Grosse panique au Makhzen

Quand le makhzen dégaine contre l’Algérie c’est qu’il est forcément acculé sur la scène diplomatique. C‘est un réflexe quasi Pavlovien pour un royaume chancelant qui tente, tant bien que mal, de ressouder les pauvres marocains autour du Trône en pratiquant son sport favori : casser de l’Algérie.
La dernière campagne virulente ponctuée par une accusation infondée de prétendus tirs par l’armée algérienne contre des marocains à la frontière, en est la parfaite illustration.
C’est comme cela à l’approche de chaque moi d’avril, date de l’examen annuel de la question sahraouie au Conseil de sécurité et du débat inévitable sur l’allongement du mandat de la MINURSO aux droits de l’homme, Rabat joue la vierge effarouchée.
Cette fois, le royaume perd son sang froid suite à la nomination de Mme Kim Bolduc (Canada), comme nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général, et chef de la MINURSO qui succèdera à l’Allemand Wolfgang Weisbrod-Weber, dont le mandat s’est achevé le 31 juillet dernier.
Une diplomate que le makhzen ne connaît pas et dont il soupçonne une volonté de faire correctement son travail à Lâayoun occupée. Rabat tente en vain d’obtenir des «classifications» mais surtout des «garanties» que son mandat ne nuirait pas à son agenda diplomatique consistant à bloquer toute issue des négociation de paix au Sahara occidental.
Pour l’heure, Rabat s’entête à ne pas vouloir l’accueillir au même titre que M. Ross qui souhaite effectuer une nouvelle tournée dans la région.
Le briefing décisif de Ross
Et la veille du briefing de Christopher Ross, envoyé personnel de Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité, prévu lundi 27 octobre 2014, Rabat s’affaire et s’agite auprès de la France et des Etats-Unis pour gêner la feuille de route de M. Ross accusé par Rabat de «double langage».
Le Makhzen souhaite ainsi que la France et les Etats-Unis lui apportent leur soutien lors de la réunion de lundi prochain.
Rien n’est acquis pour autant puisque des fuites médiatiques rapportent que le sous-secrétaire adjoint pour les Affaires du Proche-Orient au département d’Etat, John Desrocher, a déclaré à Rabat lors de sa visite la semaine dernière que «la dynamique doit se poursuivre» et qu’il fallait «éviter de geler le processus». Autrement dit, Ross et sa nouvelle collaboratrice Mme Bolduc ont reçu un appui de Washington.
Les USA en ont marre…
Du coup, la monarchie voit rouge. Surtout que John Desrocher aurait déclaré aux officiels marocains ne pas comprendre «le refus permanent» du Maroc d’accueillir Mme Bolduck et de continuer à surseoir à la visite de M. Christopher Ross.
Il est évident que le royaume qui est habitué à choisir presque les diplomates onusiens qui s’occupent du dossier sahraoui, est mis hors jeu. Le fait est que Christopher Ross est définitivement acquis à l’idée que le Sahara occidental est un «territoire non autonome» conformément au droit international et aux résolutions des Nations unis.
Et c’est le sacro-saint principe de la prétendue «marocanité» du Sahara occidental qui tombe à l’eau à l’ONU. Une perspective très dangereuse pour Rabat qui a longtemps berné le monde en s’achetant des soutiens occidentaux grâce au chéquier de sa majesté. Le temps de la Realpolitik est peut être arrivé. La menace terroriste dans le Sahel et la Libye dicte aux puissants du monde la nécessité de changer leur fusil d’épaule dans ce conflit qui traîne depuis plus de 30 ans.
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