La manip du Makhzen

Rabat accuse à tort l’armée algérienne d’avoir blessé un contrebandier marocain
Le royaume chérifien, à trop vouloir jouer avec le feu, est en train de subir de très sérieux retours de flamme.


Par Kamel Zaïdi
Plusieurs journaux marocains ont rapporté dans leur édition d’hier que notre ambassadeur aurait été convoqué par le ministère des Affaires étrangères sous le fallacieux prétexte que des tirs par armes à feu venus d’Algérie auraient prétendument blessé un sujet de sa majesté Mohamed VI. Loin de s’arrêter en si bon chemin, cette presse aux ordres a même publié une photo du supposé blessé, histoire de tenter de jouer sur les sentiments. 
Bie sur, l’Algérie a rejeté le même jour la présentation « fallacieuse » faite par la partie marocaine de la réaction des gardes-frontières algériens, sujets de provocation par un groupe de contrebandiers marocains, ainsi que son exploitation politico-médiatique « abusive ». 
De fait, notre  » ministère des Affaires étrangères rejette catégoriquement la présentation fallacieuse d’un incident survenu, le 18 octobre courant, à la frontière algéro-marocaine ainsi que l’exploitation politico-médiatique abusive qui en est faite par la partie marocaine », précise un communiqué du ministère. Le ministère a rappelé que « la réalité est qu’une patrouille de gardes-frontières qui a été ciblée, ce jour-là, par des jets de pierres lancés par un groupe de contrebandiers marocains a réagi d’une manière professionnelle, comme d’habitude, par deux tirs de sommation en l’air qui ne peuvent, en aucune manière, provoquer des blessures à l’une quelconque des personnes engagées dans l’acte de provocation ». 
« La manipulation des faits et l’escalade dans le discours des autorités marocaines à des fins, pour le moins inavouables, témoignent d’une attitude irresponsable qui ne sied point aux valeurs de fraternité et de bon voisinage qui lient les deux peuples », poursuit le ministère. « L’Algérie, qui déplore la propension de certains dirigeants marocains à travestir la vérité, rejette, encore une fois, le recours à ces méthodes provocatrices au moment où le contexte international et régional exige une relation sereine et constructive ainsi que de la retenue dans les actes comme dans les propos », a-t-on souligné de même source. « Cette inclination de la partie marocaine à détériorer délibérément le climat des relations bilatérales ne sert ni ses intérêts bien compris ni ceux des peuples de la région », déplore le ministère des Affaires étrangères. 
En matière de provocation, et sans revenir sur les propos ordurier du chef de la diplomatie marocaine tenue à propos du gouvernement algérien, rappelons juste le traitement qui avait été réservé au sujet coupable de graves atteintes à notre emblème national et de violation de la sacralité territoriale de notre consulat à Casablanca. Rabat, à travers cette grossière manipulation, cherche sans doute à faire oublier le rapport très positif dressé par l’ONG Human Right Watch à propos des camps de réfugiés sahraouis (voire notre hier de la veille), mais aussi et surtout les très sérieux risques d’attentats terroristes.
Risques majeures d’attentats terroristes
De fait, Le département d’Etat a mis en garde contre un « risque accru » de représailles de l’EI (Etat Islamique) contre les entreprises américaines opérant en Afrique du Nord, principalement au Maroc, en raison de la campagne militaire américaine contre cette organisation, selon Fox News. L’avertissement, « qui est spécifique au Maroc », est contenu dans un rapport en date du 7 octobre du Bureau de la sécurité diplomatique et de son Conseil consultatif sur la sécurité à l’étranger (OSAC) que la chaine américaine dit avoir obtenu. « Bien qu’aucune indication spécifique ou des renseignements crédibles ne soient cités, le message avertit que ,comme le gouvernement américain étend ses efforts de lutte contre l’EI, il y a un risque accru que le secteur privé des Etats-Unis et les intérêts civils peuvent être ciblés », note Fox News sur son site internet. Le rapport intitulé, « l’EI à l’extérieur de l’Irak et de la Syrie: le Maroc », avertit également que ce pays d’Afrique du Nord « a maintenant un des plus importants contingents de combattants étrangers – entre 1500 et 2000 – en Syrie et en Irak ». Le rapport souligne notamment les liens entre l’Etat islamique et ses membres dans d’autres pays, au moment ou les Etats-Unis pilonnent des positions de l’EIIL en Irak et en Syrie. L’avertissement du Conseil consultatif sur la sécurité à l’étranger détaille cinq incidents entre le 11 juillet et le 12 septembre au cours desquels les autorités marocaines ont démantelé des cellules de recrutement, avorté des tentatives et des efforts pour se rendre en Irak et en Syrie, ou relevé le niveau de menace, ajoute Fox News. « Sans donner les détails, il est dit (dans le rapport): Les autorités marocaines ont découvert des plans pour attaquer à l’intérieur du Maroc », indique la même source. Un analyste de la lutte antiterroriste cité par Fox News a déclaré que deux Marocains, deux anciens détenus de Guantanamo, Ibrahim Bin Shakaran et Mohammed al-Alami, « ont joué des rôles de premier plan avec des extrémistes d’Al-Qaïda en Syrie – avant l’annonce de leur mort ». La semaine passée, les Etats-Unis avaient déjà exprimé leurs craintes d’attentats perpétrés dans le monde contre des intérêts occidentaux, en représailles aux opérations militaires contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. « Les autorités pensent qu’il y a une probabilité croissante d’attentats de représailles contre des intérêts américains, occidentaux et ceux des partenaires de la coalition tout autour du globe, notamment au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Europe et en Asie », avait mis en garde la diplomatie américaine.
R.B.

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