De notre envoyé spécial à Bruxelles, Mehdi Mehenni
Pour le vice-président du Parlement européen, Fernando Maura Barandiaran, le Maroc ne peut offrir aux Sahraouis ce qu’il ne peut assurer à son propre peuple : le principe de la démocratie.
Rencontré au siège du Parlement européen, le député espagnol Fernando Maura Barandiaran s’est montré particulièrement inquiet quant à la question du Sahara occidental. Il craint, en effet, que la situation de blocage qui prévaut sur ce dossier ne pousse les jeunes Sahraouis à l’option des armes contre le Maroc.
«Il faut savoir que les jeunes Sahraouis avec lesquels nous avons discuté ont une perception différente de celle de leurs aînés sur le conflit avec le Maroc. Depuis quelque temps, ils poussent leurs chefs vers l’option militaire. La force plutôt que le dialogue diplomatique qui n’avance pas», a-t-il signifié. Une option qui, de son point de vue, n’arrange pas les affaires de l’Algérie : «Vu ses intérêts dans la région, l’Algérie ne veut pas d’un autre conflit armé à ses frontières. Elle favorise plutôt l’option diplomatique internationale. En clair, le dialogue.»
En se voulant plus explicite sur la question de blocage qui pèse sur le dossier sahraoui, le vice-président du Parlement européen considère que la France tout comme l’Espagne en ont une grande responsabilité.
«La France bloque toujours l’initiative de la mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). L’Espagne suit les idées de la France», a-t-il relevé tout en avouant qu’«il y a des conflits larvés sur la question».
Et c’est justement pour cette raison que Fernando Maura Barandiaran estime que l’Union européenne devrait se pencher sérieusement sur le dossier : «La question sahraouie ne doit pas rester entre le Maroc, l’Algérie, la France et l’Espagne. L’Union européenne doit traiter de ce problème en tant qu’institution.» Parallèlement, et sur la question de l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui, par le Maroc, le député espagnol estime que ce pays ne peut offrir ce qu’il n’a pas. «Un pays qui n’assure pas le principe de la démocratie à son propre peuple ne peut le faire avec le peuple sahraoui.
Ce n’est pas un pays démocratique, et par conséquent, il ne peut faire des promesses démocratiques. Sur ce plan, le Maroc n’a pas de crédibilité pour offrir une autonomie aux Sahraouis.»
Par ailleurs, et sur la question des prisonniers sahraouis à El Ayoun, le même interlocuteur considère que le Maroc a menti. La représentation marocaine sur les droits de l’Homme qui est passé devant le Parlement européen a menti sur les 10 cas de condamnations à mort à El Ayoun et qui existent réellement», a-t-il affirmé.
Enfin, aux accusations marocaines portées contre l’Algérie, sur le cantonnement des Sahraouis dans des camps de concentration à Tindouf, Fernando Maura Barandiaran conclut : «Jamais on ne m’a présenté une situation concrète vis-à-vis de ces accusations. Je ne peux donc affirmer une telle histoire car on parle en termes vagues sur parfois une personne qui a pu souffrir dans un camp sahraoui à Tindouf.»
M. M.
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