Rentrée parlementaire, le discours indigne

« Le plus beau pays du monde » ne pouvait espérer plus belle prière. Dans son dernier discours, Mohammed VI qui n’en finit plus de se fourvoyer entre absentéisme coupable aux rendez-vous de la diplomatie internationale, cumul des pouvoirs, affairisme éhonté, répression des libertés, vient une fois de plus de se couvrir de ridicule, en paraphrasant celui qu’il a appelé son « Aïeul, le Prophète Sidna Mohammed, paix et salut sur Lui », priant la « Providence qu’elle accroisse le nombre de nos envieux…..seul celui qui n’a rien n’a pas d’envieux ! »
C’est bien un chef d’Etat qui a prononcé ces paroles indignes, à faire pâlir de honte, la dernière masseuse de Hammam et qui plus est, dans un hémicycle bondé de parlementaires, serrés en rangs d’oignons. Une démonstration supplémentaire que ni l’un, ni les autres ne méritaient la place qui est la leur. Le premier parce qu’il n’arrête pas de donner une piètre image de sa fonction, les seconds, parce qu’ils applaudissent aux exploits du premier et qu’ils donnent leur blanc seing à la répression qui permet à celui-ci, de perpétuer les pratiques héritées d’un autre temps.
Moment de lucidité ou peur du ridicule, l’agence de presse officielle MAP a supprimé le paragraphe en question, lorsqu’il s’est agi de traduire le discours, avant de se raviser quelques heures plus tard, et le réintégrer, sans aucune explication. L’énormité du propos n’aura donc pas échappé au principal intéressé, qui ose se prévaloir d’une ascendance noble, lorsqu’il s’adresse à ses compatriotes, dont la grande majorité a été sciemment plongée dans la misère, l’ignorance et l’analphabétisme, par le régime. Expurgé de son contenu au goût de ridicule, le discours, à destination de l’étranger, reprend des allures respectables, pour autant qu’on évite d’en vérifier le contenu à l’aune des marqueurs de l’économie marocaine et des conclusions des différentes agences de notations qui donnent le Maroc au fond de tous les classement, le dernier en date, étant l’index de liberté économique, publié par la Heritage Foundation et où notre pays dégringole à la cent troisième (103) place.
Tous les dictateurs en viennent, à plus ou moins brève échéance, à perdre le sens du ridicule et se croire autorisés à faire ce genre de déclarations indignes ou commettre les actes les plus ignominieux.
Mouammar Kadhafi avait, un jour, stupéfié ses interviewers, en citant le shampoing aux œufs, parmi les inventions diaboliques, comme seuls en étaient capables les américains. Il s’était réveillé un beau matin, en décrétant que tout locataire d’un bien immobilier en était désormais propriétaire.
Idi Amin Dada, mégalomane frappé d’une stupidité insondable, ne se contentait pas seulement de déclarations loufoques. Il était arrivé au sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1975, sur une chaise à porteurs, hissée sur les épaules de quatre britanniques. Il avait dit de lui-même :
-« Moi-même personnellement, je me considère comme la personne la plus puissante du monde ! »

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