Le Maroc actionne ses relais à Bamako pour saboter le dialogue inter-malien parrainé par l'Algérie

Le dialogue intermalien à Alger – juillet 2014
L’information est donnée par les médias aux ordres du Makhzen : le Premier ministre malien Moussa Mara a invité le Maroc à «continuer à jouer de son influence» en vue d’une solution de paix durable et définitive au Mali. 
D’après les mêmes sources, «les autorités algériennes et le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, qui préside l’Union africaine, ont tout fait pour exclure le royaume des circuits d’efforts pour la paix entre le gouvernement de Bamako et les Touareg du Nord-Mali». 
Cette information confirme que les experts ne se sont pas trompés en situant le risque d’obstacle à la réussite de la démarche de paix engagée par l’Algérie dans les tentatives du Maroc de poser des entraves à sa mise en œuvre. Mais ils ont sans doute eu raison, aussi, d’ajouter que ces tentatives sont vouées à l’échec. Le Maroc enrage, encore une fois, devant le succès de la diplomatie algérienne qui va se concrétiser dans la signature d’une feuille de route pour la mise en œuvre d’un cadre de négociation directe entre le gouvernement malien et les organisations armées représentant les communautés de l’Azawad. 
Le statut de chef de file des négociateurs est reconnu et accordé à notre pays dans un processus encadré par l’Organisation des Nations unies, l’Union africaine et l’Union européenne. La diplomatie algérienne est active dans son voisinage et cela ne plaît pas au Maroc qui s’obstine à prêter à notre pays des intentions de positionnement sur l’échiquier africain et, dans ce cas précis, sahélien. A croire que le prestige de l’Algérie serait artificiel et aurait donc besoin d’être valorisé par un activisme diplomatique, comme c’est le cas pour le Maroc. C’est oublier l’histoire des relations entre l’Algérie et ses voisins, et plus largement avec les pays africains. 
L’Algérie a toujours eu une politique active à l’égard du continent et plus particulièrement lorsque se fait sentir le besoin de son intervention, sans ingérence dans les affaires intérieures des pays, comme le dicte son principe de politique étrangère. Le dernier acte en date de cette politique est dans la réunion coprésidée hier à Tébessa par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa, sur les questions sécuritaires, mais aussi les relations bilatérales et en rapport avec le développement. 
Il est évident que le Maroc, lesté par le gros problème de décolonisation du Sahara Occidental qu’il traîne, est fortement handicapé dans sa politique africaine. C’est encore plus vrai maintenant que l’UA a décidé de s’impliquer directement dans le conflit qui oppose le Polisario au Maroc, comme en atteste la nomination de l’ancien président mozambicain, Joachim Chissano, au poste d’envoyé spécial de l’UA pour le Sahara Occidental. Et si le royaume conteste cette décision, c’est moins parce qu’il y voit la main de l’Algérie, ce qu’il avance comme prétexte, mais parce qu’elle confirme l’appréciation de l’instance africaine concernant le caractère du conflit au Sahara Occidental, à savoir un problème de décolonisation.
Kamel Moulfi
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