Traité de manière sporadique dans le champ médiatique, le Sahara Occidental est situé sur la côte atlantique de l’Afrique du Nord-Ouest[1], il comprend deux grandes régions, la Saguiet el Hamra (canal rouge) au nord et l’Oued el Dahba (fleuve d’or) au sud.[2]Les particularités géographiques et physiques ont déterminé un mode de vie traditionnel de ses habitants. Les premiers, sédentaires, s’installèrent au sud du Sahara tandis que les seconds, nomades, se fixèrent au nord, et organisèrent une liaison entre la Méditerranée et l’Afrique noire.[3]La population sahraouie est originellement constituée de Berbères[4](Sanhajas et Zenatas) et d’Arabes, les Béni Hassan, des Arabes Maquil originaires du Yémen.[5]Aux environs de 1240-1245, les Béni Hassan s’installent dans la vallée de l’Oued Drâa, puis pénètrent dans la Seguiet El Hamra, pour atteindre le sud du Sahara Occidental vers la ville de Dakhla. Des alliances, jalonnées d’antagonismes et de rivalités, vont se tisser entre les populations originelles du Sahara Occidental et les Béni Hassan. Les Berbères Sanhajas, pour leur part, se divisaient en trois groupes principaux qui nomadisaient dans des zones géographiques différentes.[6]
Toutes les tribus sahraouies ont une langue commune, le hassanyia,introduite par les Arabes Maquils au 13ème siècle ; cette langue proche de l’arabe littéraire et du berbère se différencie de l’arabe dialectal répandu dans la région du Maghreb.[7]Si la première expédition arabe au Maghreb, en 681, marque le premier contact des Berbères Sanhadja avec l’Islam, à partir du 8ème siècle l’expansion arabe dans le Maghreb va introduire de façon durable la religion musulmane.[8]Compte tenu des contacts commerciaux des Berbères nomades du Sahara avec les populations de ces régions, l’Islam pénètre au Sahara et précède son arabisation qui s’effectue principalement avec l’arrivée des Béni Hassan. Les populations du Sahara Occidental se convertissent à l’Islam en gardant une certaine indépendance[9]; soulignons que le Sahara Occidental a constitué un espace de ressourcement mystique, il est le lieu de grandes figures religieuses de l’histoire de l’Ouest africain et du Maghreb.[10]
Au cours de la période précoloniale, les Sahraouis ont proclamé à plusieurs reprises le djihad (guerre sainte) afin de repousser les conquêtes européennes. De la même façon, durant la colonisation espagnole, la religion musulmane a concouru à cimenter l’unité nationale et asseoir une cohésion sociale. Aussi pour la classe politique sahraouie (Front Polisario) la religion demeure-t-elle indissociable de son projet politique, qui tend à l’avènement d’une société moderne et unifiée dans laquelle le respect de la personne humaine occupe une place prépondérante.[11] Dans la société actuelle, la religion musulmane pratiquée est essentiellement un islam modéré, ancré dans les traditions ancestrales.[12]
Par ailleurs, il convient de noter qu’au Sahara Occidental on trouve peu de mosquées, le lieu de prières étant délimité dans le désert par des cercles de pierres.[13] De ce fait, l’individu n’a pas recours à un médiateur dans sa relation avec Dieu, il n’existe aucune hiérarchie ou autorité religieuse. Qui plus est, la religion est perçue comme une affaire personnelle et la tradition des Imam que l’on retrouve dans les pays voisins n’existe pas dans la société sahraouie.[14]Ainsi, contrairement au Maroc, le chef d’État ne se présente pas comme l’Emir Al Mouminin (commandeur des croyants).[15]
Le mouvement des Almoravides a constitué le premier mouvement politico-religieux d’islamisation à l’échelle du Maghreb. Ce mouvement réformateur va édifier une phase importante dans l’histoire religieuse de la région en instaurant un Islam sunnite malikite qui combat les pratiques religieuses antécédentes.[16]
Du 18ème au 19ème siècle, le Maroc et la Mauritanie se présentent comme des pouvoirs politiques contrastés sur des zones faiblement développées. Á titre d’exemple, au nord, on assiste à la naissance d’un royaume féodal, tandis qu’au sud c’est la formation d’une série d’Émirats caractérisés par un pouvoir oligarchique, il n’existait pas de forme de pouvoir centralisé. Situé entre deux régions, le Sahara Occidental va connaître durant la même période un développement historique et culturel. La société sahraouie se caractérise dès lors par une formation sociale spécifique : une société organisée avec une intégration de ses différentes composantes.[17]
Á l’époque précoloniale, le schéma sociétal qui prévalait avait pour configuration des confédérations de tribus (quabila), elles-mêmes divisées en fractions et sous-fractions. À la base de cette organisation on trouve la famille à laquelle se superpose la tribu, les liens reposaient sur un facteur congénital. L’organisation sociale et politique était régie par des alliances intertribales. L’ensemble de la structure sociale s’articulait autour de la Djemaâ, assemblée de notables, qui gérait et réglait les affaires de la communauté au niveau de la tribu. La Djemaâ faisait office d’assemblée délibérante et était détentrice de la souveraineté et du pouvoir clanique, l’autorité du chef s’apparentait à celle d’un pouvoir exécutif. Elle était composée de notables choisis selon les critères tels que l’âge, la sagesse, le savoir, le courage, la piété, la richesse et le respect. Cet organe était chargé de choisir le chef du groupe (Cheikh), d’instaurer des lois propres, d’appliquer les lois islamiques fondamentales (Sharia) et de nommer un juge (Cadi) pour faire révérer la justice. On trouve également une organisation sociale de type hiérarchique, communautaire et patriarcal, l’Aït Arbin ou « Conseil des Quarante ». Á partir d’une aire de parcours délimité, celui-ci assurait la cohésion de cette population, particulièrement en période de conflit, et régulait également les activités économiques (agriculture, élevage, pêche, commerce transsaharien).
À chaque niveau de la sous-fraction à la confédération, en passant par la fraction et la tribu, prédominait un système d’assemblées. Ces structures hiérarchisées et les décisions prises à chaque niveau n’excluaient pas, toutefois, que l’ensemble fonctionne de façon communautaire lors d’assemblées de groupes. Dans la société traditionnelle où le pouvoir est atomisé, le groupe de parenté constitue un vecteur prééminent des rapports de production et des rapports politiques. Chaque chef de famille, de la base à la confédération tribale, est à la fois le chef de l’unité politique et le chef d’exploitation économique.[18]
La tribu sahraouie comportait l’attribut de référence sociale, l’identité de chaque individu étant symbolisée par l’ancêtre et l’ascendance, réelle ou fictive.[19]Toute rencontre, interaction présupposaient au préalable de situer l’interlocuteur, ce dernier énonçait des éléments d’informations relatifs à sa tribu, sa famille, sa situation, mais aussi aux relations d’alliance ou d’hostilité. À ce propos, l’ethnologue Caratini observe que chaque nomade exprime son identité non pas par rapport à un lieu donné mais selon un ancêtre. L’individu se considère de fait apparenté à tous les descendants du lignage auquel cet ancêtre lointain appartient :
« L’individu, comme la société, se projette dans le passé comme dans le futur. Cette projection crée des liens avec l’ailleurs et l’au-delà qui peuvent se traduire de manière très concrète par des droits et des devoirs réciproques, lorsque se rencontrent deux « cousins » qui vivent à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Dans une autre culture, ils seraient étrangers, ici ils sont frères. »[20]
La famille étendue ordonnançait l’organisation sociale des nomades sahraouis et constituait le socle de l’identité. Comme l’observe Caratini, « bien plus qu’une référence identitaire, l’appartenance au groupe pourrait suffire. La référence au mythe permet la légitimation. Elle donne à la tribu le droit de contrôler son territoire et de prendre rang dans la hiérarchie sociale. »[21]
La société sahraouie comprend des liens communautaires tels que l’assabiyia, qui correspond aux liens de sang et à la solidarité clanique. Quant à l’organisation socioéconomique, elle prend appui sur la solidarité mécanique, la conscience collective prévaut et recouvre la conscience individuelle.[
22] Une autre caractéristique de la société sahraouie par rapport aux pays frontaliers réside dans la participation de la femme au travail, par exemple, en milieu mauritanien, il est inconcevable qu’une femme mauresque participe à la traite des animaux, or, au Sahara Occidental, ce rôle est dévolu à la femme.[23]Dans la période précoloniale, la femme sahraouie bénéficiait d’une grande liberté. En effet, dans la société pastorale nomade, les hommes étaient contraints de s’absenter durant de longues périodes pour assurer la transhumance des troupeaux et acheminer les marchandises à travers le désert. De ce fait, les femmes devaient faire face à toutes les tâches de la vie quotidienne et se trouvaient investies de responsabilités.[24] Elles jouissaient d’une grande marge de liberté au milieu de sa famille et de son groupe. Elles accomplissaient différents travaux, construisaient la tente, les nattes, coupaient la laine des moutons et des chameaux. Toutes les activités sous la tente incombaient à la femme sahraouie et la solidarité entre les femmes était très présente.[25]
22] Une autre caractéristique de la société sahraouie par rapport aux pays frontaliers réside dans la participation de la femme au travail, par exemple, en milieu mauritanien, il est inconcevable qu’une femme mauresque participe à la traite des animaux, or, au Sahara Occidental, ce rôle est dévolu à la femme.[23]Dans la période précoloniale, la femme sahraouie bénéficiait d’une grande liberté. En effet, dans la société pastorale nomade, les hommes étaient contraints de s’absenter durant de longues périodes pour assurer la transhumance des troupeaux et acheminer les marchandises à travers le désert. De ce fait, les femmes devaient faire face à toutes les tâches de la vie quotidienne et se trouvaient investies de responsabilités.[24] Elles jouissaient d’une grande marge de liberté au milieu de sa famille et de son groupe. Elles accomplissaient différents travaux, construisaient la tente, les nattes, coupaient la laine des moutons et des chameaux. Toutes les activités sous la tente incombaient à la femme sahraouie et la solidarité entre les femmes était très présente.[25]
Le conflit a modifié les habitudes et le rôle de la femme sahraouie, et, dans cette phase celle-ci joue un rôle important tant au sein de l’appareil de production économique que dans les structures politico-administratives.[26] Le Front Polisario a encouragé l’émancipation de la femme en lui donnant la possibilité d’occuper des postes de responsabilités ; au quotidien elle prend en charge de nombreux domaines, elle s’occupe des enfants, de la famille élargie et travaille dans différents comités. La femme sahraouie est souveraine de son espace, elle gère celui-ci de manière très autonome sans subir aucune contrainte de l’extérieur.
Le facteur économique est aussi à prendre en considération dans la mesure où il rend compte des particularismes. L’économie de la société traditionnelle sahraouie reposait principalement sur l’élevage, l’agriculture, les activités de pêche ainsi que l’artisanat. D’une façon générale, l’élevage constituait la principale activité de la société sahraouie, l’importance du cheptel pour les nomades sahraouis découle du fait que l’élevage représentait la production dominante de la société traditionnelle du Sahara Occidental.[27]Le type de transhumance variait d’une tribu à l’autre, voire à l’intérieur d’une tribu, en fonction du type d’élevage.[28]Les écarts de fortune s’équilibraient par une solidarité tribale et familiale; en sus de cela, figuraient les dons fréquents, notamment par le biais de la Zakât.[29] La colonisation espagnole (1884) puis l’annexion du territoire par le Maroc (1975) vont bouleverser le mode de vie de la société traditionnelle, et va engendrer un phénomène de sédentarisation et une réduction des activités de subsistance.[30]Dès lors, de nombreux Sahraouis vont travailler dans des secteurs professionnels autres, comme le commerce urbain, les travaux publics, l’armée, la police, la pêche industrielle ou bien encore l’industrie des phosphates.[31]De façon globale, l’avènement du colonialisme espagnol va engendrer la sédentarisation de la population de manière à pouvoir utiliser une main d’œuvre dans les industries.[32]
Nonobstant ces particularités tant sociologiques qu’historiques de l’identité sahraouie, l’absence de pouvoir politique centralisé-par rapport à d’autres systèmes centralisateurs tels que ceux du Maghreb ou de l’Europe- a été appréhendée comme la négation de toute forme effective de pouvoir.[33]Une telle appréciation relève d’une perspective axée sur un modèle universalisé[34] ; cette approche servira de fondement à la conceptualisation de la notion de terra nullius, forgée à l’époque de la colonisation. Le contenu de cette doctrine énonce que tout État peut étendre sa souveraineté territoriale par la découverte puis l’occupation de territoires, à condition qu’il s’agisse de territoires sans maîtres.[35]Selon Bédjaoui, le concept de territorium nullius a rempli une fonction historique régulatrice au sein des relations internationales dans la mesure où elle a permis une extension pacifique de la souver
aineté de l’État à des territoires réellement inhabités ; nonobstant l’auteur souligne que la notion de terra nullius pouvait être accordée à des territoires peuplés.[36]
aineté de l’État à des territoires réellement inhabités ; nonobstant l’auteur souligne que la notion de terra nullius pouvait être accordée à des territoires peuplés.[36]
Dans son étude sociologique Chassey réfute toutes les interrogations et les suspicions sur l’existence d’une réelle formation sociale saharienne précoloniale.[37]Subséquemment, l’auteur estime que la société sahraouie possédait une structure, une histoire, une culture, un territoire alors même que cet ensemble hassanophone n’ait pas connu l’unité politique. Pour l’auteur, cette donnée serait à l’origine d’une erreur d’interprétation et de méconnaissance sur la reconnaissance de la formation sociale sahraouie.
Divers éléments probants attestent de l’existence d’une société sahraouie et retracent la formation du peuple sahraoui et de son unité.[38]À ce propos, dans son avis consultatif, la Cour Internationale de Justice a mentionné que durant la colonisation, le Sahara Occidental était peuplé de populations nomades, organisées socialement et politiquement dans le cadre de tribus et sous l’autorité de responsables compétents pour les représenter :[39]
« Il ressort de la pratique étatique de la période considérée que les Territoires habités par des tribus ou des peuples ayant une organisation sociale ou politique n’étaient pas considérés comme terra nullius (…) en conséquence l’Espagne n’a pas agi comme un État qu’établirait sa souveraineté sur une terra nullius ».
Si le conflit qui perdure a pour essence une revendication territoriale opposant le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme représentant du peuple sahraoui par la résolution 35/19 de l’Assemblée générale du 11 novembre 1980 et la monarchie marocaine,[40] le mouvement de décolonisation qui apparaît dans les années 1970 va engendrer une nouvelle perception du territoire. Ce dernier va prévaloir sur le temps et la généalogie comme référent identitaire. À cet égard, la lutte armée engagée par le Front Polisario contre le colonisateur espagnol puis contre l’annexion du Maroc marque l’émergence d’un peuple qui s’identifie à son territoire national. Cette revendication a permis de réaliser un consensus au sein de la population autour d’un même dessein national. L’apparition de cette conscience collective s’est traduite par un sentiment d’appartenance qui transcende le fait tribal. La décision du Front Polisario d’effacer les structures tribales qui prévalaient au cours de la période précoloniale et coloniale en mettant l’accent sur l’unité du peuple, comporte une double finalité : en premier lieu démocratiser la société ; en second lieu renforcer la cohésion sociale et parvenir à maintenir un consensus national.
Fruit d’une longue tradition d’autonomie tribale, le peuple sahraoui n’a eu de cesse de mener une résistance opiniâtre au colonisateur et, sur la scène internationale, il s’applique à revendiquer son droit à l’autodétermination à l’instar des autres États du continent africain.[41]
Dr. Keltoum IRBAH
Enseignante sociologie
Genveva Business School
[1] Le territoire comprend une longue façade de 1’062 km sur l’Atlantique qui constitue sa seule frontière naturelle. Limité au nord et au nord-est par le Maroc et l’Algérie, et par la Mauritanie au sud et à l’est, il totalise 2’045 km de frontières terrestres.
[2] La situation géographique de cette région en faisait un lieu de passage entre le Nord et le Sud, la côte de l’intérieur de l’Afrique Occidentale, notamment pour les commerçants. Au 6ème siècle, la région a connu un grand essor dû à l’impulsion donnée par la présence arabe au commerce de l’or. Ses principales richesses sont les ressources halieutiques ainsi que les phosphates découverts en 1947 par un géologue espagnol, Manuel Alia Medina. Elles furent mises en exploitation par l’Espagne à partir de 1962.
[4] Les Berbères sont considérés comme étant les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord. Venus de l’orient, ils ont formé les premières sociétés humaines au troisième millénaire avant notre ère. À la fois sédentaires et nomades, ils ont constitué le réseau territorial avant l’avènement des Romains. L’invasion romaine sur le territoire provoqua le déplacement massif des tribus ainsi qu’une mouvance qui changea la carte géopolitique de l’Afrique du Nord.
[5] « Se sentant chez eux et étant de valeureux guerriers, ils réussirent à imposer leur supériorité. Leur implantation est incontestable, témoin le nom de leur confédération, Hassane, qui est synonyme de guerrier, et leur dialecte, le hassanyia, est encore utilisé aujourd’hui. Voir Norris, H., « Yemenis in the Western Sahara », in The Journal of African History, vol. 3, n°2, 1962, pp. 317‑322.
[6] On retrouve ainsi les Djordala à l’ouest, les Lemtouma au centre, les Messoufa à l’est ; ces berbères se distinguent par leur caractère nomade.
[7] Le hassaniya, dialecte arabe apporté par les Béni Hassan avait été adopté par toutes les tribus du trab el-beidan. Produit d’une longue histoire de guerres, d’alliances, de fusions et de mariages entre Béni Hassan et Sanhadja, cette arabisation eut pour conséquence d‘apporter plus de crédibilité aux généalogies.
[8]Hodges, T., Sahara Occidental : origine et enjeux d’une guerre du désert, Paris, Editions l’Harmattan, 1987, p. 16.
[9] Marty, P., Etudes sur l‘Islam et les tribus maures, Paris, Ed. Ernest Leroux, 1921.
[10] Sur ce point, Boubrik observe que ces saints ont souvent dépassé la dimension proprement religieuse pour inscrire leur action de sainteté dans un projet politique et social. Boubrik, R., « L’islamisation du Sahara Occidental », in Sources travaux historiques, n°38-39, 1995, p. 35.
[11] Article 3 de la Constitution de la RASD.
[12] L‘Islam pratiqué au Sahara Occidental est sunnite, de rite malékite. Ce courant de pensée appelé anciennement École de Médine est axé sur l’enseignement de l’Imam Malik Ibn Anas qui vécut durant la période 715-795. Le Madhhab malikite est fondé avant tout sur la pratique communautaire médinoise de la Sunna.
[13] On trouve une mosquée dans chaque willaya.
[14] Thomas, M. R., Sahara et communauté, Paris, Ed. PUF, 1960.
[15] « Islam was never a state religion to the Saharawis. The religious faith was never used to rationalize for oppressive political and social institutions. As a result for this and their direct and relatively pure descendance from the original tribes of seventh century Arabia, the Saharawis themselves as practicing perhaps the most unadulterated from of Islam existing today, while Islam is the “official” religion of the SADR, it is treated as a private matter, not be imposed or enforced from above. »Zunes, S., « Participatory Democracy in the Sahara : A Study of Polisario Self-Governance », in Scandinavian Journal of Development Alternatives, vol. 7, septembre 1988, p. 149.
[16] Boubrik, R., op. cit., p. 35.
[17]Durant les 14ème et 15ème siècles, une organisation à la fois sociale et politique va émerger au Sahara Occidental. Sur ce point, Froberville met en exergue le fait qu’aucun phénomène d’attraction extérieure ne pu être possible, qu’il s’agisse du nord ou du sud, car la population y possédait une culture différente. Ibid.
[18] Saad, Z., Les chemins sahraouis de l’espérance, Paris, Ed. l‘Harmattan, 1987,p. 32.
[19] Au sein de la société sahraouie, le tribalisme a toujours été une référence sociale plutôt qu’un élément de division.
[20] Caratini, S., « Les Sahraouis : entre le temps et l’espace », in Sciences humaines, n° 15, janvier 1997, p. 44.
[21] Ibid.
[22] Dans son étude « De la division du travail social » (1893), Emile Durkheim distingue deux formes de solidarité : la solidarité mécanique fondée sur la ressemblance entre les individus. C’est une solidarité qui exigera l’adhésion totale au groupe, l’absorption des consciences individuelles dans les consciences collectives. La solidarité organique, pour sa part, est fondée sur les différences. C’est une solidarité basée sur la complémentarité. L’adhésion au groupe n’est pas totale, l’individualisme prévaut. Ces deux formes de solidarité correspondent à deux stades d’évolution des sociétés.
[23] L’existence dans les tribus sahraouies d’un Kafil constitue un autre facteur de distinction par rapport à la Mauritanie. L’institution du Kafil qui équivaut à celui d’un ambassadeur n’a jamais été d’usage dans les émirats mauritaniens. Notons également que contrairement au système mauritanien, la place des griots demeure absente de la société traditionnelle sahraouie.
[25] Cette solidarité se nomme Touwiza.
[26] Durant la période révolutionnaire, le Front Polisario a mis en place des programmes pour toutes les tranches de la population.
[27] Les parcours de nomadisation dépendaient de certains facteurs, les tribus tributaires de l’eau et de pâturages, nomadisaient depuis toujours sur des trabs (terroirs, territoires de nomadisme) qui se constituaient en fonction des rapports de force passés et présents. Les déplacements saisonniers rythment la vie des nomades. Des déplacements de plus de 100 km étaient fréquents.
[28] Chez les grands nomades chameliers, les zones de parcours couvraient plusieurs centaines de kilomètres, souvent plus de mille kilomètres. La majorité possédait un troupeau par tente, le minimum pour faire vivre une famille se situait entre vingt et trente chameaux. La répartition des richesses variait, plusieurs familles possédant plusieurs centaines de chameaux, d’autres presque pas.
[29] La Zakât est un impôt prélevé et fixé selon les règles coraniques. Dans cette société de subsistance, tout s’inscrivait jusqu’en 1950 dans une économie de don reposant sur un cadre tridimensionnel (donner, recevoir, rendre) propre au mode de vie bédouin. Monod, T., « Notes bibliographiques sur le Sahara Occidental », in Journal des Sociétés des Africanistes, vol. 3, 1993, pp. 129-196.
[30] Monteil, V., « L’évolution et la sédentarisation des nomades sahariens », in Revue internationale des sciences sociales, vol. 11, 1959, pp. 559-612.
[31] « After the discovery of phosphates mines, the territory of Western Sahara witnessed remarkable transformation in various spheres (…..) many Sahrawis, giving up their nomadic life, started living permanently in these towns which provided ample employment opportunities. » Saxena, S., Western Sahara : no alternative to armed struggle, New Dehli, Kalinga Publications, 1995, p. 111.
[32]En raison de l’importance de ses ressources en phosphates, le Sahara Occidental représente un grand intérêt économique. Durant les années 1960 et au début des années 1970, la plupart des Sahraouis avaient abandonné leur mode de vie traditionnel en raison de la sécheresse qui sévissait. Toutefois, la phase de sédentarisation la plus importante a eu lieu à partir de 1976, au moment du déclenchement de la lutte armée entre le Maroc et le Front Polisario.
[33] « Oubliant, par un réflexe d’européo-centrisme, que les chemins qui mènent à la construction des Etats modernes ne sont pas obligatoirement ceux empruntés par l’Occident chrétien.»Saad, Z., op. cit., p. 33.
[34] Clastres, P., La société contre l’État, Paris, Ed. de Minuit, 1991.
[35] Dans le même sens, Bontems observe que le concept de terra nullius permet par lui-même de justifier des prises de possession territoriales sans avoir à légitimer la violence en recourant aux explications classiques sur la mission civilisatrice du colonisateur. Bontems, C., La guerre du Sahara Occidental, Paris, Ed. PUF, 1984, p. 125.
[36] Bedjaoui, M., Terra nullius, droits historiques et autodétermination, La Haye, 1975.
[37] Chassey, F., L’étrier, la houe et le livre, Paris, Editions Anthropos, 1993.
[38] D’un point de vue sociopolitique, cette société se différencie donc des pays avoisinants par l’existence d’un système de pratiques et de comportements. Il paraît tout à fait approprié de parler d’un ensemble sahraoui ayant sa spécificité propre et se distinguant des populations des pays avoisinants.
Se reporter à l‘ouvrage de Douls, C., Voyages dans le Sahara Occidental, Rouen, Editions Cagniard, 1888.
[39] Dans l’ordonnance royale du 26 décembre 1884, l’Espagne a proclamé que le roi prenait le Rio de Oro sous sa protection sur la base d’accords conclus avec des chefs de tribus locaux. L’ordonnance se référait aux documents que les tribus avaient signés devant les représentants de la société espagnole des Africanistes. En conséquence l’Espagne n’a pas prétendu avoir conquis la souveraineté sur une terra nullius. § 80 de l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice.
[40] «The Sahrawis are a forgotten people. The war validates their existence. Without it, the world would have long since forgotten the refugees in the desert.» Hörler, E., «Forgotten war in the Western Sahara », in Swiss Review of World Affairs, vol. 41, April 1991, p.15.
[41] Comme le relève Froberville, des manifestations d’hostilité ont toujours prévalu face à toute forme d’incursion sur le territoire : « Tout au long de son histoire, le peuple du Sahara Occidental s’est montré réfractaire à toute domination manifestant à maintes reprises une redoutable hostilité à l’égard de ceux qui se sont hasardés à vouloir le soumettre. Quelle que soit l’ampleur de ses rivalités internes, celles-ci disparaissent dès que sa liberté est en danger. » Froberville de, M., Le Sahara Occidental : la confiance perdue, Paris, Editions l’Harmattan, 1996, p. 15.
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