Son tort est d’être sur la route de la drogue marocaine vers le Sahel
Alors que s’ouvre à Alger une réunion de haut niveau de soutien au dialogue inter malien pour le règlement de la crise dans le nord du Mali, tout près, la capitale du M’zab, Ghardaïa n’en finit pas de panser ses blessures et de sécher ses larmes.
Une violence d’une rare intensité s’est installée à Ghardaïa depuis le début de l’année. Malgré les appels au calme et les multiples tentatives d’asseoir la paix, cette ville est aujourd’hui la proie des groupes terroristes qui ne veulent rien lâcher et n’entendent céder aucun pouce. Ces groupes anonymes, usant de subterfuges, ont réussi à jouer pour le compte d’autres groupes de criminels et autres narcotrafiquants le rôle de tête de pont. C’est ce que ne cessent d’affirmer les notables de la vallée du M’Zab depuis un très bon moment.
Tout le monde passe sous silence ce que vit Ghardaïa, car cette ville a le malheur de se trouver sur la route de l’acheminement de la drogue marocaine vers le Sahel et le Moyen-Orient. Personne n’a encore rien vu. Rien entendu. Rien suspecté. La situation de la ville peut l’expliquer. Pour les chefs terroristes, c’est le terrain de jeu rêvé: faire passer des cargaisons de trafic de tous genres pour de simples livraisons commerciales. Tout cela dans l’ambiance discrète, autrefois respectée et prise en exemple.
Pour ses habitants, l’heure est à la reconstruction, psychologique surtout. Les crises et les crimes se sont succédé. Aujourd’hui, Ghardaïa veut aller de l’avant. Oublier le chaos de ces derniers mois sera difficile, mais la vallée du M’zab a la foi, l’espoir et la conviction qu’un jour, elle redeviendra la ville qu’elle a toujours été, calme et pacifique.
Le collectif des Mozabites en Europe a, dans un communiqué signé avant-hier par son coordinateur Abdallah Zekri, mis le doigt sur ce phénomène de contrebande de la drogue. Selon ce collectif, l’Etat doit réagir en y mettant tous les moyens nécessaires, avant de dénoncer «le désordre, les assassinats et l’impunité qui règnent en maîtres et le M’zab, connu pour sa vocation touristique, devient une nouvelle zone de transit pour les narcotrafiquants», dit-il. Il se demande si ces mêmes narcotrafiquants qui financent le terrorisme au Mali «auraient le droit de jouissance au M’zab ? «. «L’instabilité est devenue la principale caractéristique dans la région du M’zab depuis ces 8 derniers mois (assassinats, pillages, maisons et commerces incendiés)», souligne ce collectif, tout en demandant à savoir ce qui se passe réellement dans cette région. «Sommes-nous en train d’assister à la sahélisation de la vallée du M’zab ?» s’interroge-t-il.
«Faux barrages, attaques meurtrières, saccages de lieux historiques, Ghardaïa serait-elle devenue Tombouctou ? Si oui, a-t-on pris la décision d’abandonner cette région pour protéger seulement le nord du pays ?» se demande encore le collectif qui espère un règlement rapide de la crise.
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