Eclairage : Mieux vaut en rire

Par Ammar Zitouni
Rien de plus vivifiant pour le Maroc et souvent plus drôle que la suite des jugements fantaisistes portés à l’encontre de l’Algérie et en rapport avec la question de l’autodétermination du Sahara occidental. 
Des accusations amorties de critiques et d’un refus abrupt à accepter le principe de bon voisinage. Ce type de jugements à couleur d’adversité prouvée, rend les relations encore plus complexes entre les deux pays voisins. Au train où vont les choses, surtout avec la persistance marocaine à cibler l’Algérie à chaque fois que se présente une situation nouvelle en faveur du Sahara occidental, le risque est grand de voir cette intransigeance du voisin conduire aux mêmes erreurs et reproduire le même type et les mêmes formes, natures et surenchères envers l’Algérie.
 
En cours de semaine, le ministre marocain des Affaires étrangères, Mezouar récidive et fait de l’Algérie « la principale partie dans ce différend régional ». »Les Autorités algériennes sacrifient les liens forts et historiques entre le peuple marocain et algérien, hypothèquent l’avenir de la région et prennent en otages les cinq peuples maghrébins. Elles entravent, ainsi, toutes les perspectives d’une coopération fructueuse pour faire face aux nombreux défis de sécurité et de développement auxquels fait face le Maghreb », déplore-t-il. 
Dans sa diatribe à l’encontre de l’Algérie, le diplomate marocain fait totalement dans la myopie et dans le silence complice, pour ne pas dire la vérité: c’est le Maroc qui est en train d’assombrir et de tendre les relations déjà difficiles entre les deux pays. Une seule question à M. Mezouar: Pourquoi son pays a-t-il entrepris de construire une clôture tout au long de sa frontière avec l’Algérie, pour se « protéger des terroristes »? 
Dans ce contexte dominé par le doute et la méfiance et qui n’a pas changé du côté du Makhzen depuis quatre décennies, tout observateur neutre des relations algéro-marocaines souligne l’ampleur des tiraillements du Palais royal. En effet, le mois d’octobre prochain sera marqué par l’exposé devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies de la synthèse de la mission de l’Envoyé spécial du SG de l’ONU au Sahara occidental, relatif aux consultations bilatérales et aux navettes diplomatiques qui étaient dans son agenda. Cet exposé, qui sera présenté en forme de rapport d’observations et de recommandations au Conseil de sécurité, inquiète la diplomatie marocaine. 
Au mois d’avril dernier, dans son rapport sur la situation concernant le Sahara occidental, le SG des Nations-Unies, Ban Ki-moon, rappelle que « l’exposé d’octobre au Conseil donnera l’occasion d’en donner une première évaluation ». Invitant les parties à reconnaître la nécessité urgente de progresser et à dialoguer sérieusement sur les deux questions clés de l’orientation donnée par le Conseil de sécurité: « le contenu d’une solution politique et la forme de l’autodétermination ».Par la même occasion, Ban Ki-moon a demandé à la communauté internationale, et notamment aux Etats voisins et au Groupe d’amis, « d’apporter leur concours à cet effort ».
 
En revanche, il a averti: « Si malgré cela, il n’y a aucun progrès avant avril 2015, le moment sera venu d’inviter les membres du Conseil de sécurité à examiner complètement le cadre qu’il a fixé en avril 2007, pour le processus de négociation ».C’est sans doute cet avertissement onusien qui inquiète le Makhzen. Tout concorde à dire que la tactique marocaine stigmatisant à chaque étape, l’Algérie qu’il considère comme bouc émissaire pour camoufler la colonisation du Sahara occidental, fait dans une opération à noyer la vérité et sa fuite en avant. 
Il est probable que Mohamed VI et ses conseillers, tenteront encore de tirer profit en continuant à s’abriter sur la soi-disant position de l’Algérie: « l’Algérie assumera donc, devant l’histoire, devant les générations futures et devant la conscience maghrébine, la responsabilité de ce blocage ».Le Maroc, à travers cette dégringolade, tient à faire sa propagande en véhiculant l’idée que l’Algérie est une « menace » pour son « intégrité territoriale » et sur laquelle les feux de l’actualité sont braqués. On se perd en conjonctures à Rabat où, si l’on comprend la méfiance légitime du Front Polisario à l’égard du Makhzen, est sérieuse. On commence également à s’apercevoir que le monarque de Rabat ne cherche plus à contribuer en vue de faire bouger les choses, mais plutôt à aggraver la paralysie du processus de négociations, en préférant mettre en accusation l’Algérie de blocage de ce processus. 
A. Z.

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