IYAD AG GHALI L’EX-REBELLE TOUAREG S’EN PREND À L’ALGÉRIE

Nordine Mzalla
Vidéo propagande. A la Ben Laden, discours religieux et kalachnikov… Iyad Ag Ghali, le chef touareg reconverti chez Al-Qaïda, revient sur la vaste scène sahélo-saharienne. Officiellement au compte d’Ansar Eddine. Pourtant, son parcours incohérent par rapport au pouvoir malien et de ses frères d’armes de la rébellion laisse penser que le chef d’hier n’est plus qu’un pion aux mains d’acteurs
de l’ombre. Vidéo.
Le rebelle touareg malien Iyad Ag Ghali vient de réapparaître après s’être éclipsé un temps suite à l’opération militaire française Serval dans le nord du Mali.
Dans une vidéo au standard d’Al-Qaïda et datant du 5 août dernier, mêlant propagande guerrière au discours islamiste anti-occidental, l’ex-fin négociateur de l’insurrection de l’Azawad confirme sa reconversion dans le terrorisme international. L’enfant terrible de Kidal cible aussi l’Algérie qu’il désigne comme « un allié des croisés » dans sa diatribe enflammée. Connu pour sa duplicité d’agent double, voire triple, ayant servi simultanément plusieurs officines étrangères qui défendent des intérêts inavoués au Sahel, Iyad Ag Ghali n’est certainement pas monté au créneau en ce début de mois par hasard. Coup d’œil sur le timing d’un terroriste touareg plus qu’opportuniste.
Médiation algérienne prometteuse entre les groupes armés de la rébellion du Septentrion malien et les autorités de Bamako, sommet afro-américain ayant abordé la question de la sécurité sur le continent noir avec acuité, détermination régionale dans le cadre des pays du champ à éradiquer le terrorisme… bien des raisons d’inquiéter une mouvance terroriste en difficulté depuis l’opportunité du printemps de l’année 2012, dont elle profita pour récupérer une insurrection politique en occupation « jihadiste » des trois quarts du Mali, pays pourtant à majorité musulmane. C’est d’ailleurs ce qui ressort des propos du chef d’Ansar Eddine, tantôt menaçant tantôt se plaignant des « croisés » par un énoncé décliné en arabe littéraire à l’orientale, lui qui prétend s’adresser à la population sahélienne sans daigner utiliser l’une des langues en usage dans la région. On comprend donc que le rebelle touareg a encore une fois tourné la veste et inscrit son action dans une entreprise politique supra nationale dont nombre d’intrigants sont domiciliés dans quelques pays du Moyen-Orient.
Son appartenance à la nébuleuse Al-Qaïda, Ag Ghaly la revendique. Le groupe Ansar Eddine étant né en réalité d’une bataille de leadership avec ses frères du MNLA. De nombreux témoignages à son sujet convergent et expliquent la radicalisation islamiste d’Iyad l’épicurien, amateur de bonnes bouteilles et de bien d’autres plaisirs : « Notre frère Iyad, si intelligent et si courageux, souffre malheureusement de sa mégalomanie. Il veut toujours être le chef, le préféré des militants de base, le chouchou du pouvoir central de Bamako, le confident des émissaires de Paris, le dévoué du Qatar, l’informateur de l’aristocratie saoudienne, le complice des agents du Maroc… Il prétend que son appartenance à la noblesse locale suffit à l’absoudre de tous ses péchés.
A cause de son ego, il remet en question, le soir, des principes pour lesquels lui et ses compagnons ont risqué de mourir le matin. Cela fait longtemps que plus aucun militant sérieux de l’Azawad ne fait plus confiance à Iyad Ag Ghali. » Notre interlocuteur, bien placé dans la hiérarchie d’un groupe armé de rebelles ajoute : « Iyad abuse de la protection tribale, de notre respect de la tradition mais en prêtant allégeance à des mercenaires tout aussi étrangers que les Français ou les « croisés » dont il parle ; ce félon a hypothéqué notre soulèvement pour nos droits sociaux et identitaires.
Il a pollué notre combat par l’intrusion du terrorisme comme les narcotrafiquants ont sali notre communauté en recrutant des Touareg ou des Azawadiens dans l’escorte de la drogue.
Iyad, otage de ses maîtres ?
Un commentaire qui en dit long sur l’isolement d’une figure ancienne du combat politique touareg qui a mal tourné. L’homme est classé par le Département d’Etat américain sur la liste des terroristes les plus recherchés et sa tête est mise à prix. Habitué des intrigues diplomatiques, Iyad Ag Ghali table peut-être sur un coup de poker en voulant se donner plus d’importance qu’il n’en a dans cette complexe organisation du crime international. Pour négocier de nouveau son amnistie ? Au moment où d’autres militants, qu’il connaît et dont il ne peut douter de la fidélité aux revendications de sa communauté, ont décidé de reprendre langue avec le gouvernement malien et de respecter l’intégrité territoriale du Mali, le chef d’Ansar Eddine ne pouvait pas rester silencieux.
Il a choisi le ton de la surenchère. Des observateurs avertis y voient le conseil de ses sponsors. L’ex-rebelle ayant été lui-même menacé de mort par de hauts dignitaires d’AQMI, selon des informations provenant d’ex-membres d’Ansar Eddine. On lui aurait reproché d’avoir un temps voulu combattre le MUJAO. Un groupe qui a revendiqué l’enlèvement des diplomates algériens du consulat de Gao. « Depuis qu’il se sent menacé par sa propre garde rapprochée composée de mercenaires étrangers, Iyad, qui n’ignore rien du rôle de médiateur loyal d’Alger, puisqu’il eut à le constater lors des accords de 2006, craint tout rapprochement avec les Algériens malgré sa volonté de repentir. Au contraire, il s’applique à lui exprimer son hostilité publiquement. En attendant d’autres revirements ou sa neutralisation définitive.
http://www.jeune-independant.net/article371.html
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