Par Kamel Moulfi
L’échec annoncé du Forum Crans Montana maintenu dans la ville sahraouie de Dakhla sous occupation marocaine a été confirmé par le faible niveau de participation étrangère, insignifiant comparativement au prestige passé de l’événement et à d’autres rencontres internationales dans le même créneau économique.
Ce grand flop n’est pas surprenant : aucune personnalité politique ni organisation de dimension mondiale ne se hasardent à cautionner une violation du droit international. On comprend le boycott de cette «réunion illégale» par les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne et les grandes institutions politiques et financières régionales et mondiales.
Les deux seuls cas qui ont fait exception et défection à Dakhla impliquent des individus de rang plutôt secondaire, motivés par des raisons singulières à caractère extra-diplomatiques qui tiennent plus à des considérations personnelles et aux rapports particuliers que ces deux individus entretiennent avec le Makhzen qu’à un engagement réel en faveur de la coopération Sud-Sud ou du développement de l’Afrique, continent qui a brillé par son absence dans un événement qui lui était prétendument destiné.
Le Saoudien qui est à la tête, depuis 1991, du machin appelé Isesco a été partie prenante de la tentative avortée du Maroc d’imposer le fait accompli alors que l’affaire du Sahara Occidental est gérée par l’ONU dans la perspective du référendum d’autodétermination qui doit consacrer l’indépendance du dernier pays africain encore sous le joug colonial.
Ce parti pris flagrant est dû aux relations de forte proximité établies par le Makhzen avec le directeur général de l’Isesco, facilitées, de surcroît, par le fait que cette institution a son siège à Rabat. C’est là que se trouve l’explication aussi bien de la présence de ce DG à Dakhla que du contenu de son discours qui n’avait rien à voir ni avec l’éducation ni avec la culture, mais a consisté, en signe de reconnaissance pour on ne sait quel service, à vouloir à tout prix plaire au Makhzen.
Tout cela prouve qu’il n’est pas du tout dans son rôle d’animateur d’une institution internationale en charge de la promotion du progrès culturel et social dans les pays musulmans.
K. M.