Merci Monsieur « Coleman » !

Pendant des années, que dis-je ?, quasiment vingt ans pour l’auteur de ces lignes, nous avons été accusés, les deux pelés et trois tondus qui avons essayé de faire du journalisme indépendant dans ce pays, d’être des agents de l’étranger, d’être soudoyés par tel Etat, tels services secrets ou tel mouvement ou organisation.
Nous sommes passés d’être des agents de la DST, la police politique marocaine, à travailler pour le CNI espagnol, en passant par la DRS, les services secrets algériens et le Mossad israélien. Accusation suprême : nous étions également des agents du Polisario.
Sans la moindre preuve bien évidemment, sinon on n’en serait pas là.
Franchement, et si je devais un jour travailler avec un « sévice secret » je travaillerai avec celui de mon pays. Il paye bien. Les journalistes étrangers touchent 6000 euros par mois, avec en prime quelques séjours tous frais payés à Marrakech. Quant aux Marocains ils ont droit à des pages de publicité à gogo, des prébendes faites de facilités pour l’obtention d’un appartement ou d’une imprimerie, ou d’un prêt bancaire (que certains oublient de payer) et de généreux cadeaux en sous-main.
Je connais le directeur d’un hebdomadaire francophone casablancais qui a acheté à l’Etat une villa où il a installé son torchon pour quelques dirhams. Son confrère d’un autre hebdomadaire, tout aussi francophone et pourri, a obtenu le même cadeau, sauf qu’il utilise la villa pour y habiter.
Le premier, une barbouze journalistique qui a travaillé pour Dlimi quand il sillonnait les pays arabes et africains pour le compte d’un autre hebdomadaire francophone, celui-là français, a depuis quelques années les pires difficultés du monde pour boucler les finances de son brinquebalant et boiteux canard. Sans ses « amis », cela fait longtemps qu’il aurait fermé boutique. Mais à titre personnel, il est très riche. Il y a peu il négociait la vente d’un terrain dans l’un des quartiers les plus huppés de Casablanca pour un prix millionnaire. Il avait obtenu ce terrain pour des bricoles de la main d’un organisme étatique.
Ce con se reconnaîtra dans ce petit portrait.
Enfin, tout cela pour dire que sans aucune preuve, certaines officines de l’Etat marocain, appuyées par la presse aux ordres, déversent sur nous un tombereau d’accusations et d’affirmations mensongères dans le seul dessein de salir notre réputation et de nous signaler à un quelconque fou pour qu’il nous trucide avec un couteau dans la rue, alors que les vrais corrompus sont ceux qui hurlent avec les loups.
Mais voilà, un hacker, ou plusieurs, publie depuis des mois une impressionnante pile de documents, scannés pour la plupart, et de mails compromettants qui prouvent par A+B que nos diplomates, en plus de leur labeur ordinaire de lobbying et de défense de nos intérêts, soudoient des fonctionnaires internationaux, de prétendus experts et une kyrielle de profiteurs comme ce pauvre fonctionnaire international sénégalais qui a vendu sa conscience pour quelques dirhams et un séjour au Maroc où il a visité un marabout local.
On me rétorquera que cette corruption se fait au nom de la défense de la cause du Sahara. Je réponds qu’il faudrait alors préparer un bon chéquier et se hâter de gagner cette bataille parce que celui qui a vendu son âme une première fois la vendra une deuxième fois, et pas forcément au même camp, sinon au plus offrant.
On découvre aussi dans les papiers du hacker que sous couvert d’un empire médiatique, un ex-commercial de publicité est en fait un responsable de la DGED, les services de contre-espionnage marocains, qui se fait passer pour un journaliste et entretient de coupables relations avec les pires organisations d’extrême droite pro-israélienne. Il est aussi le grand corrupteur d’une demi douzaine de journalistes français dont certains travaillent sur le Maroc depuis très longtemps.
Merci donc à ce « Chris Coleman » pas pour la guerre qu’il mène contre le Makhzen au nom de ses propres intérêts (soukou hadak !), mais pour nous avoir permis de voir plus clair dans cette grande grotte où se tapit l’ogre qui nous opprime.
Ali Lmrabet
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