Un ressortissant sénégalais révèle : «La police marocaine dépouille les migrants de leurs biens»

Un citoyen s’en’egalais battu par la police marocaine
Algeriepatriotique : Vous avez lancé un appel à manifester devant l’ambassade du Maroc à Dakar pour dénoncer le «racisme ultra violent» que subissent les Subsahariens dans ce pays. Jusqu’où irez-vous dans votre action ?

Demba Moussa Dembele :Ce n’était pas notre Forum qui avait appelé à manifester, mais, bien sûr, nous sommes solidaires de toutes les actions visant à dénoncer ce crime monstrueux dont a été victime un jeune Sénégalais au Maroc.
Plusieurs décès de Subsahariens sont survenus ces derniers mois au Maroc. Une enquête est-elle en cours ? Sinon, comment expliquez-vous le silence des autorités marocaines face à ces crimes raciaux ? Le Makhzen est-il complice, selon vous ?
Selon le ministère sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, une enquête serait en cours par les autorités marocaines. Il semble même que des individus ont été arrêtés ces jours derniers. Une délégation du Conseil national des droits de l’Homme du royaume du Maroc (CNDH) a séjourné à Dakar la semaine dernière. Elle a rencontré les ministres de l’Intérieur et de la Justice ainsi que des associations de défense des droits humains. Le but de la visite était d’assurer aux autorités sénégalaises que des enquêtes sont en cours pour arrêter et punir les auteurs du meurtre du jeune Sénégalais. Ce qui est sûr, c’est que les autorités marocaines font tout pour apaiser la situation ; le gouvernement sénégalais également fait tout pour restaurer le calme et pour que les relations entre les deux pays ne se détériorent pas.
Ces agressions existent-elles depuis toujours ou bien sont-elles récentes ?
Il semble bien que ce n’est pas la première fois qu’il y a eu agression contre des Sénégalais et d’autres ressortissants de l’Afrique subsaharienne. Des témoignages recueillis dans la presse sénégalaise parlent de mauvais traitements, de harcèlements, d’intimidations quotidiennes et des difficultés de toutes sortes pour ces ressortissants au Maroc. C’est sûr que c’est lié à une certaine forme de racisme et de discrimination à l’égard des Africains.
La police marocaine est accusée par des ONG d’être derrière les crimes commis lors de violentes expulsions des migrants subsahariens qui ont eu lieu à Melilla. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? 

Cela est bien possible. D’ailleurs, la répression contre les migrants clandestins vient essentiellement de la police. Il y a eu des témoignages attestant que la police marocaine dépouille des migrants de tous leurs biens et les jette ensuite dans le désert sans aucune assistance. Il n’y a pas de doute que la police marocaine est complice des exactions commises contre les migrants sénégalais et d’autres nationalités.
Y a-t-il un reflux d’émigrés africains vers leur pays d’origine vu les conditions de vie inhumaines au Maroc ? Comment ces émigrés décrivent-ils ce pays ?
Oui, il y a eu des migrants qui ont été refoulés par le Maroc. Ils décrivent des conditions inhumaines dans lesquelles se passent ces expulsions. On se souvient des événements de Ceuta et Melilla en 2006, au cours desquels plusieurs migrants furent tués et d’autres jetés dans le désert.
Pourquoi cette animosité envers les Africains particulièrement ?
Il y a peut-être le sentiment que les Marocains ne sentent pas «africains» étant donné que leur pays ne fait plus partie de l’Union africaine. Cela peut s’expliquer aussi par le sentiment de frustration du citoyen marocain moyen face à une situation économique et sociale difficile qu’on imputerait en partie aux migrants.
Propos recueillis par Mohamed El-Ghazi

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