A tous ceux qui ont été prompts à voir dans le Mouvement des Non-Alignés, le caprice d’une nostalgie dépassée à peine servant à bercer les illusions de grandeur des années soixante-dix quand l’Algérie avait une place de choix dans le concert des nations, il convient quand même d’apporter non pas la contradiction mais quelques correctifs.
D’abord l’unipolarité longtemps imposée par les Etats- Unis depuis la chute du mur de Berlin, n’est plus de mise et depuis la Chine «s’est éveillée» pour reprendre la formule célèbre d’un intellectuel français (Alain Peyrefitte) et la Russie a réussi à sortir de la mélasse dans laquelle l’ont laissée Gorbatchev et Eltsine, principaux fossoyeurs du bloc de l’Est.Aujourd’hui, il faut reconnaître qu’elle a son mot à dire au point de faire tergiverser M.Obama qui s’est contenté de menaces à peine prises au sérieux au sujet de la Syrie, notamment, et de l’Ukraine.
Il y a une quinzaine d’années, George Bush se serait rué sur la Syrie et lui aurait réglé son compte en quelques semaines, laissant une guerre civile sur un champ de ruines comme en Irak. Sauf que Obama sait qu’il ne peut engager ses troupes dans une telle expédition qui tournerait au désastre parce que la Russie de Poutine a repris du poil de la bête et que la Chine a son mot à dire, le tout sur fond de ressources naturelles à contrôler – d’où, soit dit en passant, cette mascarade de Boko Haram qui enlève des lycéennes pour réaliser un coup médiatique alors que l’enjeu principal reste le contrôle du pétrole nigérian. Pour dire que l’histoire semble avoir repris le cours qu’elle a cru laisser dans les années quatre-vingt dans l’enthousiasme général du libéralisme avant de se rendre compte qu’en définitive, la fracture est plus grande entre les détenteurs du capital financier et les très nombreuses «masses déshéritées» pour reprendre l’expression chère à un philosophe qui revient à la mode. Comme les Non- Alignés.
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