Frontières avec le Maroc : réouverture sous conditions

En fait, au Maroc, c’est encore la peur panique qui règne devant l’issue inévitable de la question sahraouie, à savoir l’autodétermination, la décolonisation et l’indépendance du Sahara occidental.
Hocine Adryen
La fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc fêtera aujourd’hui ses 20 ans. En 1994, à la suite à l’attentat de Marrakech qui a fait plusieurs morts, le Maroc décide unilatéralement d’imposer le visa à tous les Algériens désireux de se rendre au Maroc. A la suite de cette décision, l’Algérie ferme ses frontières avec le Maroc.
L’enquête qui a suivi montrera que cet attentat a été commandité de Paris par des Franco-Marocains. L’Algérie accusée injustement, se fâche et décide à son tour de mettre en place des visas pour les Marocains voulant entrer sur le territoire algérien. Après plusieurs jours, elle durcit le ton et décide de fermer sa frontière avec le Maroc. La frontière terrestre reste fermée à tout trafic depuis 1994. Dix ans après, soit le 31 juillet 2004, l’accès au territoire marocain n’est plus soumis aux formalités de visa. En 2005, le visa d’entrée en Algérie est levé à son tour par les autorités algériennes.
C’est à ce jour la plus longue frontière terrestre fermée. La frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc est longue de 1 559 kilomètres. Le 28 mai 1992, la chambre des représentants du royaume chérifien ratifie le traité de 1972 délimitant la frontière avec l’Algérie. Mais ce pays continue de réclamer une partie du Sahara algérien et la région de Tindouf. Avant-hier encore, la chaîne franco-marocaine Medi 1TV est revenue sur le sujet via des experts de sa majesté pour expliquer que le Maroc continue de revendiquer une partie du territoire du Sahara. Le makhzen s’est cru obligé de lui consacrer pratiquement toute une émission.
Au cours de celle-ci, le débat s’est limité à trois personnes, toutes présentées comme des experts, chacune officiant au sein d’un organisme ou d’un centre stratégique. Ces trois personnes, en plus de dire des contrevérités, ont toutes validé la thèse selon laquelle une grande partie du territoire du Sahara revient de droit au Maroc. Ces « experts », qui ont repris les thèses du dirigeant Allel el Fassi, un fervent partisan, sinon initiateur de l’idée du Grand Maroc allant de Saint-Louis du Sénégal à Oujda et incluant Tindouf en Algérie, sont allés même jusqu’à inventer une « tentative de déstabilisation » d’origine algérienne.
Au passage, la presse et l’élite en Algérie sont violemment prises à partie, les journalistes étant particulièrement visés pour avoir fait tout simplement leur travail. En fait, au Maroc, c’est encore la peur panique qui règne devant l’issue inévitable de la question sahraouie, à savoir l’autodétermination, la décolonisation et l’indépendance du Sahara occidental. En effet, au mois d’octobre prochain, Algériens et Marocains croiseront une nouvelle fois le fer à New York à l’occasion des travaux de la IVe commission des Nations unies sur la colonisation dont celle du Sahara occidental.
Mais les frontières resteront fermées tant que les contentieux qui existent entre les deux pays ne sont pas réglés. L’Algérie continue de réclamer un débat de fond sur toutes les questions qui fâchent. De son côté, le Maroc ne veut pas discuter de ces sujets et semble se focaliser uniquement sur la seule question de la réouverture des frontières. Une aubaine pour le roi du Maroc qui pense tirer profit de cette décision pour développer les villes frontalières du royaume, soumises ces dernières années à des soulèvements sporadiques pour exiger une meilleure distribution des richesses.
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