Par Madjid Bendaïkha
Le Maroc se débat dans une crise économique grave. Cette situation a eu pour effet immédiat l’émergence d’une crise politique. Voilà quelques mois, le Makhzen avait voulu faire réagir les Autorités algériennes, en faisant mine d’ériger un mur tout au long des frontières avec l’Algérie, en réponse à la réalisation de tranchées du coté algérien. Le ministère des Affaires étrangères algérien est resté de marbre : le Maroc étant libre de réaliser les travaux qu’il désire sur son territoire. Pour rappel, les instances marocaines avaient ouvert les hostilités diplomatiques, dès que l’Algérie avait entamé le creusement des tranchées pour sécuriser ses frontières devenues une passoire exploitée par des trafiquants de drogue. Pour rappel, le royaume chérifien figure parmi le plus grand producteur de drogue dans le monde. Voilà quelques jours et en plein mois de ramadan, un mois de piété, le ministre des Affaires étrangères marocain est monté au créneau pour s’attaquer, encore une fois, à l’Algérie. En effet, Salahedine Mezouar a ouvertement déclaré : » notre conflit aujourd’hui est avec l’Algérie est non avec le Polisario « . Le 23 juin dernier, le Premier ministre en personne s’en prenait encore à son seul voisin de l’est. Connu pour ses déclarations incendiaires, M. Benkirane affirmait : » l’Algérie refuse d’ouvrir les frontières, car les autorités craignent de découvrir l’autre côté : un pays prospère, et stable contrairement à l’image qu’elle présente aux Algériens « . En réalité, toutes ses attaques sont les preuves que le Maroc n’a plus d’alliés fiables et prêts à le soutenir contre vents et marées. Lors de sa visite en Algérie, l’ex Premier Ministre français Jean-Marc Ayrault avait signé un mémorandum, faisant clairement référence au » droit du peuple sahraoui à l’autodétermination « . C’est un grand revers pour le Maroc dont le Roi en personne, prend le bâton de pèlerin pour essayer de convaincre certaines capitales africaines, de se joindre à son point de vue. Il visitera 6 capitales africaines pour tenter de sortir son royaume de l’isolement : le Maroc s’est retiré de l’OUA. Le jeune souverain voulait jouer dans la cour des grands, en devenant un acteur incontournable dans la gestion du conflit du Sahel. Juste après l’Election présidentielle, Ramtane Lamamra, s’engage alors et effectue un long périple africain. Les partenaires concernés par le conflit au SAHEL ont fini par conclure que le Maroc ne fait pas partie géographiquement de cet espace. Rabat tenait à être un acteur dans ce conflit, car s’il était reconnu comme tel et cela prouverait que les instances internationales lui reconnaissent la souveraineté sur la Sahara occidental, qui a ses frontières avec le Sahel. Voyant que le vent tourne en sa défaveur le Makhzen tente de justifier ses déboires en accusant Alger, dont la position n’a pas changé depuis le début du conflit, voilà plus de 40 ans : le droit à l’autodétermination de tout peuple colonisé. Le Sahara occidental était une colonie espagnole. Quand les forces espagnoles avaient quitté cette région, le Territoire a été partagé entre le Maroc et la Maurétanie, qui a fini par abandonner la partie qui lui a été cédée. Un royaume qui accepte de partager une partie de son territoire occupé avec un autre pays, cela parait déjà incongru. Alors que le Maroc s’acharne à soumettre un peuple fier (les Sahraouis), des enclaves marocaines (Ceuta et Milia) sont toujours occupées par l’Espagne. Un ancien diplomate français n’avait pas hésité à qualifier le Maroc de : « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux, mais qu’on doit défendre ». Cette comparaison n’avait fait réagir aucun responsable politique marocain. Le coup a été encaissé en silence et pour sauver sa face, le Maroc avait officiellement protesté. Evidemment que les politiciens du Maroc n’avaient pas osé des attaques comme celles qu’ils réservent à leur vision. Tahar Benjelloun avait interpellé le Président français François Hollande : » Pouvez-vous traiter l’Algérie de maitresse » ? La réponse, le grand écrivain marocain, il la connaît. Ce qu’il ignore par contre, c’est qu’un homme agit comme tel et ne doit en aucun cas demander aux autres pourquoi on respecte plus un autre Etat : la réponse est claire.
M. B.
http://www.tribunelecteurs.com/fichier/15_7_2014/algerie.html