Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a accusé, hier, en conférence de presse au siège de l’ambassade de la RASD à Alger, le groupe des 5 du Conseil de sécurité de l’ONU, la France et l’Espagne , notamment, d’avoir pris en otage la question sahraouie. La déclaration intervient à la veille de la 69e Assemblée générale de l’ONU et de la visite attendue de Christopher Ross dans les territoires occupés.
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir)
L’accusation, qui n’est pas nouvelle, en somme, mais dont la portée pourrait être meilleure en cette conjoncture, tient du fait que c’est ce groupe, du moins la France et l’Espagne, qui a agi pour empêcher que la Minurso s’élargisse à l’observation du respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a déploré, ce disant, la bivalence dans la position du groupe des 5 relativement à la question des droits de l’Homme, intervenant dans certaines contrées au motif que les droits de l’Homme ne sont pas respectés et œuvrer pour empêcher que, au Polisario, la question soit soustraite à l’observation onusienne.
Mohamed Salem Ould Salek a appelé néanmoins l’Assemblée générale de l’ONU, qui se réunira dès la semaine prochaine, à prendre en charge la question sahraouie. «Si le royaume du Maroc, en tant que pays colonisateur et envahisseur, occupant par la force des armes depuis 1975 des pans entiers de la République sahraouie, fait tout pour prolonger son occupation, il est de la responsabilité des Nations Unies de régler cette question de colonisation et de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination», a soutenu le ministre sahraoui, appelant le roi du Maroc, Mohamed VI, à honorer les engagements pris par son père, à savoir l’application de l’accord de paix conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU et de l’Organisation de l’unité africaine.
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a affirmé qu’il est de la responsabilité de l’ONU de faire appliquer cet accord, passage obligatoire pour un règlement politique de la question sahraouie, laquelle reste une question de décolonisation.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie du Polisario a interpellé l’ONU afin qu’elle décide et fixe une limite au calendrier des pourparlers entre le Maroc et le Sahara occidental. Mais le Polisario a-t-il les moyens de faire pression sur l’instance onusienne ? Le ministre sahraoui des Affaires étrangères avoue n’avoir comme appuis que les pays amis et l’opinion internationale. N’empêche que les Sahraouis revendiquent des sanctions économiques et militaires contre le Maroc coupable, a affirmé Mohamed Salem Ould Salek, outre d’occuper des pans d’un territoire, de s’adonner au commerce de la drogue. «Le Maroc noie le marché international avec sa drogue qu’il commercialise à travers des réseaux criminels en Europe et dans les pays voisins et au Sahel et ce, sous la supervision des services de sécurité et des barons se trouvant dans les différentes structures du Makhzen», a-t-il accusé.
Interrogé s’il ne craignait pas que le référendum d’autodétermination accouche d’un résultat non escompté, à l’exemple de l’Ecosse, le ministre sahraoui des Affaires étrangères a affirmé que «le plus important est que la parole a été donnée au peuple». Il n’est pas resté sans rappeler l’exemple du Soudan où le référendum a permis aux Sud-Soudanais d’avoir leur indépendance.
S. A. I.
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