Alger en mode wait and see

Lors de son discours lu jeudi dernier à l’occasion de la célébration par le Maroc du 39e anniversaire de la «Marche verte », le monarque chérifi en s’est montré une nouvelle fois on ne peut plus catégorique : «Le Maroc restera dans son Sahara et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps. »
PAR SABRINA MILOUDI ET YOUNES SAADI
De la sorte, Mohamed VI ferme d’emblée la voie à un règlement diplomatique, non sans manquer de tancer le voisin de l’est auquel il fait porter la responsabilité d’un processus de décolonisation jamais mené à son terme. La détermination de Mohamed VI est d’autant plus marquée que cette fois-ci, il donne une dimension économique au conflit dans la mesure où il rappelle ce qui a été investi par le Maroc dans cette région, se laissant aller à un exercice de comparaison entre ce que fut et ce qu’est devenu le Sahara occidental. 
«Depuis la récupération de notre Sahara, pour chaque dirham des recettes de la région, le Maroc investit 7 dirhams dans son Sahara, dans le cadre de la solidarité entre ses régions et entre les enfants de la Patrie unie. Quant aux indicateurs de développement humain dans la région, ils étaient, en 1975, inférieurs de 6 % par rapport aux régions du Nord du Maroc, et de 51 % par rapport à la moyenne nationale en Espagne. Aujourd’hui, ces indicateurs dans les Provinces du Sud dépassent de loin la moyenne des autres régions du Royaume », a-t-il affirmé et de «vendre» une nouvelle fois le plan proposé par le royaume pour régler cette question, considérant que « la régionalisation [plan d’autonomie] que nous appelons de nos vœux a vocation à valoriser la richesse et la diversité hu- maine et naturelle [du Sahara occidental] ». 
Et les messages au voisin algérien n’ont pas manqué lors de son discours ; à commencer par ce qu’il pense être un « conflit artifi ciel ». A ce propos, Mohamed VI accuse directement « l’Algérie de ne pas assumer sa responsabilité en tant que principale partie dans ce conflit », à laquelle il conditionne toute « solution » au conflit, alors que de son côté, le Front Polisario revendique l’indépendance du Sahara occidental à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Il appelle également les Nations unies ainsi que les Etats-Unis « à tenir une position claire sur ce conflit », affirmant que le « Maroc n’a aucun complexe pour négocier avec qui que ce soit, aussi bien directement que par le biais de la médiation onusienne ». 
Et de rappeler que « l’initiative d’autonomie est le maximum que le Maroc puisse offrir dans le ca- dre de la négociation pour trouver une solution défi nitive à ce confl it régional », signifiant une fin de non-recevoir à « la tentative visant à modifi er la nature de ce conflit régional en le présentant comme une affaire de décolonisation » tout comme il dit « non à toute tentative de révision des principes et paramètres de négociation, ainsi qu’à toute autre tentative visant à reconsidérer ou élargir le mandat de la Minurso, y compris la question d’observation des droits de l’homme ». 
DOUBLE LANGAGE 
Cependant, Mohamed VI n’en oublie pas pour autant ce qu’est devenu le contexte actuel au niveau international, marqué par le péril djihadiste, en nuançant le propos : « Le Maroc [est] un pays actif dans l’action menée pour ga- rantir la sécurité et la stabilité dans la région […] et un partenaire dans la lutte antiterroriste […] Pour autant, cela n’implique pas de nuire à l’Algérie, à sa direction ou à son peuple, auquel nous portons la plus haute estime et le plus grand respect. Nos mots sont pesés et leur sens est clair », a-t-il poursuivi. Sauf qu’il revient à la charge en soulignant que « si le Maroc n’a ni pétrole, ni gaz, alors que l’autre partie possède un ‘‘ billet vert ‘‘ dont elle croit qu’il lui ouvre les portes, au mépris du droit et de la légalité, nous avons, en revanche, nos principes et la justesse de notre cause ». 
 A l’heure ac- tuelle, l’Algérie n’a pas encore réagi aux propos de Mohamed VI et préfère étudier et analyser en profondeur le contenu de ses déclarations. Contacté par Reporters en fin d’après-midi, hier, le ministre des Aff aires étrangères, Ramtane Lamamra, a déclaré au téléphone que « nous sommes en train d’étudier la réponse à donner à ces nouvelles accusations à l’égard de l’Algérie ». « Soit nous allons organiser une conférence de presse, soit nous publierons un communiqué », a-t-il déclaré. Rappelons que la «Marche verte a été initiée le 6 novembre 1975 par Hassan II qui a forcé le passage du Sahara occidental, territoire occupé à l’époque par le colon espagnol, dans le giron du royaume. 

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