par Nabil Benali
Celui qui consiste à nier toute réalité du peuple sahraoui et son représentant qu’est le Front Polisario et du coup toutes les institutions dont s’est dotée cette République désignée territoires occupés par toutes les résolutions de l’ONU et par le Droit international. Pour Rabat, le Front Polisario n’existe pas et, en fait, il n’existe aucun Sahraoui qui ne soit pas content de son sort sous la botte de l’armée royale. Tout ce qu’il y a, c’est un problème entre le Maroc et l’Algérie et rien d’autre. C’est d’ailleurs à ce titre que la diplomatie marocaine s’efforce, à longueur d’année, de convaincre les Etats qui comp- tent pour que le traitement du dossier sahraoui connaisse une inflexion qui aille dans le sens de cette thèse et qu’un jour on entend la communauté internationale demander à l’Algérie de discuter directement avec le Maroc sur la question.
La négation de la réalité et de l’existence même d’une revendication d’autodétermination explique, d’ailleurs, pourquoi il est facile pour les autorités marocaines de faire en sorte que leurs services de sécurité perpétuent les atteintes aux droits de l’homme et la répression, car du moment que le Sahraoui n’existe pas, il n’est donc pas un être humain et l’on peut donc se passer de le traiter comme tel. Telle est malheureusement l’une des appuis de la doctrine irrédentiste de la monarchie marocaine qui a fait de la récupération des terres du Royaume sa mission historique et le consensus à travers lequel, depuis le trône, Hassan II tente de tisser le contrat social et le consensus autour de son pou- voir. Aussi, plus la pression internationale monte sur Rabat dans l’espoir de l’amener à faire quelque concession sur un dossier où la communauté internationale à tout tenté sans succès, et surtout pour que le Maroc lève le pied sur la répression dans les territoires occupés et permette aussi le règlement de la question des réfugiés pour lesquels même le HCR ne peut plus grand-chose, plus le Maroc s’évertue à lancer ses provocations sur l’Algérie.
Cet exercice, aussi vieux que l’âge de la question sahraouie est devenu un procédé systématique qui n’a rien d’une simple diversion, mais qui demeure un aspect capital dans la défense des thèses marocaines. Ainsi, en est-il de l’affaire du drapeau algérien de la représentation algérienne à Casablanca. Il en est de même pour cette affaire de l’incident frontalier sur laquelle les autorités marocaines s’échauffent sans retenue et rien ne compte d’autre que de dire les termes du problème selon les points de vue du Maroc. La vérité, le bon voisinage, la construction maghrébine, etc, toutes ses valeurs qu’on croyait pouvoir poursuivre, ne parlons même pas de leur atteinte, des valeurs ressuscitées à la faveur du sommet de Marrakech avec la création de l’UMA, tout cela est mis de côté par une monarchie pour qui le temps est compté. Que l’on en juge ! Avec le printemps arabe qui a ébranlé le Maroc, bien que ce pays ait su s’en sortit à moindre frais entre les laïcs du 20 février et les islamistes qui ont porté Abdallah Benkirane au gouvernement. Le trône avait fait voter une réforme constitutionnelle faite à la hâte et impliquant une monarchie constitutionnelle de façade dans laquel- le le roi Mohamed VI garde tous les véritables pouvoirs (défense, diplomatie, etc).
La majorité parlementaire, elle, raflée par Al Aadl Zal Ihsane, est confinée aux dossiers techniques et à la gestion des sujets de société, domaine de prédilection des islamistes. Mais depuis quelques mois, l’exemple tunisien, où Ennahda mène le bal sans en donner l’air, est de plus en plus brandi au Maroc, encourageant les islamistes à rechercher un cadre politique plus vaste que la Constitution actuelle. On comprend bien qu’entre des autorités marocaines constamment en besoin de l’ennemi extérieure et des islamistes qui ne demandent qu’à faire prendre au pays le cap du printemps arabe, les autorités algériennes n’ont rien de plus pressé que de prendre toute la distance qui s’impose. Rabat ne vas pas s’arrêter pour autant. Et ce n’est pas sur Alger qu’il faut compter pour perdre son sang- froid. N. B.