Officiellement, le Maroc s’est désisté de l’organisation de la CAN-2015 par crainte d’une propagation du virus Ebola dans le pays. Mais il y a de plus en plus de faits qui accréditent la thèse selon laquelle le Makhzen, qui poursuit sans répit son escalade verbale contre l’Algérie, ne voulait pas prendre le risque d’un triomphe des Verts sur ses terres.
La preuve en est la réaction musclée et démesurée contre ceux parmi les Sahraouis qui ont brandi le drapeau algérien lors de l’annonce de la qualification officielle à la phase finale de la CAN-2015. Un journaliste sahraoui a d’ailleurs été arrêté par la police marocaine pour avoir filmé ces Sahraouis en train de brandir le drapeau algérien à El-Ayoun en guise de soutien à l’équipe algérienne de football. Selon le site «Diaspora saharaui», ce journaliste, Mahmoud El-Haissan, dont les images filmées sont passées à la télévision sahraouie, a été condamné le 3 décembre dernier à 18 mois de prison ferme.
Pour ce site, il ne fait aucun doute que le Maroc a refusé d’organiser la CAN-2015 par peur de faire face à de grandes manifestations de soutien à l’équipe algérienne dans les territoires occupés. «Imaginez que le Maroc organise la Coupe d’Afrique des nations chez lui. L’équipe algérienne est donnée candidat favori à remporter la coupe. Des centaines, voire des milliers, de jeunes Sahraouis, vont se déplacer pour encourager l’équipe algérienne et ils vont brandir le drapeau algérien sur le sol du Maroc, un crime impardonnable pour les autorités marocaines. Elles vont devoir réprimer les Sahraouis pour des faits anodins et à 3 mois de la présentation du rapport que le secrétaire général de l’ONU présentera au Conseil de sécurité sur le Sahara Occidental, alors que les relations entre Rabat et l’instance internationale sont déjà très tendues», souligne le site pour lequel l’argument du virus Ebola a été le seul que le Maroc a pu trouver pour motiver sa décision de se désister, dans l’espoir de ne pas subir de graves sanctions.
Autrement dit, Rabat semble avoir peur que les manifestations de soutien à l’équipe nationale algérienne se multiplient dans les territoires occupés du Sahara Occidental, ce qui constituerait une gifle pour le Makhzen.
Rafik Meddour