PAR MEZIANE CHAREF
Cela fait désormais vingt ans que la frontière algéro-marocaine est fermée. En dépit des appels incessants des autorités du Royaume pour sa réouverture, poussés sans doute par des considérations économiques internes, Alger refuse pour l’heure d’accéder à cette demande. Non pas que l’Algérie n’est pas intéressée par une éventuelle réouverture, d’autant qu’elle reste le souhait de beaucoup d’Algériens, de par les opportunités qu’elle présente pour les échanges autant humains qu’économiques, mais parce que dans le contexte actuel elle charrie beaucoup de risques. D’abord, au plan économique : l’Algérie aura beaucoup à perdre avec la contrebande, notamment à travers l’écoulement de produits algériens subventionnés, comme le blé, le lait ou encore le carburant. Ensuite, sur le plan sécuritaire : outre les risques de transferts de produits prohibés, comme les armes, il y a aussi le risque d’inondation du marché national par la drogue marocaine et dont des quantités sont quotidiennement saisies par les services de sécurité à nos frontières Ouest.
Mais au-delà de cette double considération, la fermeture de la frontière obéit à des considérations politiques. A ce jour, l’Algérie n’a toujours pas digéré l’accusation marocaine, à l’origine de la fermeture, selon laquelle l’attentat de Marrakech serait l’œuvre des services algériens. Aucune excuse officielle marocaine n’a été présentée à ce jour. A cela s’ajoute l’épineuse question sahraouie. Le Maroc ne cesse depuis de longues années d’accuser Alger d’aider le mouvement du Polisario et de torpiller la solution d’autonomie préconisée par la partie marocaine. Cette question d’ailleurs plombe même la construction du Maghreb. Alors que le Maroc en fait un préalable, l’Algérie plaide pour une autre démarche en laissant la gestion du dossier sahraoui par les instances onusiennes.
La fermeture de la frontière, au-delà qu’elle a constitué une mesure de réciprocité de la part d’Alger, demeure dans le contexte actuel une mesure de sécurité, de principe et de pression politique. Contrairement à Rabat, étouffée par une crise économique, qui cherche une bouée de sauvetage pour sa population.
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ReportersDZ, 26/08/2014