Après un wee-kend au vert à Ifrane, le gouvernement d’Abdelilah Benkirane se prépare à une rentrée sociale tendue, entre dossiers cruciaux à gérer et menaces des organisations syndicales.
1. La réforme du régime des retraites qui tarde
Promise depuis des années, la réforme du régime des retraites a encore pris du retard mal- gré la situation alarmante des finances de la Caisse marocaine des retraites. Les propositions faites par le cabinet Benkirane durant l’été ont réveillé de nombreux opposants au gouverne- ment, qui critiquent le relèvement de l’âge du départ à la retraite de 2 à 5 ans et l’augmentation du taux de cotisation. Cependant, l’Economiste livre dans son édition de mardi que le gouverne- ment a décidé ce week-end de débloquer 5 mil- liards de dirhams pour financer cette réforme.
2. La réforme de la Caisse de compensation doit être menée à terme
Le sujet est tabou, pourtant le PJD l’avait pris à bras le corps lors de la campagne électorale d’il y a trois ans. Le régime de compensation devait être réformé tant il accablait les caisses de l’Etat. Un effort a été entrepris puisque les dépenses liées à la Caisse de compensation se sont établies à 6,6 milliards de dirhams à fin mars 2014, contre 16,5 milliards un an auparavant, selon le bulletin de la Trésorerie générale du royaume publié en avril der- nier. Pourtant, la Cour des comptes appelle par l’intermédiaire de son président, Driss Jettou, à pour- suivre les efforts, notamment la décompensation totale de l’essence et du fuel industriel.
3. La promotion de l’emploi en berne
Le patronat et les syndicats sont inquiets quant à la politique d’austérité et aux décisions que va prendre le gouvernement Benkirane pour favoriser la relance de l’emploi. Et les chiffres ne se veulent pas rassurants. En effet, selon le Haut commissariat au plan (HCP), le taux de chômage est passé de 8,8% à 9,3% de la population active lors du deuxième trimestre 2014. Le taux de chômage national continue de grimper.
4. Le risque de grève générale et de menace sur la paix sociale
Face à cette situation sociale, la Confédération démocratique du travail (CDT) a appelé, samedi dernier, à l’organisation d’une grève nationale pour «protester contre la politique du gouvernement et sa gestion du dialogue social». Cette grève serait sui- vie par un sit-in devant le Parlement. L’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) n’est pas en reste et se dit déterminée à faire pression sur le gouvernement pour que celui-ci respecte ses engagements de concertation avec les centrales syndicales pour mener ces reformes décisives. L’UGMT reproche ainsi au gouvernement de mener ces questions sociales «de façon unilatérale et injuste», au détriment de la classe ouvrière marocaine. Un appel à la grève a été lancé pour le mercredi 24 septembre.
5. Le droit de grève remis en cause
Cette volonté assumée des principaux syndicats de rompre le climat d’apaisement social par des grèves sectorielles et générales n’est pas sur- prenant après la décision du gouvernement de systématiser la déduction des jours de grève des salaires des fonctionnaires grévistes, comme dans le privé. Cette annonce faite en novembre dernier par Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des Libertés, avait été suivie par des ordres de prélèvement sur les salaires des fonctionnaires grévistes de la Justice et de la Santé. Les enseignants grévistes ont également été touchés par cette «décision gouvernementale, appliquée dorénavant systématiquement».
M.C.
Le Jour d’Algérie, 18/09/2014
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