Un caillou dans la babouche du roi !

La réouverture des frontières empoisonne la vie de Rabat – La fin de la matinée d’avant hier a été mouvementée du côté marocain, au point frontalier ‘Bin Ladjaraf’, situé à 1 km de Marsat Ben Mhidi. 
Ce sont une quarantaine de motards marocains, faisant partie de différentes associations et clubs sportifs, venus de plusieurs régions du royaume, qui se sont rassemblés, en ce point frontalier précis, pour être le plus proche du territoire national, afin de mieux faire passer leur message principal, appelant à la réouverture de la frontière algéro-marocaine, fermée depuis 1994. Du côté algérien, c’est car- rément l’indifférence. Seuls quelques gendarmes, pour des raisons de sécu- rité, étaient présents sur les lieux. Apropos de la réouverture de la frontière avec l’Algérie, les Marocains n’en démordent absolument pas. Et le Palais marocain ne rate aucune occasion pour inviter l’Algérie à lui  » faire don  » de l’ou- verture de ses frontières. C’est la énième tentative qui est diligentée par Rabat, pour proposer à Alger un tel « pro- gramme ». 
Depuis des années, les appels se succèdent du côté marocain, pour inviter l’Algérie à ouvrir ses frontières. Mais pourquoi le Maroc court-il tant après un tel objectif, qu’il sait relever de la chimère pourtant ? Et pourquoi les officiels de Rabat se font-ils une idée fixe de cette réouverture ? L’Algérie, qui n’est pas née avec les dernières pluies, sait très bien, qu’au-delà du forcing des officiels et des ficelles des diplomates et, maintenant des motards, il y a une nette hypocrisie qui refuse de dire son nom. Et le président Bouteflika n’a jamais man- qué de rappeler à M6, dans ses diffé- rents messages que  » les deux peuples sont frères. Les deux pays sont voisins et la normalisation est un joli programme.  » Et c’est tout. Car s’il est admis que les peuples algérien et maro- cain, sont frères tant par la proximité géographique que par les liens histori- ques, culturels et sociaux, il est aussi clair que sur le plan économique, il n’y a pas photo entre les deux pays. Les finances marocaines ne sont alimentées que par le tourisme, qui peut être très aléatoire. Et de la culture du hashish dont les douze milliards annuels ne profitent qu’à la caste dirigeante, particulièrement, aux généraux de sa majesté. Les deux sources financières marocai- nes ne sont utilisées que parcimonieu- sement et épisodiquement pour soutenir l’achat des produits de base nécessaires à la vie des Marocains. Si bien, que même si les frontières sont fermées depuis 1994, il ne se passe pas un jour où un produit algérien, de surcroît, large- ment subventionné par l’argent public algérien, ne soit proposé sur les étals de Oujda, de Nador, de Casablanca même.
Gasoil, essence, farine, lait, sucre, café, huile et nous en oublions…sont autant de produits pompés d’Algérie, pour être commercialisés au Maroc. En contrepartie, les contrebandiers marocains nous fourguent leur kif traité et leurs spiritueux frelatés. Vraiment, pas de quoi inspirer une ouverture des frontières  » au profit des deux peuples frères « . En Algérie, du côté du peuple et hormis les contreban- diers et les affairistes véreux, aucun citoyen honnête, quand bien même aurait-il des liens de parenté avec des Marocains, ne souhaite, – pour le moment, en tout cas – une réouverture des frontières avec un pays qui ne rate aucune occasion pour nous planter une dague acérée dans le dos. Et ces citoyens ne voudraient pas, au nom d’une fraternité souvent trahie et d’un voisinage de hasard, offrir notre économie à un Makhzen, dont les finances se tarissent à vue d’œil. Même le projet noble de la construction du Maghreb des peuples ne peut se faire sur le dos de l’économie de l’Algérie. Et sur le cadavre du Sahara Occidental… A. H.
La Tribune des Lecteurs, 30/09/2014
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