La saisie du cannabis marocain a augmenté de 2 500% en 10 ans

En dix ans, les saisies en Algérie des quantités de résine de cannabis en provenance du Maroc n’ont pas doublé, triplé, ni même centuplé.
Par Hasna Yacoub
En fait, l’inconcevable augmentation enregistrée est de 2 500% ! Selon l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt), les quantités de résine de cannabis saisies ont atteint plus de 614 tonnes durant la période allant de 2003 à 2013. «Les quantités de résine de cannabis saisies en Algérie ont atteint 
614 tonnes en dix ans, passant de plus de 8 tonnes en 2003 à plus de 211 tonnes en 2013, soit une augmentation estimée à plus de 2 500%», a déclaré à l’APS le directeur général par intérim de l’Office, Mohamed Benhalla. 
Il a relevé que les chiffres démontrent une «hausse exponentielle des quantités de résine de cannabis saisies provenant du Maroc». «En Algérie, les quantités de résine de cannabis saisies en 2004 ont dépassé 12 tonnes. Depuis 2008, ces quantités sont devenues de plus en plus importantes. En 2012 ces quantités ont dépassé 157 tonnes», a souligné M. Benhalla, ajoutant que ces saisies «démontrent que d’importantes quantités de drogue sont déversées en Algérie, qui reste un pays de transit et fait l’objet d’un ‘‘drug bombing’’ (bombardement de drogue) du Maroc». Selon ce responsable, les quantités saisies en Algérie «ne représentent que le 1/3 des quantités que font transiter les trafiquants vers d’autres pays».
Ce qui confirme donc les rapports d’organismes internationaux sur le classement du Maroc comme premier pays producteur de résine de cannabis. Selon le rapport de l’Office des Nations unies pour la drogue et le crime (Onudc) pour l’année 2014, la superficie consacrée à la culture de cannabis au Maroc est estimée à 57 000 hectares, contre 10 000 hectares en Afghanistan. Ces chiffres viennent 
conforter le rapport élaboré par l’Observatoire européen de toxicomanie et de drogue, publié à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la drogue et le trafic illicite, le 26 juin 2014. Selon ce rapport, le Maroc a maintenu sa place en tant que principal pays exportateur de résine de cannabis (hachich) vers les pays européens. 
Rappelons à ce propos que les officiels marocains qui ont réagi à la publication du bilan de lutte antidrogue de l’Onltd, ont affirmé que le Maroc a entrepris une démarche volontariste avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onduc) afin de réduire progressivement la culture et le trafic du cannabis. Selon le ministre marocain de l’Intérieur, «grâce aux efforts colossaux accomplis par le Royaume du Maroc, les superficies cultivées ont ainsi été réduites de 65%, passant de 134 000 ha à 47 000 ha». Avant de poursuivre, qu’à très court terme, l’objectif visé par le Maroc «qui a toujours traité cette question de la culture de cannabis avec transparence et détermination, est de réduire ces superficies à moins de 30 000 ha cultivables, dans la perspective de l’éradication totale». Que ce soit 57 000 ou 47 000 ha, le ministre marocain de l’Intérieur ne pouvait pas nier le fait que son pays est le plus grand 
producteur de résine de cannabis, bien loin devant l’Afghanistan. Il a cependant omis de dire qu’au Royaume Chérifien, le débat sur la légalisation de la culture de cette drogue a commencé en se contentant d’accuser l’Algérie de «polémiquer sur une question aussi importante qui concerne la santé et la sécurité des 
populations» au lieu d’«inscrire ses actions dans une logique constructive pour lutter contre les crimes transfrontaliers, notamment le trafic de drogue». Encore mieux, le ministre marocain a même accusé l’Algérie d’être pourvoyeur de psychotropes et de cocaïne. 
Dans les déclarations de ce responsable marocain, l’Algérie partage un seul point. Il s’agit bien d’une question importante qui concerne la santé et la 
sécurité des populations. Et à ce propos, M. Benhalla a affirmé que l’Algérie, qui n’a jamais cessé de soulever le problème de la résine de cannabis sur la scène internationale, notamment au niveau de l’Onudc, «a exprimé son inquiétude pour la santé des Algériens et l’évolution de la criminalité». «La résine de 
cannabis, qui est la drogue la plus consommée en Afrique, représente un danger réel pour les pays de ce continent dont l’Algérie», a-t-il averti, mettant en avant «les moyens humains, matériels et financiers mobilisés par l’Algérie dans le cadre de la politique de lutte» contre ce fléau. «Cela pèse énormément sur le budget de l’Etat», a-t-il relevé. Il a enfin ajouté que toutes les quantités de 
drogue saisies sont détruites, conformément «au décret exécutif n°07-230 du 30 juillet fixant les modalités de prise en charge des plantes et substances saisies ou confisquées», dans le cadre de la loi sur la prévention et la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. 
H. Y.
http://www.latribune-dz.com/news/article.php?id_article=7951

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