Règlement de la crise malienne: Rabat veut s’impliquer, Alger dit non

Dialogue intermalien à Alger-juillet 2014
Le dialogue entre les parties au conflit inter-malien +, parrainé par l’Algérie, renseigne de l’existence d’un conflit d’influences entre Alger et Rabat dépassant la question du Sahara occidental pour s’étendre au cœur de la région du Sahel, devenue ces dernières années une question préoccupante pour les grandes puissances.
En dépit de son insistance de participer au dialogue parrainé par Alger entre les parties au conflit malien et même en tant qu’observateur, l’espoir du Maroc, invité par le président malien, Ibrahim Keita à prendre part aux efforts de médiation, semble s’évaporer après la levée de son nom de la liste des délégations qui participeront au sommet d’Alger qui devrait prendre fin avant la fin du mois prochain.
En vérité, ce n’est pas pour la première fois que Rabat cherche à s’impliquer en tant que médiateur dans la crise malienne, mais l’influence d’Alger dans la région du Sahel ne lui a donné aucune chance. Le motif des autorités algériennes pour écarter Rabat selon un important responsable au ministère des Affaires étrangères, c’est bel et bien le fait que le Maroc ne partage pas de frontières avec les pays du Sahel. Malgré cela, il tente de faire croire que le territoire du Sahara occidental est une partie du Royaume chérifien.
Pour réduire un tant soit peu l’impact du refus de sa participation aux négociations au sujet de la crise inter-malienne, le Maroc envisage de renforcer ses liens avec les pays de la région, en l’occurrence le Mali où en plus de l’arrivée à la capitale Bamako d’un groupe de 400 sur 500 imams ayant reçu une formation au Maroc, 200 soldats maliens auraient également rallié Rabat pour bénéficier d’une formation entrant dans le cadre d’un accord portant sur la formation de 600 soldats maliens.
Durant la période de formation, les imams ont eu droit à des cours les incitant à éviter l’intégrisme, tandis que les soldats ont été entraînés sur les techniques de lutter contre le terrorisme au désert, ce qui renseigne fort bien du souhait du « Makhzen » de s’impliquer même de manière indirecte au règlement de la crise malienne. 
Par ailleurs, il y a lieu de rappeler le conflit opposant Alger au Rabat au sujet de l’appartenance de la Tidjania qui compte 200 millions d’adeptes au centre et à l’ouest d’Afrique, notamment au Sénégal et au Mali.
En effet, les deux pays se disputent sa tutelle religieuse et historique, dont Alger se défend en avançant qu’elle soit purement algérienne et ce ne se référant au lieu de naissance du fondateur de la tariqa, à savoir Sidi Ahmed Tidjani né à Aflou à Laghouat, tandis que Rabat souligne que « Tidjani » a reçu sa formation religieuse à Fès.
Force est de souligner que la Maroc a nettement renforcé sa présence en Afrique grâce à sa compagnie aérienne « RAM » (Royal Air Maroc) assurant des dessertes vers de nombreux pays africains et sa fusion avec Air France ainsi que grâce au marché de télécommunications dont « Maroc télécom » est présent en force au Mali après avoir racheté « Malitel » et d’autres entreprises à la Côte d’Ivoire et en Mauritanie… Ce sont là d’importants facteurs contribuant à avoir plus d’influence, surtout si l’on rajouté que Rabat compte créer une ligne de fibre optique le reliant à l’Afrique de l’Ouest tandis que le projet de route transsaharienne reliant l’Algérie à Lagos (Nigéria) annoncé par Alger traîne encore.

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