Le champion du monde marocain de kick boxing Zakaria Moumni, un cas jugé emblématique en France du non- respect des droits de lHomme au Maroc, a saisi le secrétaire général de lOnu Ban Ki-moon sur «linjustice extrêmement grave» dont il dit avoir été victime dans son pays, dix-huit mois durant.
«Je me permets de vous envoyer ce courrier suite à votre entretien téléphonique avec le roi du Maroc, Mohammed VI. Je souhaite en effet évoquer linjustice extrêmement grave dont jai été la victime au Maroc de la part du pouvoir marocain», écrit-il dans une lettre adressée au responsable de lOnu et dont lAPS a reçu lundi une copie.
Tout en se disant «trahi» par son pays, lathlète marocain, qui affirme avoir été arrêté, séquestré et torturé au Maroc en 2010 avant dêtre gracié en 2012, attire lattention de M. Ban sur des pratiques dun «autre âge». «Je ne peux fermer les yeux sur ces méthodes dun autre temps. Et surtout je ne tolère pas que le roi (Mohamed VI, ndlr ) ose dire que les droits de lHomme sont respectés dans son royaume alors que ses hommes proches sont à lorigine des tortures quun citoyen de son pays a subies et quil ferme les yeux sur mille autres pratiques détestables», a-t-il dénoncé.
Tout en affirmant ne pas vouloir quun autre citoyen marocain subisse ce quil a enduré pour avoir osé sexprimer et pour défendre ses «droits légitimes», Zakaria Moumni, qui vit, depuis, en France avec son épouse, dit avoir «confiance» en le secrétaire général de lOnu et dans «lengagement très fort» de son administration en faveur du respect des droits de lhomme, souhaitant son soutien dans un «combat pour que de tels actes ne se reproduisent plus».
Selon son récit, lathlète marocain a «chèrement payé» le fait davoir exprimé publiquement ses revendications et griefs à légard du palais royal qui, à ses yeux, na pas respecté les engagements pris envers les sportifs de haut niveau (décret royal n°1194-66 en date du 9 mars 1967) qui ouvre le droit à chaque athlète titré champion du monde dobtenir un poste de conseiller sportif au sein du ministère marocain de la jeunesse et des sports.
Tout en rappelant que ce poste ne lui a jamais été accordé, il juge son cas «symbolique de pratiques scandaleuses» dans son pays, alors que le roi, souligne-t-il, a affirmé à plusieurs reprises son engagement pour le respect des droits de lHomme en signant plusieurs conventions internationales. Tout récemment, Zakaria Moumni condamnait ce quil a qualifié de «campagne de diffamation» à son encontre dans son pays, le présentant comme un «escroc».
Le 21 février dernier, ses avocats, Me Patrick Baudouin, président dhonneur de la FIDH (Fédération internationale des Ligues des droits de lHomme), et Me Clémence Bectarte, avaient déposé une plainte en son nom auprès du procureur du Pôle spécialisé Crimes contre lHumanité/ Crimes de Guerre du Tribunal de Grande Instance de Paris visant le patron du contre-espionnage au Maroc, Abdellatif Hammouchi, pour torture.
De nombreuses associations de Défense des droits de lHomme internationales ont condamné les pratiques de tortures quil a subies, le procès «inéquitable» et «lemprisonnement arbitraire» dont il a été victime, à linstar de la FIDH, Human Rights Watch, Amnesty International, lAMDH et lASDHOM.
http://lecourrier-dalgerie.com/affaire-zakaria-moumni-lathlete-marocain-saisit-ban-ki-moon/
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