Par Ammar Zitouni
Pour faire face à la permanente agression dont il fait l’objet de toute part, le monde arabe doit se réveiller de son sommeil, il y a des risques qu’il doit oser prendre pour sa propre survie. Toutes les vérités, aussi dures soient-elles à avouer à une nation, aussi grande que cette Oumma qui mise sur ses propres efforts, ont été toujours dites inversement. Il en est ainsi de la Ligue arabe et de la Conférence islamique, du Golfe ou encore l’UMA qui ne peuvent, dans la conjoncture internationale actuelle, faire un retour aux sources et causes premières de leur naissance. La situation très dangereuse que traverse les pays arabes en particulier et l’humanité en général, échappe à ses organisations dominées d’un bout à l’autre par des divergences entre Etats membres.
Le colonialisme, l’impérialisme, le terrorisme, les idéologies politiques et religieuses en vogues sont à l’origine de ces contradictions qui rongent la Oumma de plus en plus soumise à l’influence terroriste et aux caprices de l’intervention étrangère, notamment là où le sous-sol regorge de pétrole et de gaz. C’est que jamais, sans doute, les risques d’une conflagration générale dans la zone MENA n’ont été aussi grands. Aujourd’hui, en effet, et tous les observateurs, l’ont soutenu, l’engagement agressif d’Israël dans la bande de Ghaza, les fortes crises que vivent la Syrie, l’Irak et la Libye, la pérennité du conflit du Sahara occidental, la déstabilisation en continu de la région subsaharienne, la recrudescence du terrorisme et un peu plus loin la crise en Ukraine placent le monde au bord de la catastrophe. En effet, à qui profite cette catastrophe, si ce n’est à ce nouvel impérialisme du XXIè siècle? Qui « couve » et soutien les conflits internes dans chaque région du monde, en particulier dans le Monde arabe et en Afrique. Qui est derrière, et même devant, depuis peu, les mercenaires-terroristes en Syrie et en Irak, la rébellion au Nord du Mali et tout près de nous, le roi du Maroc contre le peuple sahraoui en lutte pour son droit reconnu à l’autodétermination? A qui profite l’invasion israélienne dans la bande de Ghaza? Qui, enfin, arme et finance l’Etat sioniste pour la réalisation de sa politique d’annexion?Questions multi ples, mais unique réponse qui suppose une adaptation, une nouvelle stratégie pour les Etats arabes. Adaptation de la Ligue arabe et de la Conférence islamique à cette crise, au rapport de forces, aux tensions et aux conflits actuels et qui découlent d’une véritable politique d’agression et de violence se caractérisant par l’alimentation effective et directe de conflits internes, et surtout par la constitution de coalitions stratégiques pour accroître la domination et l’exploitation des peuples et tenter en singulier de briser la lutte du peuple palestinien pour son indépendance et l’autodétermination de son Etat souverain. Face à cette lamentable situation grotesque géostratégique, le monde arabe, ses dirigeants et ses regroupements sont loin de prendre conscience à ce qui arrive ; conséquence de ces graves répercussions de la nouvelle stratégie adoptée par les grandes puissances. A présent, il est temps à ce que la Ligue arabe et la Conférence islamique en tirent les conséquences qui s’imposent. La première est le renforcement de l’Autorité palestinienne à travers le Fatah et le Hamas, la prise en charge effective de la cause de ce peuple et enfin la recherche inter-arabe de solutions à la crise en Syrie, Irak et Libye. Sur ce plan, et pour s’y faire concrètement, on devrait écarter les éléments de divergences tout à fait réels compte-tenu du large spectre que forment à la fois l’impérialisme, le sionisme et le terrorisme pour insister sur ce qui doit unir, surtout que Tel-Aviv fait converger ses feux sur la bande de Ghaza. Dans ces conditions, le peuple palestinien dans son ensemble, s’apprête à affronter une période « sombre » au cours de laquelle il aura surtout à souffrir des contradictions arabes qui menacent de faire éclater bien des consensus fragiles.
A. Z.
La Tribune des Lecteurs, 15/07/2014