Mais enfin, que veut le Maroc ?

Dans le Grand Maghreb et même dans l’Afrique du Nord, nos peuples ont la même racine. Une Histoire millénaire, une culture riche, variée et néanmoins commune. Si l’Histoire est commune, nécessairement l’avenir aussi l’est. Jusqu’à là, ces évidences s’imposent à tous mais au quotidien elles semblent perdre de leur force. Ce sont les jeux politiciens et les sombres intérêts des palais divers qui l’emportent sur la raison d’État et de l’Histoire. Au-delà de ces mesquineries, ce sont aussi les traditionnels intérêts des anciennes puissances coloniales devenues plus puissantes encore et plus subtiles dans la perpétuation du « protectorat ». Il importe peu que le Sultan soit cent mille fois plus riche que le président élu de la « métropole », c’est ce dernier qui dicte la loi. Paradoxalement, plus le premier s’enrichit plus le deuxième a de la latitude pour le faire. C’est le fait des modes de gestion des États. Des États gérés avec de la corruption, des détournements de biens publics et de l’enrichissement illicites fragilisent leurs gouvernants et les rendent vulnérables d’autant plus que leurs fortunes trouvent asile dans ces mêmes « métropoles ». De leur coté, les États puissants, basés sur un système capitaliste de création de richesses, de firmes à la griffe imposante et de multinationales centenaires d’origine, avides d’exploitation de toutes les intelligences des uns et des ressources naturelles des autres, s’arrangent par un système démocratique de faire élire le plus apte homme politique du moment pour gérer l’État en fonction de ces intérêts biens compris. Nécessairement, ce n’est pas la puissance personnelle de l’heureux élu qui compte mais celle de la Nation qu’il représente. C’est le nœud historique de la dépendance des uns vis à vis des autres.
Si dans nos pays du Maghreb des forces existent pour sortir de ce cercle vicieux de la dépendance, le Maroc, le palais chérifien, s’inscrit dans la logique coloniale à la fois de serviteur et de sultan. Serviteur des puissances occidentales et prétentions démesurées sur la région.
Le Sahara Occidental
Cette logique l’a mené à l’occupation du Saha Occidental après le départ de l’Espagne qui s’était honteusement débinée de ses devoirs internationaux de décolonisation. C’est simplement par la négation d’une entité sahraouie distincte du Maroc, que ce dernier avait entamé en 73 « la marche verte » c’est-à-dire une occupation pure et simple de ce petit pays à l’État embryonnaire et à la population faible. Le royaume chérifien venait de confirmer, à nouveau, sa nature prédatrice et ses ambitions illégitimes. Il l’avait fait avec un autre voisin au lendemain même de son indépendance (63) : l’Algérie. Récemment, il a récidivé avec le Mali et la Tunisie. Déstabilisés par des remous internes et menacés d’éclatement, ces pays ont reçus les « offres de services » de sa majesté ! C’est le travail de la Yenne, des charognards. A moins d’un génocide total les sahraouis existent et leur pays aussi. Inéluctablement, leur indépendance est certaine.
Une économie basée sur le racket et le cannabis
Dans beaucoup de domaines, l’économie du Maroc est bien structurée notamment dans son système bancaire, son tourisme et ses palaces, ces PME etc. Mais plus que chez les Ben Ali de Tunisie, la main du Roi est systématiquement tendue non seulement pour l’horrible baisemain mais aussi pour exiger des parts importantes des dividendes et des actions. C’est le deuxième impôt dont souffrent nombre d’investisseurs marocains sauf que le tout est intégré dans un système global plus ou moins équilibré jusqu’à là mais condamné à terme. C’est donc de la servilité pour la puissance occidentale et la prédation pour les voisins qui venaient à se retrouver vulnérable. C’est la rente du roi.
Dépourvu de gisement de gaz et de pétrole, le Maroc développe à outrance la culture du cannabis légalement et encourage son exportation. Aujourd’hui l’industrie du cannabis constitue 10 % de son PIB. Évidemment, ses premiers clients sont ses voisins immédiats.
Relations avec l’Algérie
Sur le plan économique, le Maroc voudrait avoir des frontières perméables avec l’Algérie sauf pour les terroristes. Cela lui permettra d’écouler le cannabis et des psychotropes à faire choutter la moitié de la planète et en contrepartie d’importer une forte partie de la rente pétrolière algérienne. Il s’agit du carburant, du lait, du pain de la semoule et de tous les produits subventionnés. Les autorités marocaine redoublerons de véracité car sommées par le FMI de mettre un terme aux subventions du carburant. Cette mesure reportée plusieurs fois risque de provoquer des troubles publiques ce qui les inquiètent à plus d’un titre.
Du Grand Maghreb et de l’UMA
L’Union du Maghreb Arabe est mal partie. D’abord pour sa dénomination qui finira par être contestée à juste titre. Le Maghreb est foncièrement Berbère et la notion d’ »Arabe » est utilisée depuis longtemps comme négation et rejet de cette dimension par petits calculs politiciens. Par ailleurs, comment faire une union entre des Etats aussi instables et autocratiques si non par des compromis boiteux sans lendemains et trop liés aux conjonctures. L’expérience de cette mésaventure le prouve incontestablement. C’est une union de la non-citoyenneté qui ne peut avoir d’existence qu’aux sommets de superstructures fragiles et non pérennes. De ce fait, elle exclue l’adhésion des peuples au projet actuel qui ne peut-être que bureaucratique et démagogique. Ce n’est pas le faste des palais de conférences et autres lieux officiels des rencontres qui donnera de la substance et de la force à ce mort-né. C’est du fric jeté par les fenêtres et du bouillon pour les morts. Les comparaisons répétées avec l’UE sont caricaturales et burlesques. L’UE c’est d’abord une union d’Etats de droit et ses fondements se sont bâtis par de longs processus démocratiques. L’Union Maghrébine existe réellement au sein des populations, des peuples. Elle se construit depuis des siècles, elle s’épanouie par la multiplication des échanges y compris familiaux. Elle se construit aussi aujourd’hui par la convergence des combats démocratiques pour l’acquisition de la citoyenneté et la modernité. Tels sont les véritables fondements de cette union. Les institutions de l’Union ne peuvent se construire dans l’immédiat sur un socle éclectique, bureaucratique et franchement contestable.
Le Makhzen ne l’ignore pas, il a souvent profité de l’indigence intellectuelle des dirigeants des autres pays ce qui l’a encouragé à vouloir jouer un rôle de leader dans la région. Ces dernières gesticulations pathétiques au Mali et en Tunisie, ces attaques disgracieuses envers l’Algérie et son arsenal de propagande obsolète révèlent des prémisses d’une crise profonde. Notre espoir est que le peuple marocain n’ait pas à en souffrir.

http://leprovincial.com/mais-enfin-que-veut-le-maroc/

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