Quand la France sauve « son ami » le roi

Sans doute que le dénouement de cette affaire participe de la volonté du royaume de se rapprocher de la France à la veille de l’examen annuel de la question du Sahara Occidental au Conseil de sécurité.
La France vient de sauver de la manière la plus officielle le royaume de « son ami » le roi d’un étouffement diphylétique. Le patron du contre-espionnage marocain Abdellatif Hammouchi, convoqué en février 2014 devant un tribunal parisien suite à une plainte pour torture et complicité de torture de l’ONG française l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), sera prochainement décoré de la légion d’honneur !
Cette information renversante a été annoncée samedi par le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, depuis Rabat, où il est en visite. Quel retournement de situation pour un homme clé du Makhzen qui a failli se retrouver en taule à Paris il y a une année jour pour jour…
Celui qui a été accusé de torture et dont la convocation à un tribunal parisien a jeté un froid glacial entre la France et le Maroc, vient ainsi d’être lavé voire »anobli » par l’Elysée.
« Je veux à cet égard tout particulièrement saluer l’action menée par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) » a déclaré à la surprise générale le premier flic de France lors d’un point de presse conjoint avec son homologue marocain, Mohamed Hassad. Il n’a pas tari d’éloge sur le général d’Abdelatif Hammouchi et sa DGST dont il a loué « l’expertise » et « l’efficacité ».
« La France saura prochainement lui témoigner à nouveau son estime en lui remettant les insignes d’officier », a annoncé Bernard Cazeneuve. A nouveau parce que le chef du contre espionnage marocain a déjà reçu en 2011 le titre de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur.
Un tortionnaire anobli
Voilà donc un tortionnaire aux yeux des organisations de défense des droits de l’homme qui se voit élevé par la « patrie des droits de l’homme » à ce rang prestigieux.
Le siège de la DGST à Temara est en effet décrit par l’Association marocaine des droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch comme un « lieu de torture et de détentions arbitraires ».
Mais à Paris on ne s’encombre pas de scrupules quand il s’agit de défendre son «ami le roi» qui offre Riads, argent, juteux contrats et plus si affinités aux responsables français à Marrakech et Agadir.
Le diplomate Hasseni n’a pas eu ces égards
Après une année de brouille diplomatique liée précisément à la convocation de ce général suite à une plainte pour torture, Paris répare de manière spectaculaire cet « impair ». Entre temps, le roi M6 a fait un saut à l’Elysée pour sceller la fin des hostilités avec François Hollande.
La coopération judiciaire suspendue entre les deux pays a été rétablie au terme d’une rencontre le 31 janvier dernier entre le ministre marocain de la Justice, Mustapha Ramid, et son homologue française Christiane Taubira.
Sans doute que le dénouement de cette affaire participe de la volonté du royaume de se rapprocher de la France à la veille de l’examen annuel de la question sahraouie au Conseil de sécurité.
Le Makhzen qui craint l’élargissement du mandat de la Minurso compte comme d’habitude sur la France pour opposer son véto. En contrepartie, les entreprises françaises vont certainement se sucrer un peu plus, histoire de « payer » ce geste capital de Paris.
Le diplomate algérien Rachid Hasseni n’a pas eu les mêmes égards, lui qui a été traîné comme un malfrat dans les commissariats de l’Hexagone, au prétexte qu’il était le commanditaire de l’assassinat de Ali Mecili.
Une accusation qui s’est révélée sans fondements et le diplomate algérien n’a obtenu aucune réparation ni matérielle ni morale pour le grave préjudice qu’il a subi.

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