance. 
Pour Alger, ainsi que les autres membres influents du Conseil de sécurité, il faut appliquer les résolutions des Nations unies portant sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Des Résolutions auxquelles le Maroc adhère, mais qu’il contrecarre souvent avec l’appui de Paris et celui du puissant lobby sioniste qui le couve et le protège. Mais avec le rappel fracassant de l’Union africaine pour que l’ONU assume, enfin, ses responsabilités vis-à- vis des Sahraouis, le Maroc panique face à une échéance capitale. Il s’est engagé dans la Coalition contre le Yémen pour en tirer des bénéfices immédiats, en terme d’aide financière qu’il quémande à longueur d’année aux monarchies du Golfe, et pour avoir le soutien diplomatique et le soutien du Lobby saoudien à Washington. 
Pour ce qui est de la situation au Sahel, l’Algérie joue un rôle de premier plan dans le rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région, même si elle se heurte souvent au sabotage de ses efforts et de ses actions par Rabat, comme c’est le cas au Mali, où des éléments poussés par le Maroc tergiversent quant au paraphe de l’Accord d’Alger. Paris aura à jouer de toute son influence pour que la CMA paraphe un accord négocié grâce à l’action de l’Algérie. Alger privilégie les solutions politiques et le dialogue entre les parties en conflit comme ce fut le cas au Mali et aujourd’hui au Yémen. C’est pourquoi la diplomatie algérienne est fortement sollicitée et mise à contribution pour son savoir-faire. La capitale algérienne qui connaît un défilé incessant de Chefs d’États et de chefs de diplomatie des quatre continents sera à la fin de l’année le carrefour de rende-vous internationaux et de sommets d’envergure. 
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 07/04/2015

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*