Vieux rite de l’œil et de l’astre : la nuit du doute. Et vieux débat de l’empire « arabe » mort depuis six siècles : faut-il fêter les cycles du temps ensemble ou selon chaque pays ? Comme avant lorsque la terre était plate ? Ou comme aujourd’hui, alors qu’elle est ronde et donc obligeant à des calculs selon les latitudes ? A l’œil ou à la Nasa ? Comme l’Arabie Saoudite ou comme son propre drapeau et ses propres observateurs ? Vieux termes du monde « arabe » : que faut-il prendre du monde moderne ? Seulement les voitures, les moteurs et pas les libertés ? Ou tout à la fois ? Ou rien comme le préconise le manuel du salafiste pur et du médinois parfait ? D’où la vraie question du monde dit « arabe » : que faire du temps passé entre ce moment, et l’âge d’or ? L’ignorer ? Le comprendre ? L’assimiler ou le combattre ou le remonter ? Tout est dans le nœud du temps : il est mal passé. Le monde dit « arabe » n’a pas tranché s’il faut regarder le temps de face ou de dos, comme a dit un ami chroniqueur. S’il faut regarder la lune avec l’œil ou les chiffres ou un télescope ? La nuit du doute est un doute de dix mille nuits. Le même rite hésitant et bloquant : demain est-ce férié ou actif et ouvrable? Etrange cas où un œil décide d’un pays. La nuit du doute est donc un espace de temps qui dure depuis des siècles. Elle résume la grande question du temps en fixant l’espace, astral. Débat houleux et affligeant sur le salaf et le Khalaf. L’ancien et le contemporain. L’occident en soi et l’Orient en poids.
Et cette nuit du doute, ses rites, vieux débats, polémiques et stériles passions, est la géographie de cet empire « arabe » qui ne veut pas mourir et se décompose si lentement en tuant tellement les gens et le Temps. L’Arabie fete l’Aid lundi ou Mardi ? La Jordanie ? Le Maroc dans la tradition de l’Algérie 1 ? Lybie selon quelle régions et quelle milices ? Ainsi de suite. Traversée, de long et large, par la même hésitation, les mêmes angoisses et les mêmes calcus. Désir de remonter vers les temps où la lune était une. Et de nier le temps où la lune est une chaussure pour l’astronaute américain. Le calcul astronomique est-il une hérésie ou un avancée ? Faut-il manger deux dattes pour le ftour ou trois selon la tradition de l’impair ?
Et ce Doute traverse le débat sur la lune et le croissant, la femme, la terre, le corps, la machine, le verbe, la politique, le voisin, l’espace urbain l’architecture et la sculpture. Tout est frappé par la nuit du doute dans la tête de « l’arabe » qui vit et survit.
A peine colmatée, cette brèche sombre s’ouvre encore plus grande depuis deux décennies. Elle « avale », cette vallée sombre du doute, des milliers de jeunes, des élites, des gens, des pays entiers et des générations. Le Doute bloque et provoque hérésies et sectes et exils et dissidences. Il paralyse l’idée par la croyance et stoppe l’envie de sortir de l’hésitation. Le doute est dans tout. Il est le centre. En gros, la commission de surveillance de la lune ne surveille pas que la lune mais tout chose dans le monde dit « arabe ». Et les réponses, à toutes questions, varient d’une commission à l’autre. Rien n’est tranché. Sauf parfois la tête.
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