Vérité axiomatique

Hammada Ould Kheirou
Par Mohamed Abdoun
Brahim Ahmed Mahmoud, secrétaire d’Etat sahraoui à la documentation et la sécurité, n’a pas été par plusieurs chemins, lors de l’université d’été du Polisario, qui se tient présentement à Boumerdès, pour relever que  » la politique expansionniste du Maroc et l’exportation de la drogue constituent les principales menaces pour la paix et la stabilité dans la région du Maghreb « . Avant lui, le premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb Oumar, avait été encore plus incisif en révélant le MUJAO (mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) était une création de ses services secrets de sa majesté Mohamed VI. 
Ce groupe, qui écume la vaste bande sahélo-saharienne, permet de couvrir les opérations de trafic de drogue menées par le royaume chérifien à l’échelle planétaire. Et comme le Maroc n’hésite jamais à faire d’une pierre plusieurs coups, il a également instrumentalisé ce groupe afin de mener des attentats terroristes contre les intérêts algériens et sahraouis. Le Mujao, dont la naissance est aussi énigmatique que récente, n’a jamais rien fait d’autre que cela. C’est en effet lui qui se trouve derrière les attentats qui avaient visé les brigades de gendarmerie de Ouargla et de Tamanrasset. C’est également lui qui se trouve derrière l’enlèvement de trois travailleurs humanitaires européens dans le camp sahraoui de Rabouni, sis à Tindouf, en territoire algérien. 
Enfin, le Mujao est également l’auteur de l’enlèvement de nos diplomates basés à Gao, dans le nord du Mali, lorsque cette ville était tombée aux mains des terroristes, après avoir été  » libérée  » pendant un temps par les combattants touaregs du MNLA (mouvement national pour la libération de l’Azawad). Pour la petite histoire, et pour expliquer pourquoi les puissances occidentales laissent le Maroc agir à sa guise, comme une entité criminelle et terroriste, signalons cette anecdote, non sans rappeler que Rabat accepte également d’être le  » vassal  » des puissants de ce monde, acceptant que soit ouvertes sur son territoire des  » prisons secrètes  » de la CIA, et de jouer le rôle ingrat du  » garde-chiourmes  » dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine. 
A peine quelques mois avant la naissance du Mujao, Paris avait payé une forte somme d’argent à l’AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique) en vue de l’obtention de la libération d’un agent des services secrets français présenté comme un travailleurs humanitaire, Pierre Camatte en l’occurrence. La France, qui s’était rendue coupable ici, et à maintes autres occasions, de financement direct du terrorisme, avait poussé le bouchon encore plus loin. 
Si l’on passe sur le fait que le président de l’époque, Nicolas Sarkozy en l’occurrence, était personnellement allé à la rencontre de Camatte à… Bamako, Paris avait également obtenu du chef de l’Etat malien de cette époque, Amadou Toumani Touré, ATT pour les intimes, la libération de plusieurs dangereux terroristes. Cela avait même poussé Alger et Nouakchott à rappeler leurs ambassadeurs respectifs  » pour consultations « , tant le coup était difficile à supporter. Il ne pouvait, au reste, pas en être autrement lorsque l’on sait que l’un des chefs, membre fondateur et guide spirituel du Mujao n’est autre qu’un certain Ould Kheiro. Ce dernier, et le lecteur l’aura forcément deviné, faisait partie des quatre criminels libérés par Bamako sur demande instante de la France. Une fois cette chute bien  » digérée « , le lecteur est cordialement prié de revenir au début de cet éditorial, afin de le relire sous un œil neuf, et se rendre compte à quel point le chef de la diplomatie marocaine actuel devait avoir en face de lui un miroir quand il prononçait le  » minable  » dans une phrase appelée à rester dans les annales. M. A.
http://www.tribunelecteurs.com/fichier/13_8_2014/edito_13.html

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