par Moncef Wafi
Salaheddine Mezouar, le ministre marocain des Affaires étrangères, et accessoirement président du Rassemblement national des indépendants (RNI), allié contre-nature des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), dans le second gouvernement d’Abdelilah Benkirane, s’est de nouveau illustré en qualifiant, diplomatiquement, l’attitude d’Alger sur le dossier du Sahara Occidental de «minable». Celui-là même qui s’est fait humilier à l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle en se voyant obligé d’enlever veste, chaussures, chaussettes et ceinture, a de nouveau effectué un dérapage contrôlé en accusant l’Algérie d’être à l’origine de la récente désignation d’un envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour le Sahara Occidental.
Du déjà vu dans la politique du Makhzen qui fait une fixation sur Alger qu’elle attaque à chaque fois que la communauté internationale se prononce sur le dossier sahraoui. Le chef de la diplomatie marocaine affirme que «l’Algérie utilise tous les moyens financiers et logistiques pour contrecarrer les efforts du Maroc visant à trouver une résolution» à cette question, lors d’une audition publique devant une commission parlementaire. Mais plus grave encore, il estime que son pays n’est pas en conflit avec le Polisario «mais avec l’Algérie». Une déclaration à la limite d’une déclaration de guerre, pas que seulement froide, dans la pure lignée des appels à l’annexion des villes algériennes lancés par des extrémistes marocains à l’image du parti nationaliste de l’Istiqlal dont le secrétaire général, Hamid Chabat, a souhaité une offensive militaire pour récupérer Tindouf et Béchar, «des territoires marocains colonisés par l’Algérie».
Peut-on alors parler d’une nouvelle escalade de nos voisins dans leur guerre des mots contre l’Algérie ou d’une énième tentative de faire diversion dans un dossier depuis longtemps entre les mains de l’organisation onusienne ? Ce n’est pas la première fois qu’Alger est attaquée directement, et certainement pas la dernière, puisqu’on se rappelle qu’en janvier dernier, un site électronique marocain rapportait un refoulement de réfugiés syriens de l’Algérie vers le Maroc où ils ont été accueillis. Alger avait démenti formellement en accusant Rabat d’avoir d’abord expulsé en premier lieu ces mêmes réfugiés. Alger avait évoqué sans ambages une énième provocation du voisin chérifien et convoqué l’ambassadeur du Maroc en Algérie en réponse à une démarche similaire de Salaheddine Mezouar.
Cette nouvelle agression gratuite, alors que le dossier de la profanation de l’emblème national dans l’enceinte consulaire algérienne à Casablanca n’est pas clos, suggère une crispation des relations voulue par le Makhzen. L’Algérie avait condamné derechef ces pratiques devenues, ces dernières années, courantes et note, désarmée, que malgré toutes les promesses marocaines de mettre fin aux agressions médiatico-politiques, le scénario est toujours le même. Le royaume qui souffle le chaud et le froid dans ses relations avec l’Algérie, ne rate en effet aucune occasion pour dénigrer cette dernière, n’hésitant pas à tomber dans la surenchère et les montages grossiers.
Si Alger préfère ignorer pour le moment ces attaques verbales et ces campagnes médiatiques, il est temps, pourtant, qu’elle y mette fin d’une façon ou d’une autre, quitte à mettre entre parenthèses ses relations diplomatiques avec Rabat. Ces insinuations, même stériles, touchent à la fierté nationale et les Algériens n’arrivent pas, parfois, à trop saisir les nuances diplomatiques qui veulent qu’Alger ne réponde pas dans l’immédiat et en utilisant les mêmes termes contre ces attaques. Des déclarations à la limite du supportable et même si la diplomatie a ses limites, il est temps de restaurer la dignité de l’Algérie et des Algériens dans le monde.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5200510
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