Depuis plusieurs mois, un Wikileaks marocain fait les choux gras des internautes et sème le trouble et le doute au Maroc
Par Noureddine Khelassi
Depuis plusieurs mois, un Wikileaks marocain fait les choux gras des internautes et sème le trouble et le doute au Maroc. Il a même mis en colère le MAE qui accuse l’Algérie de manipuler cette gigantesque opération de déstabilisation du Makhzen. Salaheddine Mezouar, cible privilégiée, est en effet assez énervé pour menacer notre pays de ripostes de «choc» en 2015. Et suffisamment fanfaron pour affirmer que c’en est fini de de la «diplomatie défensive» de son pays.
Le président du RNI semble bien déstabilisé vu qu’il est lui-même mis en cause. On sent donc de l’énervement mais aussi de la panique. En même temps, un fort embarras au gouvernement et au Palais royal qui garde pour le moment le silence radio. Et pour cause ! Anonymement et régulièrement, des pièces à conviction sont diffusées sur le Web. Documents secrets, ordres de virement, fac-similés de pièces d’identité et correspondances confidentielles internes au gouvernement et à la Dged. Papiers assurément compromettants pour le Palais royal et le Makhzen. Là, ce n’est plus la diplomatie de la Mamounia qui est stigmatisée. Mais une vraie guerre psychologique et de déstabilisation du régime qui est menée. Le Web s’est même emballé depuis le 3 octobre, date à laquelle le compte @chris_coleman24 a fait fuiter sur Twitter et sur plusieurs plateformes de stockage comme Dropbox des centaines de documents. Certains datant de plusieurs années, qui mettent tous en cause des membres de la famille royale, des ministres, dont Mezouar et sa déléguée aux AE. Tout aussi bien, des diplomates, des sociétés privées et les services de renseignements extérieurs.
Tout en accusant de corruption active des journalistes locaux et étrangers, français, anglais et américains notamment. Ainsi, le ou les hackers qui se cachent derrière Coleman24 tirent à bout portant et sur des cibles précises. Arguments et preuves à l’appui, même si certains documents peuvent être sujets à caution, l’essentiel n’étant pas d’être toujours précis mais de nuire au maximum. Alors, militantisme politique ou vengeance personnelle ? On l’ignore pour l’instant. Toujours est-il qu’un dossier intéresse beaucoup Coleman24, celui du Sahara occidental. Question apparaissant en fil rouge dans le flux des révélations documentées du ou des Snowden marocains. Jusqu’à la dernière réaction impulsive de Salaheddine Mezouar, le silence assourdissant des autorités sur cette embarrassante affaire cache mal l’atteinte sérieuse à la crédibilité de la diplomatie marocaine. Ne serait-ce que d’un point de vue de la sécurisation de ses données confidentielles, à plus forte raison des documents relevant du secret-défense.
Si Rabat garde le mutisme, nul doute que Yassine Mansouri et Abdellatif Hammouchi, les patrons de la Dged et de la Dgst, cherchent activement à mettre la main sur Coleman24. En attendant, c’est lui qui mène le jeu. Au point que Mezouar en soit réduit à accuser l’Algérie. Sans le moindre premier indice de preuve ou même de forte présomption. Si vraiment nos services sont derrière cette opération qui mélange désinformation noire et grise et vérité des faits, il faudrait alors leur tirer un grand chapeau. De la dimension d’un sombrero ou d’un stetson ! Ce serait même un coup aussi rude pour le Maroc que le fut naguère pour la France, l’opération «Prince de Marmara» au cœur de la diplomatie française. Au temps glorieux de la SM.
N. K.
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