Le Maroc pressé de négocier

De notre envoyé spécial : Amine Goutali
Devant le soutien grandissant de la communauté internationale, à la cause sahraouie, le Maroc ne peut échapper à l’obligation de se conformer aux résolutions de l’ONU et de reprendre les négociations avec le Front Polisario.
A l’approche des discussions à l’ONU sur la décolonisation du Sahara occidental, le Maroc subit d’intenses pressions internationales, y compris de ses alliés occidentaux les plus proches. Mis au pied du mur, le Royaume chérifien semble forcé de reprendre le chemin des négociations avec le Front du Polisario.Pour parlers qu’il a pourtant, lui-même, rompus en 2012 après avoir mené durant cinq ans (de 2007 à 2012) quelque 13 rounds de dialogue direct et indirect avec les représentants sahraouis. C’est le président du Parlement sahraoui, Khatri Addouh, qui préside l’équipe des négociateurs sahraouis, qui l’a indiqué en personne lors d’une rencontre improvisée avec la presse, lundi dernier, au lendemain des grandes manœuvres militaires organisées dans le territoire libéré de Tifariti, au Sahara occidental. « Depuis deux mois, le Maroc semble avoir levé ses réserves sur une éventuelle reprise des négociations. Il serait même prêt à engager des contacts directs avec la partie sahraouie », révèle ce haut responsable sahraoui, ajoutant que « cette nouvelle étape de dialogue pourrait se tenir en mai prochain ». Selon Addouh, l’inflexibilité de la position marocaine sur le projet d’autonomie qu’elle voulait imposer comme seule référence lors des précédentes négociations et son refus de se soumettre aux résolutions de l’ONU, décrétant le droit du peuple sahraoui à l’auto-détermination, ont poussé ses plus proches alliés à peser de tout leur poids pour lui éviter un isolement progressif sur la scène internationale, doublé d’une éventuelle condamnation par le Conseil de sécurité de l’ONU pour « blocage du processus de paix ». D’ailleurs, l’envoyé spécial du SG pour le Sahara occidental, Christopher Ross, aurait saisi l’occasion pour tenter de convaincre les deux parties à reprendre langue à l’issue d’une récente visite dans la région. Les pressions de l’émissaire international ne sont, évidemment, pas fortuites.
Le référendum, un droit inaliénable
Ses multiples tentatives visant à réanimer le processus de paix tel qu’édicté par les résolutions internationales semblent correspondre à cette nouvelle donne qui illustre le malaise qui gagne de plus en plus Rabat. « Nous ne sommes pas contre un retour à la table des pourparlers. Nous ne posons, non plus, aucune condition préalable dans ce sens. Néanmoins, il est complètement exclu de nous engager dans des négociations qui n’apporteront rien de concret à notre peuple. Tout dialogue avec la partie marocaine devra s’inscrire en droite ligne des résolutions onusiennes conduisant au référendum donnant aux Sahraouis leur droit à l’indépendance, et non pas à une autonomie que nous rejetons dans le fond et dans la forme », a déclaré le chef des négociateurs du Front du Polisario. La positon sahraouie demeure, toutefois, suspendue à l’issue des débats sur la question à l’ONU, le mois prochain, et la publication du rapport annuel de Ross le 11 avril. Une étape que Addouh qualifie de « très importante » dans l’évolution de la crise. Et de mettre les points sur les i : « Nous insistons sur la responsabilité des Nations unies quant à l’accélération de la mise en œuvre de la décolonisation du Sahara occidental telle que décrétée par ses propres résolutions. » Dans le cas contraire, c’est la « crédibilité » de l’organisation mondiale qui sera remise en cause, soutient-il. Prudent et réaliste, le représentant sahraoui estime qu’en cas d’échec, la communauté internationale découvrira la mauvaise foi du Maroc et ses tentatives de se soustraire aux lois internationales. Sur un autre registre, la pression de l’opinion publique sahraouie, qui a subi « durant tout ce temps gâché de négociations inutiles » les pires violences, ne saurait, selon lui, durer. « La patience des Sahraouis a des limites. La poursuite du blocage finira par menacer la paix et la stabilité dans la région, déjà objet de troubles et de conflits, notamment au Sahel et en Libye », avertit-il. Autrement dit, les Sahraouis se tiennent prêts à reprendre les armes si aucune perspective politique leur assurant leur droit à l’indépendance ne pointe à l’horizon. Au sujet de l’implication récente de la Russie dans la question sahraouie, et son soutien, bien que mesuré, aux Sahraouis, le chef de la Chambre des députés de la Rasd juge très positif ce nouveau développement, sachant le poids de Moscou dans le monde et surtout au Conseil de sécurité. « C’est un plus dans de combat que nous menons. On espère que cette nouvelle position russe aura de l’influence dans les débats sur le dossier à l’ONU », a-t-il indiqué, en ajoutant que la sympathie grandissante et les soutiens qui se multiplient dans le monde en faveur du combat des Sahraouis finiront par pousser les dirigeants sahraouis à demander l’intégration de leur Etat aux Nations unies en qualité de membre à part entière.
Amine G.
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