Qualifiant de «suicidaire» le discours du roi du Maroc, Mohammed VI, qu’il a prononcé, jeudi dernier, le chef de la diplomatie sahraouie a indiqué qu’il est «une réaction» aux rapports et déclarations de hauts responsables des Na- tions unies, en charge de la question de la dé- colonisation du Sahara occidental.
Pour le ministre des Af- faires étrangères de la Ré- publique arabe sahraouie démocratique (Rasd) , Mo- hamed-Salem Ould-Salek, le roi du Maroc «a tenté par son discours de dénier le caractère colonial de l’occu- pation du Sahara occidental par l’armée marocaine», a-t-il affirmé. C’est au cours de la conférence de presse qu’il a animée, hier à Alger, au siège de la représentation diploma- tique de la Rasd, que notre interlocuteur a tenu à noter qu’après plus de cinquante années de l’inscription en 1963 aux Nations unies, de la Question du Sahara occiden- tal, sur le registre des ques-
tions soumises à un proces- sus de décolonisation, le roi du Maroc s’entête à faire fi de la Légalité internationale. Une fuite en avant de Mo- hammed VI, qui «rappelle à l’ordre», fin octobre dernier, par les rapports, déclarations et les décisions du Conseil de sécurité, notamment ceux émis, fin octobre dernier, sur le Sahara occidental. Qu’il s’agisse du Secrétaire gé- néral de l’Onu, du Conseil de sécurité et de l’Envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental, il a été signifié à Mohammed VI que le Droit international est incontournable dans tout processus de règlement juste et régulier de la question du Sahara occidental. Ce qui
met la politique coloniale du royaume chérifien au «pied du mur», indique notre in- terlocuteur, précisant que le discours en question du roi a inscrit le Maroc dans «une position frontale» avec l’Onu et le Conseil de sécurité. For- ce est de souligner qu’au ter- me de plus de sept années de propagande et de promotion de la «solution d’autonomie» par la monarchie marocaine pour le règlement de son conflit avec le Front Polisa- rio sur le Sahara occidental, Mohammed VI peine à faire valoir sa solution. Celle-ci étant non conforme, voire en contradiction fondamentale avec la nature de la question du Sahara occidental, qui fait d’elle la dernière ques-
tion de décolonisation sur le continent africain inscrite à l’Onu, la realpolitik promue par Mohammed VI bute sur la primauté de la force du Droit sur le Droit de la force. Sur les blocages marocains et ses manœuvres en cours, no- tamment ceux à l’encontre de Christopher Ross, ils «visent à freiner», selon notre inter- locuteur, le processus engagé par ce responsable onusien, dont les précédents rounds de négociations sous les auspices de l’Onu, en la personne de Ross, entre les responsables marocains et ceux du Front Polisario. La fuite en avant de Mohammed VI, au regard du contenu de son discours en question, une teneur qui le met en position frontale avec la Communauté internatio- nale, celle-ci est appelée, souligne notre interlocuteur, «à assumer ses responsabi- lités», notamment pour le respect et l’application de la Légalité internationale. Le Conseil de sécurité, lequel est en charge de la paix et de la sécurité dans le monde, doit tenir compte des risques encourus par l’entêtement de Rabat à faire fi du Droit in- ternational. Pour notre inter- locuteur, le peuple sahraoui et sa lutte pour sa dignité et ses droits légitimes, dont son droit à l’autodétermination, sont, a-t-il rappelé, garantis dans le Droit international. Avertissant, à ce propos, que les Sahraouis, ceux des camps de réfugiés, ainsi que les Sahraouis des territoires encore sous occupation ma- rocaine «sont attachés» à ce Droit et «déterminés» à le fai- re valoir, par toutes les voies pour y parvenir. Outre la voie de la diplomatie à laquelle «le Front Polisario s’est ins- crit, depuis longtemps, pour le règlement de la Question sahraouie par une solution juste, selon le Droit interna- tional», le conférencier sou- ligne que «d’autres voies de lutte sont à emprunter, no- tamment la reprise de la lutte de libération armée», a-t-il lancé. Après le discours de Mohammed VI, au contenu frontal avec la Communauté internationale, balayant d’un revers la Légalité et le Droit internationaux, Ould-Sa- lek conclut que «la balle est dans le camp du Conseil de sécurité», lequel doit assumer ses responsabilités engagées dans le processus de décolo- nisation du Sahara occiden- tal.
Karima Bennour
Le Courrier d’Algérie, 10/11/2014
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