Discriminations et violences sur les étudiants sahraouis à Agadir

Jeudi et vendredi 11 et 12 décembre 2014 plus de 150 étudiants sahraouis ont participé à des manifestations dans les Facultés de droit et de lettres d’Agadir, mais aussi dans le quartier de résidence Essalam. Ils revendiquent le respect de leurs droits administratifs à l’inscription pour les étudiants adultes, et au transfert d’un département à l’autre, ou d’une Faculté à l’autre. Alors que ces inscriptions et mouvements sont possibles pour les étudiants marocains, il y a beaucoup de freins et de refus pour les étudiants sahraouis.
Cette situation de discrimination dure depuis le début de l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc, et n’évolue pas. Faute d’université au Sahara Occidental, les jeunes sahraouis doivent poursuivre leurs études au Maroc, et face aux problèmes de tous ordres rencontrés, pédagogiques et administratifs, ils sont poussés à manifester quand les situations sont critiques.
Les deux jours, les jeunes manifestants, garçons et filles, ont été attaqués par la police marocaine et les forces auxiliaires qui les ont dispersés en utilisant des matraques.
Au cours de ces manifestations, 14 étudiants ont été arrêtés. 7 de ces jeunes hommes ont été relâchés après 48 heures de garde-à-vue et les 6 autres ont été transférés vers la prison d’Ait Melloul. Le dernier, 16 ans, arrêté lors de la manifestation dans le quartier Essalam a été transféré au centre de détention pour mineurs à Inzigane.
L’administration pénitentiaire d’Ait Melloul a séparé les 6 étudiants qui ont chacun été enfermés dans une cellule avec des prisonniers de droit commun. Les 6 Sahraouis ont entamé une grève de la faim à partir de lundi 15 décembre pour protester contre leur incarcération abusive et pour faire entendre leur demande que soit ouverte une enquête sur les tortures qu’ils ont subies dans le centre de police d’Agadir, sous des ordres du commissaire Mustapha Kamour. Cet homme est connu pour son implication dans de nombreuses violations physiques et psychologiques contre les sahraouis lorsqu’il travaillait dans les villes occupées du Sahara Occidental.
Aujourd’hui lundi 22 décembre a eu lieu le procès des étudiants. L’audience a commencé à 13h et le verdit a été rendu à 19h. L’étudiant sahraoui Mohamed El Kentaoui a été condamné à 2 mois de prison avec sursis et libéré. Tous les autres ont été acquittés et libérés. Les 6 ont mis fin à leur grève de la faim.
Tous les 14 étudiants torturés envisagent de déposer plainte auprès du procureur du roi à Agadir au plus tôt.
Nafaa El Kentaoui (mineur), Siba Molay El Mahjoub, Noumria Hassanna, Sbaai Mohamed, Laarousi Fatan, Kharachi Abdellah, Mohamed Chraga après avoir été torturé en interrogatoire, ont donc passé une éprouvante semaine de détention, sans jugement ni excuse, ni dédommagement.
Il est à craindre que les agents coupables des tortures sur les jeunes sahraouis ne soient ni inquiétés ni punis, la plainte restant sans suite comme des milliers d’autres précédentes de cette teneur.
Équipe Média, Agadir
Le 22 décembre 2014

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