Le succès des Sahraouis fait peur au Maroc

Les travaux de l’université d’été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), abrités par la wilaya de Boumerdès, du 3 au 21 août 2014, ont tellement fait peur au Makhzen qu’il s’est cru obligé de lui consacrer pratiquement toute une émission de la chaîne marocaine de télévision Medi1TV. 
Au cours de cette émission, la voix du Makhzen a parlé à travers trois personnes, présentées comme des experts, venues réciter sur le plateau de télévision chacune sa partition, selon un scénario cousu de fil blanc et plein de maladresses qui dévoilent la mise en scène anti-algérienne. La réaction de panique des dirigeants marocains confirme que la lutte des Sahraouis est sur la bonne voie. 
Le nom de G’deim Izik, donné à l’université d’été, a enragé le Makhzen. On comprend pourquoi quand on sait que le campement G’deim Izik, à une dizaine de kilomètres de EL-Ayoune, au Sahara occidental, symbolise la résistance des Sahraouis et la revendication du respect de leurs droits. C’est là que, lundi 8 novembre 2010, des manifestations de Sahraouis pour l’indépendance ont été sauvagement réprimées par la police marocaine, entraînant des dizaines de morts et des centaines de blessés. 
Pour les agents du Makhzen, invités dans cette émission, l’université d’été concocte dans les «laboratoires de Boumerdès» -ce sont leurs propres termes- des stratégies de déstabilisation du Maroc. Ces agents se veulent lanceurs d’une alerte en direction de leur opinion publique pour faire croire que les manifestations des Sahraouis qui auront lieu sont le fait des «Algériens qui veulent prouver que le feu brûle dans la maison marocaine». Ces «experts» veulent empêcher l’inévitable, c’est-à-dire la répression qui sera filmée, et dont les images serviront à salir la réputation du Maroc. Ils inventent une tentative de déstabilisation d’origine algérienne pour suggérer que ce danger soit utilisé dans le but de neutraliser les protestations sociales, provoquées par la détérioration des conditions de vie de la population marocaine. Un scénario catastrophe -ce sont les termes mêmes employés par les «invités» de l’émission- destiné à éviter la déliquescence qui s’empare de la société marocaine, confrontée à une impasse créée par les nombreux problèmes sociaux non résolus. 
Au passage, la presse et l’élite en Algérie sont violemment prises à partie, les journalistes étant particulièrement visés pour avoir fait tout simplement leur travail : couvrir les travaux de l’université d’été du Polisario. Dans le fatras de propos jetés pêle-mêle par les pseudo-experts marocains, qu’il serait fastidieux de reprendre et trop facile à détruire, du fait de leur inconsistance, apparaît grossièrement le souhait de voir le Polisario assimilé au terrorisme qui sévit en Syrie et en Libye. 
Les «experts» marocains reprennent les stéréotypes qui remontent à la guerre froide, en évoquant les mouvements de libération nationale, à l’image du Polisario, qu’ils présentent comme des organisations terroristes. En fait, au Maroc, c’est encore la panique qui règne devant l’issue inévitable de la Question sahraouie, à savoir l’autodétermination, la décolonisation et l’indépendance du Sahara occidental.
M. B.

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