Mohamed VI, la tête contre le mur

Acculé par des événements successifs à divers niveaux et régions du monde ayant trait à la politique promue par le roi Mohamed VI et les pratiques du Makhzen et de hauts responsables au royaume chérifien, la teneur, la pertinence et l’impact de ces événements sont tels que le royaume peine à y faire face. 
Outre la plainte dépo- sée par l’ex-capitaine Abid contre le roi Mohamed VI et le général Abdelaziz Bennani, à Paris, il est aussi question de la décision récente de la Cour Suprême d’Espagne de poursuivre l’en- quête sur l’assassinat, en novembre 2010, de Baby Hamdi Boujemaâ, suite au démantèlement du Camp de Gdeim Izik, à Al-Ayoune, ville sahraouie sous occupation marocaine. 
À cela s’ajoute l’impact de la déclaration émise, vendredi, par la ministre d’État britannique chargée de l’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et de l’Asie centra- le, la baronne Warsi, relative à la question des droits de l’Homme au Sahara occidental. 
Dans sa réponse au nom du gouvernement à la question du Lord indépendant, John Stevens de savoir les efforts consentis par Londres pour amener le Maroc à respecter ses engagements internationaux en matière des droits de l’Homme au Sahara occidental, elle affirme que la question fut abordée avec les responsables marocains. 
La baronne Warsi a précisé, à ce propos, qu’Hugh Robertson,ministre d’État, chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a évoqué avec les autorités marocaines, lors de sa visite en mars dernier à Rabat, «la question du respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés», a-t-elle indiqué. Aux enquêtes judicaires, de Madrid à Paris, aux déclarations politiques conséquentes à l’exemple de celles de la baronne Warsi, au regard des atteintes par Rabat des droits de l’Homme des sahraouis dans les territoires du Sahara occidental, encore sous occupation marocaine, s’ajoute en outre les rapports d’institutions internationales sur l’intensification de la production de la drogue au royaume Chérifien.
À titre d’exemple,le rapport de l’organisme de l’ONU, lequel document tire la sonnette d’alarme quant aux quantités de résine de Cannabis (haschich) et de drogue produits et exportés par le Maroc,détrônant ainsi l’Afghanistan qui occupait jusque-là la première place. Le Rapport mondial de l’Office des Nations unies pour la drogue et le crime (ONUDC) émis, pour rappel en juin der- nier, classe le Maroc au premier rang au niveau mondial, pour sa production et son exporta- tion de résine de cannabis (haschich). Le même document onusien fait état, par ailleurs que le royaume chérifien « dis- pose » de la superficie de cultu- re de cannabis « la plus impor- tante mondialement ». C’est sur une superficie de 47 500 hectares que s’étale la culture
du cannabis au Maroc, précise le rapport de l’ONUDC, superficie la plus importante mondialement contre 12 000 hectares en Afghanistan, est-il souligné dans le document onusien. Les rédacteurs du rapport ont mis en exergue en outre, leurs inquiétudes quant aux conséquences gravissimes de la production et de l’expor- tation de résine de cannabis par le Maroc sur les « pays vulné- rables», ont-ils averti. Prévenant par ailleurs que le marché de la drogue est l’un des principaux facteurs qui «alimente l’insta- bilité économique et politique dans le monde». Par ailleurs, le roi Mohamed VI et le Makhzen ont été for- tement bousculés, pour rappel, il y a de cela près de trois mois, par la justice française, laquelle avait souhaité entendre, le chef du contre-espionnage maro- cain, en déplacement à Paris, pour une autre enquête judi- ciaire. Laquelle avait trait, rap- pelons-le, à la torture par Rabat de militants sahraouis des terri- toires du Sahara occidental encore sous occupation maro- caine et des détenus politiques sahraouis dans les geôles de l’occupant marocain. La portée de la décision précitée de la Cour suprême de l’Espagne de poursuivre son enquête sur l’as- sassinat du défunt,Baby Hamdi Boujemaâ, s’appuie sur une base juridico-politique, relevant du droit international. L’Espagne, à ce propos, conti- nue d’être la puissance admi- nistrante du Sahara occiden- tal, selon les résolutions onu- siennes et la commission de l’ONU en charge des questions politiques et des territoires non-autonomes, soumis à l’exercice du droit à l’autodé- termination du peuple du Sahara occidental. Le juge Pedro Rubira considère, dans ce cadre, que le Maroc « n’est pas compétent » pour mener l’enquête sur une affaire qui a eu lieu en dehors du territoire sous la juridiction marocaine. Acculé par l’en- semble de ces questions, le Maroc, s’est illustré encore une fois, dans sa répression féroce des sahraouis dans les terri- toires occupés du Sahara occi- dental, cette fois-ci non pas parce qu’ils revendiquaient l’application du référendum d’autodétermination. La répression des forces de sécuri- té marocaines, à ce propos, s’est manifestée brutalement, contre les sahraouis, durant la soirée de dimanche dernier, qui sont sortis à l’instar des frères et sœurs des autres pays arabes, pour exprimer leur joie après la victoire triomphale de l’équipe algérienne contre celle de la Corée du Sud (4-2) au Mondial du Brésil. Le coloni- sateur marocain a été, encore une fois sur la même longueur d’onde que son similaire en Palestine, en l’occurrence l’oc- cupant israélien. Les deux sys- tèmes coloniaux se sont achar- nés, l’un contre les sahraouis et pour le second, Israël, contre les Palestiniens. Un autre fait que partagent les deux sys- tèmes coloniaux, outre le mur israélien séparant la Palestine et celui érigé par le Maroc qui sépare le Sahara occidental. 
Karima Bennour
Le Courrier d’Algérie, 25/06/2014 

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