Les raisons du laisser faire marocain face à la culture de cannabis : AGGRAVATION DU CHÔMAGE ET SOUMISSION AU FMI

À chaque échéance dans le dossier de décolonisation du Sahara occidental, les dirigeants marocains abreuvent leurs concitoyens de propos anti-algériens. Les échecs économiques, malgré le soutien de la France et de l’Union européenne, sont démontrés par le recours incessant à l’aide du Fonds monétaire international. Attac Maroc, une ONG reconnue, s’élève contre les décisions politiques qui libéralisent encore plus l’économie et appauvrissent la population. De son côté, le Haut Commissariat au Plan marocain (HCP) a révélé, mardi 5 août, une hausse du chômage entre le deuxième trimestre de l’année 2013 et le deuxième trimestre de l’année 2014, particulièrement chez les jeunes
Par Karim Benabdelkader
La situation économique et politique au Maroc n’est pas bonne. Les chiffres et les échéances montrent que la fin de l’année risque d’être explosive pour les dirigeants du Royaume Chérifien. 
Ainsi le HCP estime que le nombre de demandeurs d’emploi au Maroc a atteint 1 114 000, soit une augmentation de 65 000, dont 39 000 vivent en milieu urbain et 26 000 dans les régions rurales. Le taux de chômage est ainsi passé de 8,8 à 9,3 pour cent. Le chômage reste élevé parmi certaines catégories de la population, en particulier chez les diplômés et chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans. Si ce taux de chômage n’est que de 4,1 pour cent chez les non diplômés, il reste encore élevé parmi les diplômés de niveau moyen, à 15,5 pour cent, notamment parmi ceux issus de la formation professionnelle (20,9 pour cent), et chez les diplômés de l’enseignement supérieur (20,3 pour cent), en particulier ceux des universités (22,5 pour cent), ajoute la même source. Chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans vivant en milieu urbain, le taux de chômage est de 35,2 pour cent chez les hommes et de 40 pour cent chez les femmes. Près des deux tiers (63 pour cent) des chômeurs sont sans emploi depuis plus d’un an. Les derniers chiffres publiés par le HCP exigent une action de la part du gouvernement, qui est appelé à accélérer la mise en œuvre de sa nouvelle stratégie en faveur de l’emploi, estiment les experts marocains. 
Le gouvernement n’a encore rien fait de concret pour promouvoir l’emploi des jeunes, alors que les partis politiques qui forment la coalition gouvernementale, dirigée par le Parti pour la justice et le développement (PJD), s’étaient engagés à limiter l’impact du chômage notamment chez les jeunes, selon le sociologue Mounir Chahid.
Ces derniers souffrent de plus en plus du chômage, affirme-t-il. Il s’avère nécessaire de penser à renforcer les capacités professionnelles des jeunes, notamment des diplômés des universités, afin qu’ils puissent intégrer le secteur privé, d’autant plus que le gouvernement a limité l’emploi dans la Fonction publique, ajoute-t-il.
Le politologue Mohamed Bandri souligne que le récent verdict de la cour d’appel qui a rejeté la demande des diplômés chômeurs, est censé mettre fin à la polémique suscitée depuis plusieurs mois par le refus de Benkirane d’appliquer la décision de l’ancien gouvernement d’embaucher quelque quatre mille diplômés sans passer par la voie des concours. Une situation de l’emploi qui ne milite pas en faveur de l’éradication de la culture de cannabis. Ce secteur emploie près de 800 mille marocains et génère des montants non négligeables pour l’économie marocaine.
De son côté Attac Maroc, estime que les accords de leur pays avec le FMI ne servent pas l’économie marocaine. L’ONG affirme que le renouvellement de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 5 milliards de dollars au profit du Maroc, pour les 24 mois à venir, à partir d’août 2014, est un mauvais accord. «Le Maroc a dû recourir à cet instrument une première fois en août 2012 pour un montant de 6,2 milliards de dollars. 
Une ligne de crédit qui n’a pas été utilisée par le gouvernement mais qui a toutefois payé des commissions!», peut-on lire dans le communiqué. «Le renouvellement de cette ligne de crédit est le signe que l’économie marocaine rencontre de grandes difficultés. Le pays est menacé par la récession de l’économie mondiale (chocs externes), spécifiquement des pays de l’UE dont le Maroc est fort dépendant. Cette situation se manifeste par le recul des réserves en devises, le repli des transferts des Marocains résidents à l’étranger, et la stagnation des recettes du tourisme. Les investissements directs étrangers, sont également en baisse et ont enregistré une chute de 38,9% durant le premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013. Et par conséquent, la 
couverture des exportations par les importations risque de connaître le même sort. Les recettes de l’Etat connaissent également une baisse causée par la politique de libéralisation généralisée (privatisation des entreprises rentables, rapatriement des dividendes des multinationales installées au Maroc, exonérations fiscales au profit des grandes entreprises) et la signature d’une flopée d’accords de libre-échange marquée par le démantèlement du système douanier. Malgré des finances publiques aux rouges, le remboursement de la dette publique n’a pas connu de répit.» «Au service de la dette, s’ajoute la fuite des capitaux et le pillage des deniers publics», ajoute l’ONG en faisant le détail de ce qui ne va pas au Royaume du cannabis.
Pour avoir accordé cette ligne de crédit, le FMI impose ses conditions pour réduire le triple déficit : celui de la balance des paiements, de la balance commerciale et budgétaire. Pour réduire les deux premiers, le FMI recommande de recourir à de nouveaux emprunts sur le marché international (dette bilatérale, multilatérale ou des LPL). Pour le troisième, le FMI fixe comme objectif pour le Maroc d’atteindre un déficit budgétaire de 3% à l’horizon 2017. Pour y arriver, l’institution conditionne son soutien par une politique d’austérité, couvrant trois axes principaux. 
Le gouvernement Benkirane va donc geler les salaires dans la Fonction publique et les établissements publics, réduire des postes budgétaires dans le secteur public, des cotisations sociales de l’Etat en «réformant» le système des retraites. Il procédera au démantèlement de la Caisse de compensation pour la remplacer par des aides directes.
 
Il réduira ou gèlera les budgets des secteurs sociaux (éducation, santé et habitat) aussi bien pour les dépenses de fonctionnement que pour celles d’investissement.
Pour soutenir la croissance, le FMI recommande à l’Etat de continuer ses «réformes structurelles» au bénéfice du grand capital étranger et local, le tout sous le vocable de «l’amélioration du climat des affaires». 
Il s’agit de subventionner «la compétitivité» des secteurs d’exportation, faciliter l’accès aux crédits, approfondir la flexibilité des taux de change, des exonérations fiscales, d’ouvrir de zones franches, de mettre des infrastructures à disposition (autoroutes, ports, etc….) et d’ouvrir des secteurs sociaux à l’investissement privé.
Pour réussir ces «réformes difficiles», le FMI prêche «la bonne gouvernance» et «l’ouverture d’un dialogue social de haute qualité». Afin d’éviter le danger d’explosions sociales (chocs internes), suite à ces mesures, le FMI exige que le gouvernement obtienne le soutien des syndicats, de l’opposition parlementaire, de la «société civile» afin de faire passer ces plans destructeurs.
L’ONG marocaine estime que «le peuple marocain n’est pas à sa première cure d’austérité, recommandée par le FMI. Les citoyens ont chèrement payé le prix du Programme d’ajustement structurel dès le début des années 80. Le Maroc continue d’être un mauvais élève en matière de développement humain. Le chômage de masse, la pauvreté et la précarité sont le lot de larges pans de la société. Mais nos gouvernants s’acharnent à appliquer ces conditionnalités». Leur «feuille de route» ne fera qu’approfondir la crise sociale actuelle. Le tout avec la bénédiction d’un Parlement sans légitimité populaire. 
Ces nouvelles «réformes structurelles ont pour objectif de faire supporter aux salariés et aux classes populaires, le coût de l’échec d’un modèle de développement basé sur la dette et une économie extravertie».
Au regard de ces deux constats fait par des Marocains, une ONG et une institution officielle, il est facile de déduire que les dirigeants de notre voisin de l’Ouest ne sont pas prêts de combattre de manière efficace le trafic transfrontalier qui nourrit une des régions les plus frondeuse du Maroc. 
K. B. 
http://www.latribune-dz.com/news/article.php?id_article=7867

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