Malgré les interventions de la France en faveur du Maroc, la bataille des droits de l’homme au Sahara Occidental est devenue rude et elle se trouve dans un stade avancée. Comment en sommes-nous arrivés là, alors que l’ex-colonie espagnole, classée « territoire non autonomie » par les Nations unies depuis plus de 50 ans, attend toujours d’être décolonisée ? La réponse se trouve dans l’interventionnisme de Paris dans les coulisses du siège de l’ONU et dans les débats du Conseil de Sécurité.
Sous pression de l’Elysée, Javier Perez De Cuellar, Boutros-Ghali, Kofi Annan et Peter Van Walsum, ont tout fait pour venir en aide à un Maroc acculé par ses visées expansionnistes, en cherchant à effacer la preuve du caractère colonial de la question du Sahara Occidental et du droit du peuple sahraoui de choisir l’option d’indépendance s’il le souhaite.
La France, poussée par ses visées hégémoniques dans la région, a voulu faire fi de la légalité internationale. Ainsi, les responsables de l’ONU ont porté atteinte à la crédibilité des Nations Unies dans une affaire qui relève de ses résolutions en matière de décolonisation. Ils sont allés jusqu’à placer l’agresseur et l’agressé sur le même pied d’égalité en vue de forcer l’acceptation du prétendu plan d’autonomie marocain.
Mais, malgré les gestes faits en vue de satisfaire la volonté de l’enfant gâté marocain, les batailles serrées qui ont marqué les dernières assises du Conseil de sécurité et malgré la nullité des négociations directes et indirectes entre les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, aucun pays membre de ce Conseil n’a pu transgresser la raison d’être des Nations unies, en charge du dossier de décolonisation depuis près de quatre décennies. En d’autres termes, même si les lobbyes promarocains ont fait des ravages, l’ONU est restée attachée au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.
Le problème de l’ancienne colonie espagnole est un problème de décolonisation. Et, même si l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 16 octobre 1975 a été interprété autrement par le Maroc, le roi Hassan II a fini par s’engager, en 1981, à Nairobi, à respecter le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Le régime marocain a usé de tous les moyens, l’invasion, l’exil, le partage du territoire sahraoui avec la Mauritanie et la répression, mais a échoué dans son entreprise coloniale.
Dans le but de sauver la mise, le roi s’implique personnellement dans la campagne marocaine contre les responsables de l’ONU et contre le droit. Une campagne destinée à inverser la logique du conflit qui oppose le Maroc aux sahraouis.
Et les arguments sont si faibles que lorsque les Sahraouis qui vivent dans les territoires occupés, ont l’audace de s’exprimer, ou de revendiquer leurs droits, le même roi les accuse de traîtres et de « vouloir déstabiliser la démocratie marocaine » et de « porter atteinte aux acquis du Maroc ». Sauf que la communauté internationale a fini par comprendre que le roi alaouite n’a jamais voulu dépasser le stade des promesses jamais réalisées.
On peut tout dire du Maroc sauf qu’il a le désir de changer son système de gouvernance. Alors, arguer de démocratie c’est jeter de la poudre dans les yeux et se moquer de l’opinion publique marocaine et internationale. Le Sahara occidental n’est pas occupé par un pays démocratique mais archaïque. Par conséquent, prétendre espérer une amélioration de la situation des droits de l’homme par le Maroc, c’est une excuse pour le laisser agir à sa guise.
Ce sont là des vérités que le Secrétaire Général Ban Ki-moon et son Envoyé Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, ont bien compris et ils n’ont pas l’intention de répéter les erreurs de leurs prédécesseurs. Pour contraindre le Maroc à accepter la légalité internationale il faut regarder le Sahara Occidental en tant que territoire non-autonome, encore sous la responsabilité des Nations Unies, faire respecter les droits de l’homme et protéger les ressources naturelles locales et éloigner toute manifestation de complicité avec le Maroc au détriment des sahraouis et des résolutions onusiennes.