F. Sofiane
Des documents confidentiels divulgués récemment révèlent les méthodes employées par le makhzen pour espionner l’envoyé spécial de l’Onu au Sahara occidental, Christopher Ross, à Genève, et saborder toute initiative en faveur du Polisario au sein des institutions onusiennes en Suisse. Ce travail de barbouze accompli par Omar Hilali, l’ambassadeur du Maroc en terre helvétique, a duré deux ans.
Dans une lettre confidentielle datée du 11 avril 2012, l’ambassadeur marocain et représentant permanent de la mission permanente du royaume du Maroc à Genève, en l’occurrence Omar Hilali, avait alerté le roi Mohammed VI quant à une « manœuvre » de l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ross, pour presser le royaume marocain à accepter le plan de l’ONU pour le Sahara occidental.
« Une manœuvre de Christopher Ross pour remplacer le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental serait en préparation », a-t-il écrit.
L’ambassadeur marocain à Genève a ainsi espionné l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, obtenant même des informations confidentielles sur lui, son entourage et les démarches secrètes de M. Ross pour arriver à une fin de crise au Sahara occidental. Des gens infiltrés à la représentation spéciale de l’ONU informent régulièrement le Maroc sur tout ce qu’entreprend M. Ross.
« Comme suite à mon fax cité en référence, j’ai l’honneur de vous informer que les jours de M. Hany Abdelaziz, représentant spécial du SG de l’ONU pour le Sahara, à la tête de la MINURSO, seraient comptés « , écrit l’ambassadeur marocain au roi Mohammed VI.
Et d’ajouter : « En effet, d’après les informations que m’a confiées une source au HCR, M. Ross recherche actuellement un candidat ayant une forte personnalité, capable de faire face au Maroc et qui lui serait totalement vassal. A cet égard, ma source m’a donné les deux informations suivantes : en premier lieu, le DPKO aurait proposé le poste de M. Hany à M. Sultan Athar Khan, directeur du cabinet du Haut-Commissariat pour les réfugiés. Ce dernier aurait refusé en arguant que « l’actuel rôle du représentant spécial est purement administratif et il s’occupe uniquement de la paperasse ̏.
Ce qui suggère que M. Khan ne serait pas totalement désintéressé par ce poste, à la condition que le mandat de la MINURSO soit élargi ; ce qui explique ses propos sibyllins lors de notre déjeuner de travail la semaine dernière, objet de mon fax cité en référence. En second lieu, M. Ross aurait, suite au refus de M. Khan, trouvé un successeur américain à M. Hany. Ce candidat est un ami très proche qui a déjà travaillé avec lui. Ma source m’a promis de confirmer son nom incessamment . »
L’ambassadeur marocain à Genève conclut : « Ce casting de M. Ross et son scénario d’élargissement du rôle politique de la MINURSO, insidieusement distillé dans le projet de rapport du SG, augure d’une timorisation programmée de la question du Sahara. D’où l’impératif pour notre pays [Maroc] de considérer toute modification du mandat de la MINURSO comme une ligne rouge et de tout mettre en œuvre pour la déjouer qu’elle qu’en soit le prix. »
Le Jeune Indépendant, 29/10/2014