Songes et mensonges dun monarque

Le discours surréaliste de Mohammed VI, souverain du seul pays au monde qui «célèbre» une occupation coloniale est émaillé de contre-vérités, mais qui montre lisolement du Maroc qui revient a ses litanies des années Hassan II et des procès gratuits faits à lAlgérie.
Dailleurs, à chaque fois quil est acculé sur le plan international en raison notamment de la pugnacité du représentant du secrétaire général de lOnu Christopher Ross, Le monarque qui montre curieusement quil na aucune maîtrise du dossier sahraoui et quil sen remet à son piètre MAE, veut faire dune question de décolonisation un problème bilatéral avec notre pays.
Le recours qui lui reste, ne pouvant plus compter sur lappui inconditionnel de Paris, qui prend peu à peu ses distances avec la politique coloniale de Rabat et lintransigeance de Washington quant au processus référendaire au Sahara occidental. Que reste-t-il donc au roi pour essayer de faire contre mauvaise fortune bon gré appelant au secours lallié israélien et son bras armé le lobby sioniste lAIPAC, dans les arcanes du pouvoir américain. Dans le même temps, il joue sur la duplicité en envoyant son Premier ministre à lambassade dAlgérie à Rabat pour la réception du 1er-Novembre, avant de faire offense au peuple algérien.
Il est vrai quil a été a bonne école. Pour ce qui est de gagner du temps, le seul paramètre dune diplomatie lamentable dont les arguments sont la corruption et lachat des consciences, le Maroc table sur les victoires aux présidentielles, toutes hypothétiques de Nicolas Sarkozy en France et surtout celle de Hillary Clinton aux États-Unis. Mais revenons aux contre-vérités du roi quand il affirme que lAlgérie est partie prenante dans le règlement de la question du Sahara occidental. Pourquoi alors la monarchie marocaine a a-t-elle officiellement accepté le « plan de Règlement » ONU-OUA , qui définit les modalités dun référendum dautodétermination du peuple sahraoui .Un référendum accepté par Hassan II devant ses pairs africains au sommet de Nairobi . Une procédure référendaire réaffirmée à chaque fois par le Conseil de sécurité dans ses Résolutions 658, 690 et 725 et approuvée par le Maroc .
Autre contradiction de celui qui a pourtant fait ses classes auprès du rigoureux Jacques Delors et des plus grands juristes français. Lorsquil affirme que le Sahara occidental est un conflit « régional » et non pas un conflit de décolonisation. Il fait mine doublier que lAssemblée générale des Nations unies , dune manière continue depuis 1965, avant et après linvasion du territoire par le Maroc, a considéré ce conflit comme un problème de décolonisation. Plus important encore, la question est à lordre du jour du Comité de décolonisation de lAssemblée générale sans que le Maroc en fasse objection. Il nest pas vrai que le Maroc ne soit pas une puissance occupante. Cependant, lAssemblée générale des Nations unies a officiellement qualifié la présence marocaine au Sahara occidental comme « occupation » dans ses résolutions 34/37 et 35/19.4. Mohammed VI a déclaré que « le Maroc na jamais été une force doccupation ou une puissance administrante au Sahara ». Pourtant, le ministre marocain, à lépoque, des Affaires étrangères de Mohammed VI, Mohamed Benaissa, a écrit une lettre officielle au secrétaire général (SG) de lOnu, le 2 février 2006, où lon attribuait au Maroc la condition de «puissance administrant» (document officiel Nations unies S / 2006/52). Le dernier rapport du Secrétaire général de lONU au Conseil de sécurité (CS) en avril 2014, dévoile que lEnvoyé personnel du SG, Christopher Ross, a fait une série de propositions dont les parties se sont engagées à garder le secret. Il y a eu aussi des spéculations sur le contenu du rapport remis par Ross au Conseil de sécurité à huis clos le 27 Octobre 2014. Le quadruple « NON » de Mohammed VI, à la lumière des « WikiLeaks du Makhzen» récemment révélés semble offrir des pistes claires sur la nature de la proposition de Ross que le Maroc rejette.
Lorsque Mohammed VI dit: «Non à la tentative visant à modifier la nature de ce conflit régional en le présentant comme une affaire de décolonisation», il dévoile que larticulation du plan des Nations unies est que nous sommes face à un «territoire non-autonome», cest-à-dire, une colonie. Lorsque Mohammed VI dit: » Non à toute tentative de révision des principes et paramètres de négociation, ainsi quà toute autre tentative visant à reconsidérer ou élargir le mandat de la Minurso, y compris la question dobservation des droits de lhomme », il révèle clairement que la proposition de solution du conflit passe par la création dun mécanisme international pour la protection des droits de lhomme. Quand Mohammed VI déclare: «Non à la complaisance vis-à-vis de la véritable partie à ce conflit et à son exonération de ses responsabilités « , il dévoile clairement que les Nations unies refusent de considérer comme «partie dans ce conflit » le pays que le Maroc tente, en vain, depuis des décennies, den faire une «partie», à savoir lAlgérie. Lorsque Mohammed VI dit: » Non à la tentative de mettre sur un même pied un Etat-membre au sein des Nations unies et un mouvement séparatiste, et non à la légitimation de lÉtat de non-droit qui prévaut à Tindouf « , il nous dit que la proposition de lONU compte établir des obligations similaires aux deux parties du conflit, le Maroc et le Front Polisario. Plus révélateur encore, la phrase où Mohammed VI dit que « Il se méprend aussi celui qui tente une comparaison entre le Sahara dune part, et le Timor oriental ».
Il sagit de la première fois que Mohammed VI cite explicitement le cas du Timor oriental. Un cas considéré comme un modèle très proche à celui du Sahara occidental. En réalité la nomination du prix Nobel de la Paix José Ramos Horta , lancien président de Timor Leste pour revoir le fonctionnement des missions de lOnu, dont la Minurso, affole le Maroc et M6. Plus isolé que jamais le Maroc va multiplier les blocages et les fuites en avant dici le débat et la prochaine résolution du Conseil de sécurité en avril 2015. Ne pouvant compter sur le soutien de Washington qui ne digère pas les obstacles faits a Ross ni sur la position jusque la inconditionnelle de Paris, il ne lui reste plus que lEspagne élue au Conseil de sécurité , pays sur lequel il va exercer son chantage habituel en matière de terrorisme, de drogue et de migration.
Mokhtar Bendib
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