Les détenus sahraouis observeront une grève de la faim pendant le forum mondial des droits de lHomme.
Demain souvrira, à Marrakech, le forum mondial des droits de lHomme (FMDH). Laffiche aurait pu paraître séduisante si ce nest quelle était éclaboussée par « la question de la décolonisation du Sahara occidentale ». cest en ces termes que cette question est identifiée au niveau des Nations Unies- à propos de laquelle, soutenue par une puissance occidentale, le royaume Alaouite continue à sopposer à lextension du mandat de la Mission des Nations Unies pour lorganisation dun référendum au Sahara occidental MINURSO- à la question des droits de lHomme et nhésite pas à jeter les militants pacifistes sahraouis en prison, sur la base de simulacres de justice. Cest le fait du prince, diront certains des organisateurs, à la conscience trop indulgente, « dans la mesure où le régime fait des avancées vers les valeurs universelles tout en reconnaissant certaines de ses insuffisances ». Cette consonance contre-nature aurait pu suivre le cours dun long fleuve tranquille si les bâillonnés de lhistoire -dont Naama Asfari reste la figure de proue- nétaient pas venus perturber ces arrangements au vaudeville, du reste boycottés par plusieurs ONG.
Grève de la faim pour rompre la loi du silence
« Aujourdhui, ce défenseur des droits de lHomme (NDLR. Naama Asfari) est condamné à 30 ans de prison sur la base daveux extorqués sous la torture. Le verdict, prononcé par un tribunal militaire, est sans appel. Alors que Naâma Asfari sapprête à passer sa cinquième année en détention, le Maroc va héberger, ces prochains jours, le Forum mondial des droits de lHomme (27-30 novembre). (Durant la tenue de ce Forum, Naâma Asfari et plus de vingt détenus sahraouis mèneront une grève de la faim afin de dénoncer le double langage du Maroc. Sous le couvert dune communication axée sur la lutte contre limpunité, ce pays impose la loi du silence aux victimes de torture et entrave systématiquement lactivité des ONG de défense des droits de lhomme », dénonce lAction des Chrétiens pour labolition de la torture (ACAT). Et lONG dappeler « à soutenir Naâma Asfari dans sa grève de la faim par un jeûne solidaire, lors de lun ou plusieurs de vos repas entre le 27 et le 30 novembre ».
Développant une relation obsessionnelle envers son voisin et dotée de dents à rayer le plancher, la monarchie y verra, sans doute encore lempreinte de lAlgérie, son souffre-douleur et de fait devenu propagande oblige !- comptable de ses turpitudes au Sahara occidental. Cest un véritable crime de lèse-majesté pour un pays daffirmer une de ses positions doctrinales, dès lors que celle-ci heurte les oreilles chastes du palais.
Perpétuer lomerta
Reste quau Maroc, il ny a pas que les Sahraouis qui souffrent de la persécution. Les Marocains eux-mêmes ny échappent pas. En pied-de-nez à la tenue du FMDH, le 20 octobre dernier, la jeune Wafaa Charef (26 ans), militante du Mouvement du 20 février et de lAssociation marocaine des droits de lHomme, a été condamnée en appel à deux ans de prison ferme. Le seul crime de cette jeune femme est davoir porté plainte après avoir été enlevée et battue à lissue dune manifestation de soutien à des syndicalistes licenciés. « Le Maroc fait preuve dune hypocrisie effarante. En façade, il communique sur lorganisation, le mois prochain, du Forum mondial des droits de lHomme avec une place importante réservée aux problématiques de torture et de justice. Dans larrière-scène, il poursuit les personnes qui disent avoir été victimes de torture. Sous couvert de lutte contre limpunité, Rabat entend perpétuer lomerta », dénonce à cette occasion, Hélène Lageay, responsable de la zone Maghreb et Moyen-Orient à lACAT.
Les dénis de réalité naident pas à aller de lavant. Ils favorisent le pourrissement.